Abderrahmane Djellal, adjoint à la ville de Grenoble en charge de l’ESS, de l’insertion et de la formation professionnelle
Elu de la majorité municipale depuis 1994, Abderrahmane Djellal porte la délégation à l'ESS, à l'insertion et à la formation professionnelle depuis les dernières élections en 2008. Il nous présente ici l'action de la ville pour développer l'économie sociale et solidaire grenobloise.
Quelle place occupe l'ESS dans les politiques municipales ?
A Grenoble, l'ESS, c'est près de 15% des emplois. Une délégation dédiée à l'ESS est en place depuis 2002. Nous consacrons cette année un budget de 160 000 euros au développement de ce secteur dont nous voulons avant tout être un des acteurs. L'économie sociale et solidaire se renforce, le secteur est plus visible, mieux inséré dans la vie économique locale. Par exemple, dans le cadre de nos politiques de développement économique nous avons confié la gestion et l'animation des pépinières d'entreprises à un acteur de l'ESS, La Pousada. Le secteur doit irriguer la société de ses bonnes pratiques, notamment celle qui vise à faire des usagers, des acteurs des services qu'ils utilisent. Un des enjeux pour nous est de toucher et de sensibiliser un public plus large notamment celui des quartiers populaires.
Quel était l'objectif de la ville quand elle a fortement soutenu YESS !, un événement pour populariser l'ESS auprès du grand public ?
En prenant appui sur le travail d’animation locale à l’œuvre depuis plusieurs années, YESS ! constituait un temps fort de l’ESS au mois de septembre. La manifestation avait pour ambition, le temps d’un week-end, de montrer l’ampleur et la diversité du secteur en touchant un nouveau public, au-delà des cercles et des réseaux déjà sensibilisées. L’idée forte de la manifestation, portée par ses organisateurs coordonnées par Alpesolidaires, a été de présenter l'ESS à travers l’offre de biens et de services des structures regroupées par thématiques (alimentation, logement, culture, travail, environnement, éducation...). Cette offre du secteur répond aux besoins des habitants sur le territoire ainsi qu’aux préoccupations sociales et environnementales grandissantes. Une part importante du budget était consacrée à la communication ce qui est plutôt inhabituel pour le secteur.
Quel bilan tirez-vous de cette manifestation ?
Pour une première édition, YESS ! a été un succès à la fois par la mobilisation des acteurs et par l’engouement plutôt inattendu du public. Près de 150 structures de l'ESS locale se sont mobilisées et ont travaillé à la conception d’un programme attractif apte à intéresser le grand public. Pour certains thèmes, tels que le logement social, l’insertion, le pari n’était pas gagné d’avance. Et les grenoblois ont répondu présent : près de 20 000 personnes se sont déplacées sur le week-end, dont 6 000 pour un concert gratuit le samedi soir. Le choix d’une communication forte a porté ses fruits. Le public était diversifié et dépassait le public habituel de ce type d'évènements. C'est là un effort qu’il faudrait poursuivre pour aller davantage en direction des publics et des habitants des quartiers de la ville.
Quelles sont vos priorités pour les mois à venir ?
Aujourd'hui, on assiste à une montée en puissance des valeurs portées de longue date par l'ESS, et en l'absence d'une véritable politique nationale de soutien, c'est aux collectivités locales d'appuyer ce développement. Nous allons poursuivre nos actions de soutien au secteur notamment en portant une attention particulière au développement des coopératives. Nous souhaitons également poursuivre le travail partenarial avec la région Rhône-Alpes et l'agglomération grenobloise, l'effet levier et la cohérence de nos interventions sont ainsi renforcés. Il est important d'offrir une plus grande lisibilité aux porteurs de projets ESS et cela passe par une encore plus grande coordination de nos politiques. Au-delà de nos territoires, le rôle de réseau comme le RTES est essentiel pour coordonner nos politiques, échanger nos bonnes pratiques et porter une parole forte.