Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

AMOS Mérignac
Publié le 10 décembre 2016 - mis à jour le 21 février 2019

Amos, la mode solidaire en circuit court

Implantée à Mérignac, Amos est une entreprise d'Insertion par l’Activité Économique, qui collecte des vêtements, les trie, et les revend. Créée en 1994, l’entreprise emploie aujourd’hui une petite trentaine de salariés en insertion, 8 permanents, et gère 6 boutiques réparties sur l’agglomération bordelaise. Entretien avec Nathalie Lacoste, directrice d’AMOS.

Comment est née AMOS ? Amos a été créée par le Secours Catholique et l'Entraide Protestante en 1994, dans l'idée d'agir en amont de leurs missions d’action sociale : salarier les personnes en insertion le temps de leur passage à Amos, et les accompagner vers l’emploi durable, pour qu’on ne les voit plus au Secours Catholique ou à l’Entraide Protestante. Une étude de marché a été réalisée et a montré qu'il y avait un créneau sur le secteur de la collecte, du tri et de la revente de textile.

Implantation des conteneurs d’AMOS - Mérignac.pngQue peut-on trouver dans vos boutiques ? Des vêtements principalement, mais aussi du linge de maison, des accessoires, des chaussures… Selon les boutiques on trouvera aussi des articles différents : par exemple notre dernière boutique, implantée dans un quartier étudiant, ne vend que des fripes « vintage » pour la femme. Une autre, située dans un quartier aisé, concentre tous les articles de marque de luxe que nous vendons. D’autres boutiques qui se trouvent près d’écoles, sont orientées « articles pour la femme, l’enfant et le bébé »...

D’où vous est venue l’idée de « thématiser » vos boutiques ? Dans le cadre du réseau Tissons la solidarité [6], auquel nous sommes adhérents, des étudiants de l'Institut Français de la Mode sont venus effectuer un stage chez Amos il y a quelques années. Cela a provoqué de très belles rencontres, entre des personnes issues de 2 mondes qui ne se connaissent pas, et cela a aussi déclenché une réflexion au sein d'Amos : comment mieux cibler notre clientèle, mieux valoriser ce que l'on vend, et mieux valoriser le savoir-faire des salariés ? Cette réflexion est toujours d’actualité, nous cherchons toujours à innover et à mieux cibler. C’est comme ça qu’on a testé l'année dernière le concept de vente au kilo, qui a très bien marché.

Quels sont les métiers qui font tourner l’entreprise ? Nous sommes 8 permanents (1 conseillère en insertion professionnelle, 2 secrétaires, une directrice et 4 postes d’encadrement) pour une trentaine de salariés en insertion : 17 vendeurs (qui sont surtout des vendeuses), 6 à 8 agents de tri, et un chauffeur-livreur. Dans un souci de faire découvrir d’autres métiers et d’autres contextes aux salariés en insertion, nous avons développé les immersions en entreprise. D’une durée moyenne de 15 jours, elles ont lieu dans des secteurs variés (vente, restauration, service à la personne, gestion des stocks, mécanique…), au sein d’un petit réseau d’entreprises locales avec qui nous avons construit des relations de confiance. Parfois, ces immersions donnent lieu à des embauches.

Menez-vous d’autres actions d’insertion ? Oui, le but reste d’accompagner les personnes vers un emploi durable, au-delà du passage chez Amos. Nous proposons des ateliers collectifs (marathons pour l’emploi, simulation d’entretiens de recrutement…), un accompagnement socio-professionnel avec la conseillère en insertion professionnelle et avec le soutien de structures spécialisées. Nous travaillons en partenariat avec le PLIE (Plan local d’insertion par l’emploi) par lequel beaucoup de nos salariés sont accompagnés, le service emploi de la ville de Mérignac et les services économiques des villes de Mérignac et Bordeaux. Nous rencontrons également tous les 3 mois les réseaux de l'insertion économique dans le cadre des Comités Techniques d'Animation organisés par Pôle Emploi. Nous disposons ainsi d’un réseau de partenaires avec qui nous pouvons travailler en confiance. Nous proposons aussi des formations internes- pour la prise en main du poste - ou externes, et un accompagnement à l’apprentissage du français par une équipe de bénévoles. Dans l’idéal, on aimerait aller un jour jusqu’à la certification des compétences, savoir-faire et savoir-être acquis chez nous... mais chaque chose en son temps ! Quels sont vos liens avec les collectivités ? Amos compte parmi ses partenaires plusieurs collectivités territoriales. Sur le plan de son activité économique tout d’abord pour l’implantation de ses bornes de collecte, pour la recherche d’un local de stockage ou de boutique… Sur le plan de son activité sociale et environnementale, Amos sollicite ou est sollicitée pour participer aux actions développées en direction des citoyens (collecte dans les écoles, participation au forum emploi de la commune), pour entrer en relation avec les entreprises du territoire ou encore pour le suivi des demandeurs d’emploi d’une commune (dans le cadre d’une convention de partenariat par exemple). Amos s’appuie également sur les outils de communication de ces collectivités (journal municipal, site, annuaire d’entreprises…). Actuellement, les communes de Mérignac et de Bordeaux apportent un soutien financier annuel, tout comme le Conseil départemental au titre de l’accueil de bénéficiaires du RSA socle en complément de l’aide au poste en Contrat à Durée Déterminée d’Insertion de la Direccte. Enfin, le Conseil Régional Nouvelle Aquitaine et Bordeaux Métropole financent une partie du projet actuel de rénovation de notre local de tri (aide à l’investissement).

Vêtement dans une boutique AMOS - Mérignac.pngD’où vient le textile que vous collectez et que faites-vous de ce que vous ne pouvez pas vendre ? Nous collectons les vêtements déposés dans les 35 conteneurs répartis sur Mérignac, Bordeaux, Saint-Médard-en-Jalles et Le Taillan [7]. Nous recevons aussi des dons directement au siège d’Amos, et nous récupérons des invendus auprès des commerçants. Il nous arrive également de réaliser des collectes exceptionnelles en galerie marchande. Une fois le tri réalisé, nous ne gardons que 20 à 30 % des textiles. Mais nous faisons en sorte que le reste soit recyclé au profit de l’ESS locale : nous mettons d’abord certains articles de côté pour nos partenaires [8], et vendons à bas tarif tout le reste à La Tresse, une entreprise d’insertion située en Dordogne, qui recycle le textile en chiffons, effilochage, isolant de maison, ou via l’export. Nous pensons qu'il est essentiel de comprendre l'écosystème dont on fait partie. Cela permet de se positionner en respectant les principes de solidarité, de circuit court, d’éthique. C’est dans cette idée que nous avons initié, avec d'autres, la création du « Groupement Textile Solidaire Nouvelle Aquitaine », qui vise notamment à encadrer nos pratiques par des principes éthiques. Nous travaillons par exemple sur des projets d’export en étant très vigilant à ne pas déstructurer des filières locales existantes.