Annie Berger, conseillère municipale déléguée à l’ESS de la ville de Caen.
Elue à la ville de Caen lors des élections municipales de mars 2008, Annie Berger est une praticienne de l'économie sociale et solidaire depuis de nombreuses années, elle s'est naturellement consacrée au développement de l'ESS sur son territoire.
Qu’attendez-vous de votre adhésion au RTES ?
Pour moi, il va de soi que notre municipalité rejoigne ce réseau. Un des principes de l'ESS est le travail collectif et j'ai l'idée que l'on ne fait rien de bien tout seul. Les échanges de pratiques et d'expériences entre élus me semblent essentiels. Ils permettent de gagner du temps en profitant des expériences d'autres territoires. En fait, je connaissais préalablement le RTES de par mes anciennes fonctions de présidente de l'Association régionale pour le développement de l'économie solidaire (Ardes). Aujourd'hui, j'essaye d'accompagner la création d'une déclinaison régionale du RTES en travaillant avec les nouvelles équipes municipales, nombreuses, issues des élections de mars 2008.
Comment voyez-vous les apports du secteur de l'ESS sur la ville de Caen ?
Ma réflexion est plus large, j'ai l'espoir que l'ESS soit une alternative intéressante et crédible à cette économie classique qui nous mène droit dans le mur et qui, selon moi, est la cause des multiples crises que nous traversons aujourd'hui. Il faut rester modeste sur ce que représente aujourd'hui l'ESS mais elle permet de poser de nouvelles balises, de nouveaux repères sur ce que peut être, et doit être, une nouvelle manière de consommer et de produire en respectant les hommes et leurs territoires. Il ne s'agit rien de moins que de changer le monde et donc la ville. L'ESS porte un autre modèle de développement, il s'agit de mettre de la démocratie dans l'économie. Et si l'ESS est utile aux collectivités locales, ces dernières se doivent d'être utiles à l'ESS pour la faire sortir de ce créneau où elle est souvent cantonnée : réparer les dégâts causés par l'économie classique. Il y a encore beaucoup à faire pour changer les représentations de beaucoup d'élus pour qui la seule économie sérieuse est l'économie libérale de marché. L'ESS ne doit pas être qu’un gadget sympathique.
Quelles actions avez-vous entreprises pour soutenir les initiatives de l'ESS ?
Ma première action a été de constituer un groupe de travail regroupant des élus, des techniciens, des universitaires et évidemment les principaux réseaux d'acteurs de l'ESS avec l’objectif de co-construire la politique publique que je défende pour les 5 années à venir. Ce groupe se réunit mensuellement et a élaboré le plan municipal de soutien à l'ESS voté en juin dernier. Ce plan prévoit trois axes principaux d'actions : rendre visible l'ESS auprès du grand public, aider l'émergence de nouvelles initiatives en finançant l'accompagnement et travailler sur la commande publique pour que Caen muscle sa politique d'achats responsables. Nous allons d'ailleurs participer à la journée de formation du 1er octobre organisée par le RTES.
Dans le cadre de ce plan, nous avons organisé en septembre, un évènement grand public autour de la consommation. Il a permis de mettre en lumière ceux qui entreprennent autrement mais aussi de susciter le débat sur le pouvoir contenu dans l'acte d'achat. Une Scop de boulangers était notamment présente pour rappeler que le pain bio c'est bien ! Mais que c'est encore mieux quand le pain bio est façonné par une équipe qui travaille selon des principes démocratiques. L'ESS ne doit pas être dissoute dans le développement durable. Une manifestation est d’ailleurs prévue le 9 décembre sur le thème « travailler dans l'ESS ».