Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 24 avril 2009

Appel à projet ESS à Paris - Interview de Seybah Dagoma, adjointe chargée de l’économie sociale et solidaire

Le 1er avril dernier, Seyba Dagoma, adjointe au maire de Paris chargée de l’économie sociale annonçait un appel à projets concernant la création de 2 200 emplois d’utilité sociale. A cette occasion, le RTES lui a posé quelques questions sur sa délégation ESS et les réponses de l'ESS face à la crise.

La Mairie de Paris lance un appel à projets de l'ESS. Pouvez-nous nous le présenter ?

Pour créer des emplois d’utilité sociale et de nouveaux services pour les Parisiens, Paris lance un appel à projets pour l’économie sociale et solidaire, ouvert du 10 avril au 10 juillet 2009. Il a été débattu à mon initiative et adopté à l’unanimité lors du Conseil de Paris du 6 avril dernier. Cet appel à projets a pour objectifs de multiplier les opportunités d’insertion pour les Parisiens éloignés de l’emploi, de développer les emplois notamment dans les domaines des services à la personne, de l’environnement et du commerce équitable. Les projets lauréats seront retenus à l’automne par un jury associant les professionnels du secteur. Ils pourront notamment bénéficier d’une subvention d’aide au démarrage allant jusqu’à 25 000 euros, d’une aide à la recherche de locaux d’activité, d’un accompagnement et d’une mobilisation des supports de communication de la Ville. Notre objectif est de créer au minimum 5 structures nouvelles cette année, et autant en 2010, ce nombre étant évolutif en fonction des projets reçus.

Dans quelle mesure selon vous l'ESS peut-elle être une réponse à la crise ?

La dureté de la crise économique et sociale fait ressentir ses effets en premier lieu auprès des populations modestes et défavorisées. Face à cette situation, l’économie sociale et solidaire propose des outils innovants pour soutenir l’emploi, le développement économique et le lien social. Depuis un an nous avons élaboré des solutions nouvelles au service des Parisiens, que nous allons maintenant rendre opérationnelles. L’appel à projets en est un exemple. Je vous en cite un autre : pour aider les personnes très désocialisées, comme les sans domicile fixe, à retrouver un emploi, nous allons créer avec l’association Emmaüs Défi des boutiques qui recyclent auprès des Parisiens des objets ou des vêtements afin de les revendre à prix modique, ce qui constituera aussi une réponse à la problématique du pouvoir d’achat. Face à la crise il n’y a pas de fatalité mais une urgence de solidarité et d’innovation sociale.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre arrivée à la délégation à l'ESS ?

J’ai grandi en banlieue parisienne et je vis à Paris depuis cinq ans. Je suis avocate spécialisée dans le conseil aux entreprises en difficulté. Je me suis d’abord engagée au sein d’une association de soutien scolaire aux enfants de familles modestes lorsque j’étais lycéenne, puis en politique. Je participe aux travaux de « think tanks » progressistes comme Terra Nova et la Fondation Jean Jaurès. Je milite au Parti Socialiste dans la section du 1er arrondissement, dans laquelle les militants m’ont confié la tête de liste aux élections municipales de mars 2008. J’ai été élue au Conseil de Paris et Bertrand Delanoë m’a proposé de devenir son adjointe chargée de l’économie sociale et solidaire. Dès mon arrivée, j’ai rencontré beaucoup d’acteurs de ce secteur, afin d’établir un diagnostic et faire des propositions au Maire de Paris. C’est une tâche passionnante, en lien direct avec les préoccupations de chacun.

La Mairie de Paris adhère au Réseau des Territoires pour une Econonomie Solidaire. Quel rôle peut-on attendre des collectivités locales pour favoriser le développement de l'ESS ?

Les collectivités locales sont maintenant dotées de compétences élargies qui leur permettent de développer, chacune à leur niveau, de nombreuses actions pour le développement de l’économie sociale et solidaire. Quelques soient leurs compétences respectives, les régions, départements, intercommunalités et communes agissent notamment pour l’emploi et la formation, pour l’insertion professionnelle des publics en difficultés, notamment grâce au soutien aux structures d’insertion par l’activité économique et aux plans locaux d’insertion, ou encore pour encourager l’achat responsable. Leur actions ne se limitent pas à leurs territoires, car par le biais de coopérations décentralisées, elles participent au développement des villes du Sud, notamment par le commerce et le tourisme équitables. Je suis heureuse de la participation de Paris au réseau RTES, qui accomplit un travail indispensable de coordination et d’échanges d’expériences. Mais tout cela ne doit pas exonérer l’Etat de son devoir de promotion de l’économie sociale et solidaire, qu’il remplit malheureusement de manière très insuffisante en l’état actuel.

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