Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 9 avril 2015

Brescia, ville “Zéro compétition”

La rencontre du 16 janvier intitulée “Collectivités territoriales, ESS et Europe”, organisée par le RTES avec le soutien de l’Avise et du réseau européen REVES, a confirmé l’intérêt pour le réseau de renforcer un travail au niveau européen. Experts et acteurs européens ont apporté un éclairage sur la place de l’ESS en Europe, devant une centaine de personnes, une quarantaine de collectivités et 8 nationalités présentes. Parmi les intervenants de la journée, Felice Scalvini [15], élu à Brescia en Italie, a présenté la démarche engagée par sa ville depuis un an et demi, basée sur une nouvelle vision et approche du politique.

Ville du nord de l’Italie de 100 000 habitants, Brescia s’est attelée à renforcer le bien-être collectif de la population autour de deux principes forts : le renforcement du bien-être collectif n’est pas l’affaire uniquement de l’administration, toute la ville doit être engagée, et travailler ensemble implique d’éliminer les différentes formes de concurrence. Brescia ainsi été déclarée « Ville Zéro compétition ». Des “tables de citoyenneté” ont été mises en place, réunissant les organisations de productions de services, les associations d’usagers, et l’administration. Ces tables ont pour objectif d’identifier ensemble les besoins et d’imaginer les réponses, autour par exemple des personnes âgées, du handicap, des services pour la petite enfance, de la lutte contre la pauvreté... Il s’agit ensuite d’organiser les relations entre l’administration et les organisations pour consolider ce qui est fait et surtout pour favoriser l’innovation. On parle ainsi de “coprojectation”, formule non compétitive d’organisation des relations entre l’administration et les organisations de gestion des services sociaux. Quelle est la procédure ? On lance un appel à disponibilité, et non pas un appel d’offres précis sur certains services. Disponibilité à se mettre en jeu pour innover, bâtir des choses qui ne sont pas mises en place aujourd’hui. L’administration retient ensuite les organisations qui ont la capacité, les liens avec la communauté locale et crée une table de travail commune, identifiant les moyens économiques, le bénévolat mobilisé... C’est dans ce cadre que sont créés les services pour plusieurs années. Après une année de mise en place, la mise en oeuvre a démarré en 2015. Pour Felice Scalvini, ce processus s’inscrit bien dans la nouvelle législation européenne, avec notamment la directive sur les achats publics. Une directive qui illustre le développement d’une vision différente, qui n’est plus basée sur la religion de la concurrence, mais qui permet de développer au niveau local la capacité des communautés à répondre à leur propres besoins de façon transparente, collaborative et non compétitive.

Cette démarche fait écho à de nombreuses démarches de co-construction à l’œuvre en France, ainsi qu’à l’appel à initiatives que le RTES souhaite voir reconnu, et ouvre un intéressant chantier pour le réseau et l’ensemble des collectivités. À échelle européenne, le RTES travaille actuellement à outiller les collectivités adhérentes, renforcer le plaidoyer des collectivités en faveur de l’ESS dans les enceintes européennes ou les enceintes nationales à vocation européenne, et surtout échanger, informer, rendre accessible au plus grand nombre cet évident besoin de faire plus pour l’ESS à travers l’Europe.

Retrouvez : -le compte-rendu de la journée Collectivités, ESS et Europe, -les documents distribués lors de cette journée et notamment l’étude réalisée par le RTES et l’Avise sur la place de l’ESS dans les fonds européens,