COORACE, développeur de territoires solidaires

Fruit d'une démarche de recherche action initiée en 2005, le projet « Développeurs de Territoires Solidaires » (DTS) a pour objectif la reconnaissance et le développement des actions menées par les entreprises de l’IAE, au delà de la seule mission d’insertion par l’emploi. Un travail collectif et coopératif que nous présente Anne Claire Pignal et Pierre Langlade, respectivement Chef de projet et Vice-président de COORACE .

Pourquoi cette volonté des membres de COORACE de sortir des frontières l'IAE ?
Anne-Claire Pignal : Il s'agit pour nous de l'aboutissement d'une démarche collective de réflexions sur nos métiers et nos actions. Cela fait plus de 5 ans que nous nous interrogeons sur l'avenir du secteur compte tenu des mutations économiques et sociales auxquelles est confrontée la société française. Il nous semble que les acteurs de l'IAE sont de plus en plus institutionnalisés et instrumentalisés, que les publics accueillis sortent de plus en plus difficilement des dispositifs d'insertion sans que cela préoccupe vraiment nos bailleurs. Parallèlement les entreprises de l’IAE ont mis en place des actions innovantes sur le terrain pour répondre à ces difficultés et permettre un développement plus solidaire de leurs territoires.

Quel est l'objectif du projet Développeurs de Territoires Solidaires ?
A-C P : Notre démarche de recherche action a permis un travail collectif, y compris avec nos partenaires hors COORACE, de partage de ces constats et d'élaboration d'une nouvelle culture professionnelle. L’objectif : proposer aux acteurs de la solidarité des repères pour renforcer leur rôle social et économique au service d’un développement solidaire et durable des territoires. Nous travaillons sur nos références communes sans vouloir entrer dans un processus normatif qui pourrait remettre en question la diversité qui caractérise les actions de nos adhérents. Nous avons identifié trois grandes missions clefs que sont la création d’activités et la contribution au développement économique, la sécurisation des parcours socio-professionnels et l'animation des territoires.

Où en est la mise en oeuvre du programme ?
A-C P : Nous avons organisé en décembre 2010 une Rencontre nationale pour une démarche de Développement de Territoires Solidaires pour partager les fruits de ces deux années de travail. Une plaquette « Pour une démarche de Développement de Territoires Solidaires » ainsi qu’un manuel de référence composé d'une cinquantaine de fiches pratiques y ont été présentés. L'année 2011 sera consacrée à la fois à la montée en puissance du projet sur les territoires par un accompagnement de nos adhérents, mais aussi à un approfondissement de la démarche par exemple sur les questions de modèles économiques, d'utilité sociale, de nouvelles filières d’activité,... Nous devrons également convaincre nos partenaires, notamment les collectivités locales, de la pertinence de ces évolutions.

L'exemple des Associations Intermédiaires des Bouches-du-Rhône

Quelle est l'origine de ce projet sur les Bouches-du-Rhône ?
Pierre Langlade : Une envie de travailler ensemble ! Les directeurs de trois associations intermédiaires (AI) souhaitaient se réunir autour d'un vrai challenge économique, puisque c'est l'avenir de leurs structures qui était en jeu. Nous avons commencé par élaborer une plaquette de communication commune, outil indispensable au travail de lobbying auprès des collectivités locales. Nous souhaitions obtenir une meilleure reconnaissance de notre capacité à leur fournir des services de qualité répondant à leurs besoins et utiles socialement. Notre première action concernait par exemple le remplacement, en cas d'absence, des personnels TOS par des salariés de nos AI. Nous avons ensuite contacté les autres associations intermédiaires du département qui ont progressivement rejoint ce collectif informel. Aujourd'hui 10 des 11 AI départementales font partie du collectif et une vrai dynamique s'est installée

Quels sont les projets du collectif ?
P L : Nous travaillons toujours sur le développement économique et la communication. Avec l'appui du Coorace régional nous avons pu recruter une personne qui nous aide à répondre aux appels d'offres soit collectivement sur le département, soit individuellement sur nos territoires respectifs. Nous menons également un travail de sensibilisation auprès des collectivités locales sur l'intérêt d'insérer des clauses sociales dans leurs appels d'offres ou sur la nécessité de nous aider à professionnaliser nos salariés. Pour le moment on ne mesure pas encore si les collectivités ont vraiment pris en compte les évolutions des structures qui se sont lancées dans le projet DTS.

Comment s'articulent un projet local et une démarche nationale ?
P L : Les projets locaux et nationaux évoluent ensemble et s'enrichissent mutuellement. Le principe du programme Développeurs de territoires solidaires est de se construire à partir des expériences du terrain avec des temps collectifs de mise en commun et de prise de recul.

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