Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 10 janvier 2017

Compte-rendu de la rencontre #ProspectivESS "Vers une économie collaborative sociale et solidaire"

Le 13 décembre s’est tenue la seconde rencontre #ProspectivESS organisée par le Labo de l’ESS et l’Avise sur la thématique des liens entre l’économie collaborative et ESS, en présence d'une centaine de participants. Une occasion de poser des questions importantes et de découvrir des promoteurs d’une économie collaborative sociale et solidaire.

Odile Kirchner, déléguée interministérielle à l'ESS a insisté sur la diversité de l’économie collaborative : d'AirBnb aux plateformes autour de l'économie de la fonctionnalité, sous modèle d’économie classique (telles que Bla Bla Car), ou d’économie collaborative sociale et solidaire (exemple We moove), plateforme de mobilité du groupe SOS. Elle partage l'ambition de s’emparer de cette économie collaborative que l’on assimile à l’ubérisation et ses images négatives (moins disant social, pertes d’emplois...) pour démontrer que le collaboratif peut aussi véhiculer des valeurs de frugalité, de solidarité, de partage et d’équité qui sont aussi les valeurs de l’ESS. La déléguée interministérielle a également appelé à sortir des frontières entre French Tech et ESS (innovations/ financements) via une acculturation dans les deux sens ;

Pour Laurent Bougras, créateur de Fairbooking, plateforme collaborative éco-responsable et association entre hôteliers pour faire face à "Booking" et à son monopole, il est urgent que l'économie collaborative devienne plus solidaire et territorialisée. En 2015, les hôteliers ont versé plus d'un milliard d'euros de commissions à Booking, autant d'argent qui ne reste pas sur le territoire, qui n'est pas investi dans l'entretien des bâtiments.

L'intervention du représentant de l'Observatoire de l’Ubérisation, Grégoire Leclercq rappelle que l’économie collaborative se porte bien en France, mais avec très peu d’acteurs de l'ESS dans cette économie collaborative hexagonale. La plupart sont dans le premier modèle capitaliste : une plateforme nécessitant un gros capital de départ et la rentabilité n'arrivant qu'à moyen terme. Le rapprochement entre la French Tech et l’ESS est nécessaire.

Pour Paola Tubaro, sociologue au CNRS, les villes ont un rôle important à jouer dans ce rapprochement avec l'ESS, à travers les "sharing cities", les collectivités prenant l'initiative de développer ou de soutenir des plateformes, des FabLab, de partage comme avec le Vélib.

Pour Philippe Frémeaux, économiste, il faut que toutes les entreprises soient soumises aux mêmes règles fiscales. Il faut également arriver à valoriser notre force, la force du nombre : “Si on avait attendu d’avoir suffisamment de fonds pour créer les premières caisses mutuelles, la Maif et les Caisses d’Epargne n’existeraient pas”, explique-t-il.

Julien Benayoun, de 1001PACT rappelle qu'il n’y a pas de "business angels" dans l’ESS et peu de financements de l’amorçage venant des particuliers. Les acteurs de l’impact investing ont la connaissance pour investir dans les acteurs traditionnels, mais pas dans les entreprises qui n’ont pas fait leur preuve.

C’est pour répondre à cet enjeu que la CG Scop, représentée par Patricia Lexcellent, s’apprête à lancer le fonds d’investissement CoopVenture, pour financer et accompagner les startups numériques, en complément de la chaîne d’accompagnement déjà existante, afin de garder la valeur et les emplois sur les territoires.

Compte-rendu réalisé par Jacques Dughera