Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Michel Briand
Publié le 1 février 2013 - mis à jour le 5 février 2019

« Copier n’est pas toujours tricher ! »

Récemment nommé au Conseil National du Numérique, vice-président en charge de l'ESS à Brest Métropole Océane depuis 2008, Michel Briand s'attache à renforcer les coopérations entre acteurs, à promouvoir l'économie sociale et solidaire et à en faire l'une des pièces maîtresses des futurs territoires en transition. Il insiste notamment sur l'innovation sociale et les nouvelles perspectives qu'elle offre à l'ESS. Rencontre.

Comment s'est développée l'ESS brestoise depuis 2008 ? Au-delà des soutiens traditionnels aux acteurs de l'insertion ou de la création d'activité, il nous paraissait dès le départ essentiel de travailler à l'émergence et à l'accompagnement des initiatives portées par les acteurs du secteur. Dès 2008, Brest Métropole a mis en place des actions à cet effet. Nous avons ainsi décidé de co-financer avec la Région Bretagne un poste d'animateur pour l'ADESS Pays de Brest 129" target="_blank">]. Cette dynamique maille la Bretagne et nous comptons aujourd'hui 15 pôles ESS territoriaux en charge de l'animation des acteurs et du renforcement de la coopération entre eux. En parallèle, pour faire connaître l'ESS et son foisonnement d'innovations, nous avons créé un site internet participatif, www.eco-sol-brest.net, et nous organisons régulièrement des cycles de conférences ou des forums. Enfin, en partenariat avec le conseil régional de Bretagne et le conseil général du Finistère, nous avons instauré un appel à projet annuel qui nous permet d'accompagner une dizaine de projets ESS par an. Jardin partagé Rond de Jardin.jpgEn novembre dernier, vous avez organisé un Forum des circuits courts. En quoi est-ce un axe de développement pour l'ESS et plus largement pour l'économie locale ? Il s'agit de nous inscrire dans la dynamique globale des territoires en transition vers une économie « dé-carbonée » et respectueuse des principes du développement durable. Le modèle a plutôt bien fonctionné pour l'alimentation : les AMAP et l'utilisation de produits bio et locaux dans la restauration collective ont par exemple facilité le développement d'une agriculture biologique de proximité autour de Brest. Aujourd'hui le concept des circuits courts n'est plus cantonné à l'alimentaire. Il s'étend aux biens de consommation courants, au crowdfunding solidaire Octopousse ou à la cultureSpectacle Arts de la rue -Le Fourneau.jpg. De nouvelles perspectives s'ouvrent autour de la ré-utilisation d'objets. Citons l'exemple des ressourceries comme le Boulon à Brest ou des groupes de consommation collaborative comme Ouishare. Le Forum nous a permis d'interpeller acteurs, élus et citoyens sur l'importance des enjeux environnementaux et sur les alternatives qui existent aujourd'hui. Nous voulions également que les acteurs de l'ESS s'approprient mieux la notion de consommation collaborative dont les promoteurs sont aujourd'hui principalement des acteurs privés. Au delà des statuts, je suis convaincu que l'innovation sociale, comme ces nouvelles façons de consommer, font partie de l'ESS par les pratiques et les valeurs qu'elles portent. Jean-Michel Cornu - Formation Outils réseaux.jpgComment encouragez-vous ces nouvelles formes d'innovation ? La première des étapes est de donner à voir l'abondance de projets sur nos territoires. Montrer, c'est faire exister ces réalités pour les citoyens, les élus et les acteurs eux-mêmes. Dans le même temps, il faut dé-segmenter les réseaux : les activistes du logiciel libre partagent souvent les valeurs des militants des jardins partagés ou des organisateurs de l' Open Bidouille Camp. Peu importe que l'on échange des graines ou du code, lorsque la coopération est au centre de nos pratiques. Les pratiques collaboratives sont un changement culturel. Donner à voir, partager, réutiliser, nécessite de se former, car ces façons de faire vont à l'encontre de ce que l'on nous a appris à l'école. Copier n'est pas toujours tricher. Réutiliser, adapter peut être un formidable gain de temps, d'efficacité. Nous avons donc mis en place des sessions de formations Animacoop à l'animation collaborative. Les porteurs de projet sont ainsi accompagnés à l'émergence du projet et à sa diffusion. Dans le même esprit, nous mettons en ligne des dizaines de fiches d'innovation sociale ouvertes afin que tout un chacun puisse s'en saisir et participer à la transformation sociale et écologique que nous souhaitons. Table-ronde travail collaboratif et apprentissages autonomes.jpgQuelles sont vos attentes concernant le RTES ? Je regrette d'abord de ne pas pouvoir participer davantage à ses travaux. Brest est souvent loin. Le développement de la visio-conférence nous permettra certainement de participer davantage aux échanges de bonnes pratiques et aux formations que propose le réseau. Par ailleurs, je souhaiterais que l'innovation sociale occupe plus de place dans nos travaux et que le RTES diffuse davantage le comment-faire, le code source, des projets qui réussissent. Enfin, j'aimerais que la diffusion des articles du RTES se fasse selon les règles de Creative Commons, cela faciliterait la propagation des informations sans léser les auteurs [130]. Pour en savoir plus: Libres, solidaires et durables vers un réseau des acteur-ice-s de l’innovation sociale ouverte en Bretagne Crédits: -Photo Michel Briand en une: Photo CC by sa nc Celine Castel Telecom Bretagne -Photo du jardin Rond de Jardin: Photo de Laure Dosso sous licence Creative Commons By NC-ND - source Wiki-Brest -Autres photos: Michel Briand sous licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée) - source Wikimedia Commons