Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 10 avril 2013

Croire en l’ESS et faire confiance à la jeunesse

Docteur en économie et chercheur en mathématiques, Christophe Di Pompéo, est depuis 2008 vice-président en charge du développement économique de l'agglomération Maubeuge-Val de Sambre. Il nous présente les actions de son territoire en faveur de l'ESS et nous livre aussi son diagnostic sur le secteur. Explications.

Pourquoi avoir fait le choix d'intégrer l'ESS à la stratégie globale de développement économique du Val de Sambre ? Nous avons répondu à l'appel des acteurs locaux qui souhaitaient que l'ESS soit reconnue comme une branche à part entière de l'économie. Nous ne voulions pas créer un service spécialisé avec un élu dédié. L'économie sociale et solidaire compte de façon significative dans l'emploi local. Sur l'arrondissement d'Avesnes-sur-Helpe par exemple, elle rassemble 500 acteurs et 6000 salariés, soit 10 % de l'emploi. Nous sommes loin de l'économie marginale !

document.jpgQuels sont vos principaux axes de développement pour l'ESS ? A l'issue du diagnostic réalisé en 2012, deux thématiques fortes ont émergé : la nécessité de renforcer la coopération entre les acteurs de l'ESS et le besoin de reconnaissance du secteur qui reste mal connu. C'est pourquoi nous travaillons d'une part sur la constitution d'un réseau formel pour structurer le secteur ; et de l'autre sur la valorisation des réalisations de l'ESS auprès du grand public. Tout cela fait partie de notre plan d'actions. Cela dit, si le réseau regorge d'idées et d'envies, le passage à la concrétisation des projets reste difficile.

Quels sont les freins au passage à l'acte ? Je ne crois pas que cela soit lié à un manque de moyens. Les emplois d'avenir par exemple pourraient permettre aux structures de défricher, de tester de nouvelles activités. Leur financement peut, dans certains cas, être pris en charge à 100 % par les pouvoirs publics. Mais pour le moment, les choses ne décollent pas. Cela est, je pense, imputable aux craintes sur la pérennité des financements ainsi qu'à une image erronée des profils que l'on peut recruter. Pourtant, un jeune sans diplôme peut se former au contact du monde professionnel. Et les emplois d'avenir ne concernent pas exclusivement l'embauche de jeunes non-qualifiés ! Il me semble que tout cela relève d'une forme de frilosité provoquée par la morosité ambiante. Pourtant, les exemples de réussites ne manquent pas. Nous comptons sur le territoire des projets qui fonctionnent très bien comme notre ressourcerie ; et d'autres très prometteurs en cours de montage. Je pense entre autres à la mise en place d'une filière de récupération et de valorisation des vieux vêtements ou à la création d'une zone maraîchère « circuits courts » en bord de Sambre dont les serres seront chauffées par l'usine d'incinération.

document.jpgQuel regard portez-vous sur l'action gouvernementale autour de l'ESS ? Tout d'abord la nomination d'un ministre délégué est positive en soi, c'est une reconnaissance du secteur. De plus, il tient le rôle de vigie et veille ainsi à ce que les politiques gouvernementales ne portent pas préjudice aux acteurs de l'économie sociale et solidaire. Je trouve également particulièrement intéressante l'idée de favoriser le développement des Scop. C'est un modèle entrepreneurial qui a fait ses preuves et qui permet souvent un réel épanouissement des salariés.

Pourquoi avoir rejoint le RTES ? Nous agissons localement pour que les acteurs se structurent et coopèrent et il est cohérent que les collectivités locales fassent la même chose à leur échelle. Nous voulions participer à cette démarche, d'autant plus que l'échange de pratiques et la prise de recul sont essentiels à la construction de politiques publiques efficaces ! Pour en savoir plus : http://www.ess-sambreavesnois.fr/ L'agglomération Maubeuge-Val de Sambre est adhérente au RTES depuis 2012.

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