Cyril Kretzschmar, Conseiller régional délégué en charge de la Nouvelle économie et de l’ESS
Cyril Kretzschmar est le nouveau Conseiller régional délégué en charge de la Nouvelle économie, des nouveaux emplois, de l’artisanat et de l’ESS à la Région Rhône-Alpes. Il vient également de rejoindre le conseil d'administration du RTES. Il dresse un état des lieux du contrat sectoriel de l'ESS et nous présente sa vision pour les années à venir.
La Région Rhône-Alpes a engagé le 1er contrat sectoriel de l’économie sociale et solidaire en France, quelles améliorations générales a-t-il permis depuis 2007 ?
Le contrat sectoriel ESS de la Région a mobilisé l’ensemble du secteur. A travers le portage par la Chambre régionale de l’ESS (Cress RA), il a assis la légitimité de cette jeune institution qui avait à trouver sa place face aux réseaux d’acteurs. La Région, identifiée en premier lieu comme un appui financier, a également vu se renforcer la reconnaissance de son rôle stratégique auprès des acteurs, puisqu’elle a aujourd’hui une véritable politique dans le domaine. Le public connaît ainsi d’avantage l’ESS et ses réseaux, ainsi que l’action de la Région dans ce secteur. Toutefois, on peut noter que les réseaux restent encore très sectoriels : en effet, qu’il s’agisse d’ insertion, d’action sociale ou de coopératives, les stratégies demeurent encore un peu cloisonnées au sein d’un secteur, d’une activité ou d’un territoire. Avec la mise en place du nouveau contrat sectoriel dès 2011, nous espérons décloisonner les axes de développement.
Quelles mesures sont mises en place pour décloisonner et structurer ?
Le décloisonnement des stratégies et des projets passe par l’appui aux démarches de coopération entre les réseaux et la création d’outils communs.
Ainsi, la Région appuie le regroupement de structures comme Pôle Sud à Romans (26) ou Artis dans l’agglomération grenobloise (38). Elle appuie aussi la mise en place d’outils d’accompagnement et de financement de reprises en scop comme Transméa, ou de prêts aux acteurs ESS avec le réseau Rhône-Alpes Active. Elle encourage également l’élaboration de réponses communes aux appels d’offres. Elle travaille en outre avec les secteurs de l’IAE et des services à la personne sur les démarches qualité : Ainsi, la GPEC (Gestion prospective des emplois et compétences) est aussi un thème d’accords Région, Etat, Cress dans le secteur IAE avec, à la clé, des actions de formations pour les personnels. Nous encourageons la recherche d’innovation dans certains secteurs ; le renforcement de l’action des partenaires sociaux en lien avec l’ESS ; ou encore le travail autour du dialogue social dans les structures.
Quelles actions sont menées en direction du public ?
Les réseaux ESS sont aujourd’hui puissants. Ils connaissaient un déficit de notoriété qui tend à s’estomper avec le temps. Sur le volet pédagogique, les outils et supports mis en place, et que nous voulons grand public, répondent à l’intérêt pour l’ESS. Ainsi, nous soutenons des temps d’informations, des outils de formation, ou le développement de la plate-forme Internet de partage d’informations comme Rhône-Alpesolidaires.org. Les évènements tels que le forum de l’emploi en ESS permettent de franchir un certain cap pratique auprès des salariés et des citoyens rhône-alpins. Enfin les Rencontres Solidaires, qui ont inspiré le Mois de l’ESS organisé par les CRESS, commencent à être repérés comme un rendez-vous récurrent de sensibilisation des acteurs vers le grand public.
Peut-on déjà dessiner quelques grandes lignes du prochain contrat ?
Nous nous donnons jusqu’à la fin de l’année pour travailler à un bilan partagé avec les réseaux et la Cress. Le prochain contrat tendra sûrement vers une exigence plus forte en termes d’effets transformateurs des actions soutenues. Notre ambition, en effet, est de parvenir à un effet levier plus ample, certes dans une plus grande contrainte financière, mais qui se déploie vers l’ensemble du secteur économique, pour un enrichissement mutuel. Si la Région intervient dans l’ESS, c’est pour infléchir l’approche économique dans son ensemble, vers un plus grand souci du bien commun, et pour un apport social et environnemental plus important dans le développement du territoire.
Vous intégrez le CA du RTES, quel rôle souhaitez-vous y jouer ?
Mon souhait est de mieux connaître mes collègues d’autres Conseils Régionaux. Pour les collectivités, les échanges de bonnes pratiques et l’initiation de projets communs sont des apports importants du RTES. Face aux réseaux et fédérations nationales telles que le CNCress, l’UNIOPSS, l’Avise, il n’existe pas de réseaux équivalents des élus, et l’échelle régionale n’est pas assez connue à l’échelle européenne. Il y a donc un enjeu important à être d’avantage présent à cette échelle et dans les réseaux européens pour une meilleure coopération entre collectivités territoriales.