Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 24 mai 2012

Défendre l’édition locale, la biblio-diversité et la coopération territoriale

Plateforme coopérative, catalogue collectif, groupement d'employeurs : pour Fontaine O livres, mutualisation et coopération sont les leviers de la structuration de la filière livre du nord-est francilien. Cette association de promotion et de soutien des éditeurs indépendants fait également partie des 18 pôles témoins des PTCE. Rencontre avec Yann Chapin, son responsable.

Comment est née Fontaine O livres ? A quels besoins l'association répond-elle ?

Depuis 2006, Fontaine O livres soutient les acteurs de la filière livre du nord-est francilien qui historiquement concentre un grand nombre d'éditeurs indépendants. Des entrepreneurs dont les marges sont très faibles et qui ont du mal à s'imposer dans une filière dominée à 80 % par les grands groupes de l'édition. Il y avait là quelque chose à penser pour les aider à trouver une place, à se structurer, à se pérenniser... A ce jour, nous comptons 56 adhérents : maisons d'édition, librairies, travailleurs indépendants et entreprises innovantes de la filière. Notre rôle ? Les soutenir dans leur recherche de locaux (ou leur faire bénéficier de ceux de notre pépinière), les accompagner dans la gestion de leur entreprise, ou leur apporter des conseils en matière juridique et technique. L'édition subit en effet de profondes mutations : vente en ligne, dématérialisation des supports, mais aussi externalisation de certains métiers tels que le travail de maquette ou la correction. De plus en plus de professionnels se retrouvent isolés. L'enjeu est aussi de leur apporter l'appui d'un réseau pour qu'ils restent dans une dynamique active au plus près des éditeurs...

document.jpg Dans quelle mesure Fontaine O livres favorise-t-elle la coopération ?

La coopération est notre leitmotiv. Nous l'impulsons ou la soutenons car l'addition des énergies donne de l'ampleur aux projets ! A titre d'exemple, nous avons accompagné l'initiateur des « 24 heures de l'écriture » en faisant office d’intermédiaire avec les institutionnels et en lui ouvrant tous les possibles du réseau. Grâce à cela, son projet s'est structuré en association. Il s'agit également pour nous de créer une force, une dynamique entre nos éditeurs jusque dans la fonction commerciale. Nous organisons par exemple leur promotion à travers un catalogue commun avec lequel nous démarchons les comités de lecture et d'achat des réseaux de bibliothèques. Nous travaillons également à la création d'une « place de marché on line » des indépendants du livre. Cette plate-forme internet doit valoriser les offres de prestations de ces entrepreneurs et favoriser les réponses à plusieurs aux appels d'offres. Se regrouper avec d'autres, c'est un moyen pour chacun de gagner en visibilité, en notoriété et de structurer la filière.

Développez-vous des outils coopératifs ?

Absolument ! Cela fait partie intégrante de notre démarche. Nous avons mis en place pour nos adhérents un site collaboratif dédié aux salons du livre. Cet outil permet de repérer les manifestations littéraires adaptées au catalogue de chacun, de les sélectionner selon la région, la catégorie et thématique de salon, et d’y trouver des informations pratiques (défraiement par exemple), de mutualiser les expériences ou de s'organiser à plusieurs, en partageant un stand, en optant pour le covoiturage, etc. Cela participe aussi à la cohésion de nos éditeurs indépendants ! Au-delà des outils, la coopération se décline chez nous en termes d'emploi ! Nous avons un accord avec le cluster Paris Mix pour que notre réseau bénéficie de son groupement d’employeurs.

document.jpgQuels soutiens recevez-vous des collectivités territoriales ?

Jusqu'ici, nous recevions les subventions régionales du programme « réseau régional d'entreprises pour l'emploi » mais ce fonds arrive à son terme, et nous bénéficions d’un emploi-tremplin. La Mairie de Paris nous soutient également fortement. Par ailleurs, notre territoire d'intervention (nord-est francilien) relevant en quasi totalité de la politique de la ville, nous bénéficions d'appuis financiers, mais pas seulement. C'est notamment grâce à l'aide de la Mairie de Paris que nous avons fait réaliser en 2010 une enquête socio-économique par l'Université Paris 13, étude qui nous a conduits à spécialiser nos activités d'appui vers les petits éditeurs indépendants. Nous avons ainsi adapté nos prestations pour mieux répondre aux besoins de maintien et de développement de cette filière.

Vous faites partie des pôles témoins des PTCE. Pourquoi avez-vous répondu à l'appel à candidatures et qu'en attendez-vous ?

« Pôle Territorial de Coopération Économique » : ces 4 mots nous ont parlé immédiatement et font écho à ce que nous développons ! Sur beaucoup d'aspects, nous cherchons des business modèles pérennes sous le signe de la coopération et la mutualisation des acteurs de notre secteur... Intégrer un dispositif avec un potentiel de reconnaissance et de financement va dans ce sens et nous nous retrouvons dans cette logique. C'est d'ailleurs cet appel à candidatures qui nous a amenés à raisonner en termes d'économie sociale et solidaire, concept qu'en toute franchise, nous avions du mal à maîtriser. Aujourd'hui, nous nous y reconnaissons pleinement ! Nos adhérents font vivre une biblio-diversité précieuse, et les PTCE sont riches en promesses : échanges de bonnes pratiques entre pôles par exemple. En outre, la dimension éthique et fédératrice des PTCE nous porte dans nos réflexions. Nous rédigeons actuellement une charte éthique pour promouvoir le travail de nos éditeurs auprès du grand public et travaillons sur des partenariats avec des librairies pour valoriser l'achat local et solidaire de la filière livre.