Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Jean-Claude Pradels Mérignac
Publié le 10 décembre 2016 - mis à jour le 21 février 2019

Entretien avec Jean Claude Pradels – adjoint au maire de Mérignac délégué à l’ESS

Jean Claude Pradels est adjoint au maire de Mérignac délégué à l'ESS. A l'occasion de sa prise de fonction de nouvel administrateur (et trésorier) du RTES, nous l'avons rencontré pour échanger avec lui sur son parcours d'élu, les grands chantiers ESS menés à Mérignac, et ses attentes et objectifs vis-à-vis du RTES.

Quel est votre parcours d'élu et qu'est ce qui vous a amené à prendre en charge la délégation ESS ?

Je suis adjoint au maire de Mérignac délégué à l'ESS depuis 2014, après un premier mandat où j'étais en charge des nouvelles technologies de l'information et de la communication, avec notamment le développement du numérique dans les écoles de la commune.

L'arrivée d'un nouveau maire à Mérignac en 2014 s'est accompagnée d'une vision plus moderne de l'ESS et il m'a proposé de prendre en charge cette nouvelle délégation. J'ai d'ailleurs tout fait pour que l'ESS soit rattachée au pôle développement économique de la commune, en arguant que l'ESS était créatrice d'emplois.

Pour autant, cette nouvelle délégation met du temps à s'installer, elle se définit progressivement, la culture des services étant encore marquée par une vision ne faisant pas de lien direct entre activité économique et action sociale. N'ayant à l'origine pas de connaissance particulière de l'ESS, je me suis formé au fur et à mesure, l'une de mes premières mesures ayant d'ailleurs été d'entrer en relation avec le RTES et d'y faire adhérer la commune de Mérignac.

Quels sont les grands chantiers ESS que vous avez menés et que vous menez aujourd'hui sur la commune de Mérignac ? Quels liens avec Bordeaux Métropole ?

Actuellement, nous nous penchons sur la création d'une « ressourcerie multiservices » en liaison avec Bordeaux Métropole. Son activité tournerait autour de la récupération/valorisation de meubles, d'objets de mobilité (vélos, mobylettes) et de petit électroménager. Nous avons missionné la Fabrique à initatives ATIS (Association Territoires et Innovation Sociale) sur une étude de faisabilité, qui est en cours, afin de s'assurer que l'activité économique développée sera viable sans dépendre de subventions. Il faut d'ailleurs étudier quel lien pourra exister avec une autre entreprise de récupération de meubles déjà présente sur la métropole bordelaise et avec l'atelier de réparation de vélos déjà présent sur Mérignac. L'objectif est de monter cette ressourcerie d'ici la fin du mandat.

Mais notre difficulté principale reste l'absence de locaux disponibles dans la commune voire sur la métropole, pour être mis à disposition. Plusieurs associations viennent me voir pour faire une demande de locaux afin de développer leur activité mais nous ne pouvons que les aider financièrement au démarrage et les renvoyer vers le secteur privé, qui reste cher. Des réflexions sont en cours avec Bordeaux Métropole pour le montage de lieux partagés mais cela reste lent à mettre en œuvre.

Nous essayons également de faire émerger sur le territoire un projet de boulangerie industrielle en insertion ainsi qu'un projet d'implantation d’une coopérative artisanale en ESS et à plus long terme un projet de traiteur et restaurant en insertion.

De fait, si le soutien à l'ESS est dévolu aux métropoles, chaque commune en lien avec la métropole cherche à développer des projets sur son territoire, la métropole intervenant afin d'assurer la cohérence entre projets et d'arbitrer les concurrences éventuelles.

La Fabrique à initiatives ATIS, dont je suis le secrétaire et qui dispose d'un incubateur de projets et gère le DLA, mène également un ensemble d'études pour favoriser les relations et collaborations possibles entre les structures de l'ESS et les entreprises classiques, mais aussi pour trouver des réponses innovantes et solidaires aux besoins des jeunes créateurs d'entreprises, des familles monoparentales et des personnes âgées présentes sur Mérignac.

Par ailleurs, nous avons mis en place pendant deux années un « marché de l'ESS » afin d'animer une place publique de la ville. Nous y invitions des structures de l'ESS à présenter leur activité lors du marché du samedi matin. Depuis cette année, la semaine des « Rencontres pour l'emploi de Mérignac » permet également aux entreprises de l'ESS présentes sur la commune d'apporter un éclairage sur leur activité, mais aussi sur les emplois que l'ESS peut dégager.

Vous êtes le nouveau trésorier du RTES. En tant qu'élu local et trésorier du RTES, quelles sont vos attentes et objectifs vis-à-vis du réseau ?

En tant qu'élu local, j'attends du RTES qu'il me permette d'échanger plus facilement avec mes homologues dans d'autres collectivités et d'avoir des comparatifs sur les politiques mises en place ailleurs en France voire en Europe. J'ai d'ailleurs participé récemment au séminaire « coconstruction des politiques publiques locales » à Bordeaux et j'ai été impressionné par les politiques développées à Barcelone et à Brescia (Italie). Ces échanges sont très enrichissants et importants pour analyser en détail la mise en œuvre concrète des politiques publiques.

En tant que trésorier du RTES, je vais pouvoir apporter mon expérience et mes compétences de trésorier, ayant déjà l'habitude de gérer des comptes dans d'autres structures associatives. Les objectifs concrets restent encore à définir mais il s'agira d'assurer la continuité de l'information et des formations offertes aux collectivités adhérentes du RTES, de chercher de nouveaux financements et de renforcer le nombre d'adhérents, et enfin de mettre en place la structure financière qui permettra le développement du RTES.