Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 25 septembre 2012

Grenoble : donner toute sa place à l’ESS

Bity Dieng, conseillère municipale déléguée à l'ESS à la ville de Grenoble et Morad Bachir-Cherif, vice-président en charge de l'ESS et de l'insertion économique à la Métro (Communauté d'agglomération Grenoble Alpes Métropole), viennent de rejoindre le CA du RTES. Ils reviennent ici sur les projets ESS de leurs territoires, et nous livrent leurs ambitions pour le réseau.

Selon vous, quels sont les principaux projets qui ont participé au développement de l'ESS au niveau local ? document.jpgMorad Bachir-Cherif : Conformément à son plan de développement de l'ESS, la Métro fait de la promotion du secteur un axe majeur. Le partenariat mis en place avec l'association Alpesolidaires, qui rassemble sur sa plateforme web participative les acteurs de l'ESS, permet d'offrir une vraie visibilité au secteur. Tout comme l'événement Yess, festival de promotion de l'ESS qui a réuni en 2010 plus de 19 000 visiteurs ! Par ailleurs, nous associons le monde de la recherche à la promotion de l'ESS. Dans le cadre de notre partenariat avec l'IEP de Grenoble, l'Eseac (équipe de socio-économie associative et coopérative) rassemble 2 fois par an le réseau ESS et le grand public autour de conférences-débats. L'occasion d'éclairages et d'échanges constructifs ! document.jpgBity Dieng : Le développement de l'ESS passe par un réel soutien aux porteurs de projets. Ainsi, nous sommes associés à la gouvernance de la MCAE Isère Active, association d'accompagnement et d'aide au montage financier d'initiatives solidaires. Nous la soutenons financièrement depuis sa création. De même, nous soutenons la pépinière La Pousada qui abrite quelque 40 structures de type associatif et coopératif. Un bel exemple de partenariat réussi – et fédérant des projets innovants – entre les collectivités et les acteurs du secteur ! Mais attention, il ne s'agit pas de cataloguer l'ESS et de l'isoler du reste des activités économiques. Il s'agit de l'intégrer et d'en permettre le plein rayonnement au sein des projets économiques générateurs d'emploi. Et y a-t-il un projet phare à venir ?

M .B-C. L'immobilier d'entreprises est un enjeu clé. Dans le cadre de la rénovation urbaine, nous travaillons à l'ouverture de deux hôtels d'activité sur le modèle d'innovation sociale Artis : l'un à Échirolles (20 structures, 60 emplois) et l'autre à Grenoble (50 structures, 300 emplois). L'objectif est de favoriser le développement économique des territoires, en donnant toute sa place à l’économie sociale et solidaire. Pour cela, des tarifs préférentiels seront proposés aux structures relevant de l'ESS... En outre, l'emplacement central de l'hôtel d'activité du quartier Mistral (Grenoble) et l'envergure de celui d’Échirolles participeront à donner au secteur une plus grande visibilité... document.jpgB. D. La priorité d'aujourd'hui est de faire de l'ESS une dimension transversale au sein des services municipaux. L'ESS ne doit pas être marginalisée mais pleinement intégrée dans nos réflexions et orientations. Tous les services sont concernés et sensibilisés de façon à ce que les projets ESS trouvent toute leur place, notamment dans les budgets. De plus, notre volonté est d'amplifier les actions renforçant la visibilité du secteur. Plusieurs événements grenoblois seront l'occasion de mobiliser des acteurs de l'ESS et de mieux faire connaître ce secteur au grand public. Je citerais les Actions éco-citoyennes, un temps de mobilisation autour du recyclage des déchets et auxquelles sont associées des structures de l'économie sociale et solidaire, ou notre forum de l'emploi dont une journée entière sera dédiée à l'ESS. Citons aussi le marché de Noël « Un baobab au village » qui se déclinera cette année autour de l'ESS et la consommation responsable. D'après vous, quelle doit être la priorité du ministère délégué à l'ESS ?

M. B-C. Tout d'abord, nous nous félicitons de la création de ce ministère délégué. L'intégration de l'approche territoriale dans les orientations et décisions nationales est, il me semble, le premier objectif. Comment fédérer les initiatives locales dans un cadre national ? Mais aussi comment prendre en compte les spécificités locales ? La mise en place des PTCE traduit d'ailleurs ce besoin de mutualiser les expériences locales, de travailler autour des actions des territoires pour dessiner une stratégie globale... Le secteur a notamment besoin d'outils de financements adaptés !

document.jpgB. D. J'ajouterais que le nouveau ministère devra clarifier et définir l'ESS. Qu'est-ce qu'elle recouvre ? De quoi parle-t-on précisément ? Le flou autour de cette notion lui est nuisible. L'ESS n'est pas un fourre-tout mais une branche économique honorable... Mais sans un positionnement national clair sur sa nature, l'ESS ne peut pas réellement trouver la place qui lui revient. Pourquoi avez-vous rejoint le Conseil d'administration du RTES ? Quelles orientations souhaitez-vous donner au réseau ?

M. B-C. J'ai envie de contribuer à la réflexion autour de l'ESS sur le plan national, de confronter les initiatives à tous les échelons, d'échanger, en somme d'être partie prenante du développement du secteur... L'enjeu est double : il s'agit d'effectuer un travail d'échange de bonnes pratiques au sein du réseau mais aussi d'être une force d'ancrage de l'ESS au plan national.

B. D. Je rejoins avec détermination le conseil d'administration du RTES qui répond à ma conception de la mutualisation des expériences ! Travailler à plusieurs, et particulièrement autour des problématiques ESS, est essentiel. Le RTES est le lieu idéal pour s'enrichir mutuellement, ainsi que pour relayer les pratiques innovantes des acteurs locaux aux instances nationales. Le champ de l'ESS a prouvé son efficacité à contribuer au  « vivre ensemble » et à accompagner la transformation de nos territoires pour plus de solidarité. Et c'est par la force du collectif que nous arrivons à l'inscrire dans la durée pour en faire une politique régalienne.