Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

IAE Grand Est
Publié le 9 février 2017 - mis à jour le 20 février 2019

Insertion par l’activité économique Grand Est : Innover et Agir pour l’Emploi

Entretien avec Luc de Gardelle, gérant d'une entreprise d'insertion alsacienne et l'un des porteurs d'« IAE Grand Est : Innover et Agir pour l'Emploi », le groupement des structures d'Insertion par l'Activité Économique (IAE) à l'échelle de la nouvelle région Grand Est.

Pouvez-vous nous présenter votre projet de groupement ?

Il s'agit de créer à l'échelle du Grand Est un groupement des structures de l'IAE, qui fédère les 4 familles que sont les Entreprises d'Insertion (EI), les Entreprises de Travail Temporaire d'Insertion (ETTI), les Associations Intermédiaires (AI) et les Chantiers d'Insertion (ACI).

Ces 4 familles sont le plus souvent représentées de manière distincte au niveau national voire régional. Un tel groupement existait déjà dans l'ex-région Alsace avec l'Union Régionale des Structures d'Insertion par l'Economique d'Alsace - URSIEA, dont 98 % des structures alsaciennes de l'IAE sont membres. [4]].

La création de ce nouveau groupement est un moyen de mieux se connaître entre structures et entre territoires, dans l'objectif de chercher ensemble des solutions, d'être force de propositions, de porter nos valeurs avec plus de poids auprès des pouvoirs publics. Il ne s'agit pas de pénaliser les réseaux déjà existants dans les territoires.

François Robin, président d’IAE Grand Est.jpg

On souhaite que les acteurs de l'IAE et plus largement ceux de l'ESS réfléchissent ensemble et se regroupent pour inventer de nouveaux modes économiques qui correspondent à nos valeurs, pour faire face à la montée en puissance de nouveaux modèles portés par Uber ou Airbnb.

« IAE Grand Est : Innover et Agir pour l'Emploi » a été créé le 31 janvier 2017 et notre président, champardennais, est François Robin. Notre AG constitutive a eu lieu le 7 février.

Quels seront les axes de travail d'IAE Grand Est : Innover et Agir pour l'Emploi  ?

Il y a tout d'abord une reprise des activités que nous avions déjà dans le cadre de l'URSIEA avec :

-La représentation auprès des pouvoirs publics et acteurs économiques et sociaux.

-Le déploiement de la formation des salariés en insertion et des encadrants de structures. Nous souhaitons porter également le développement de « démarches qualité » au sein des structures elles-mêmes.

-L'essaimage de bonnes pratiques économiques et de projets d'envergure, en matière d'économie circulaire, de commerce de proximité, ou d'économie numérique et de nouvelles technologies comme vecteur de développement des SIAE (certaines de nos entreprises déposent des brevets sur l’invention de nouveaux produits).

A plus long terme, nous souhaitons également développer un axe fondamental de « recherche & développement » en mettant en place des groupes de réflexion et de travail sur les modes économiques de demain. On souhaite permettre l'intégration de tous au monde du travail ou en tout cas trouver et tester de nouveaux modes de travail qui permettent l'intégration de tous. Il s'agit d'être les inventeurs de l'économie que nous voulons pour demain. C'est dans ce genre de groupement que doit battre le cœur de l'IAE et plus largement de l'ESS.

Nous travaillons actuellement à un schéma directeur de l'IAE dans le Grand Est pour l'été prochain, qui reprendra l'ensemble de ces axes. Cela nous permettra de travailler à long terme, en élaborant ce plan sur 3 ou 4 ans avec le Conseil régional et la DIRECCTE.

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Justement, quels sont vos liens avec les collectivités territoriales ?

De manière générale, les liens ont toujours été très forts entre l'IAE et les collectivités territoriales, mais ils sont variables selon les territoires et les spécificités locales.

Comme je vous le disais, l'un de nos objectifs va être de démultiplier les bonnes pratiques des différents territoires. Par exemple en Champagne-Ardenne il y a une grande force d'innovation économique avec plusieurs PTCE, en Lorraine il y a une réflexion intéressante sur les nouvelles formes d'accompagnement.

Concernant le déploiement de la formation, nous souhaitons prendre en charge l'ingénierie du nouveau plan de formation de grande envergure qui va être décliné au niveau de la région Grand Est (voir l'interview de Catherine Zuber). Ce plan existait déjà en Alsace et il permettait aux salariés en insertion accueillis dans nos structures de pouvoir bénéficier de formations en lien avec leur projet personnel et pas forcément en lien avec l'activité de l'entreprise. L'URSIEA s'occupait de l'ingénierie du plan avec un financement du Conseil régional, de la DIRECCTE et des Conseils départementaux. En 2015, il y a ainsi eu 148 actions de formation dans 96 SIAE participantes qui ont permis de former 2 079 personnes pour 109 296 heures et un budget de 1 226 609 €. [5]

Enfin, le fait que l'on souhaite être force de propositions avec ce regroupement va nous amener à renforcer encore nos liens avec les collectivités.

Comment vivez-vous le contexte actuel de fusion dans la nouvelle région Grand Est ?

Comme pour toutes les nouvelles régions, la fusion en cours dans le Grand Est au niveau du Conseil régional, des services de l’État et des têtes de réseaux n'est pas évidente.

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Concernant notre groupement, il aurait dû se créer en septembre dernier et il ne se lance finalement qu'en février 2017. Certaines structures ne sont pas encore prêtes ou ne veulent pas nous rejoindre, mais selon moi ce n'est pas un problème. C'est très bien qu'il n'y ait pas de monopole, qu'il y ait une complémentarité avec d'autres réseaux et que l'on entende d'autres sons de cloche.

Ces fusions prennent du temps parce que justement il faut prendre le temps d'apprendre à se connaître, mais il ne faut pas s'arrêter sur nos divergences, à des points de détail. Ce qui nous aide et ce qui nous permet d'avancer plus vite, c'est justement notre volonté, dans ce moment d'incertitude, de prendre les choses en main et d'être force de propositions.