Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Kazabrok
Publié le 4 octobre 2018 - mis à jour le 15 février 2019

Kazabrok : une brocante sociale et éco-responsable en Guadeloupe

Installée sur le territoire de CAP Excellence en Guadeloupe, l'association Kazabrok se définit comme une brocante sociale et solidaire, alliant insertion par l'activité économique et gestion des déchets. « Kaza » comme la case antillaise et « brok » pour brocante. Entretien avec son fondateur, Franck Phazian.

Pouvez-vous nous présenter Kazabrok, son activité et ses origines ?

Proche de la philosophie Emmaüs, notre brocante solidaire a été créée en 2007 et est devenue l'association Kazabrok en 2009. Elle poursuit un double objectif : tendre vers le zéro déchet ultime tout en insérant des publics en difficulté, notamment des jeunes sous main de justice. J'ai comme principe de trouver une solution avec deux problèmes majeurs de notre territoire, que sont la précarité sociale et la délinquance d'une part, et la gestion des déchets d'autre part.

Kazabrok constitue notre showroom de mise en revente des articles (textile, meubles, électroménager, déchets d'équipements électriques et électroniques « DEEE ») que nous récupérons au sein d'une autre association « Kazarecycle », notre atelier de triage, réparation et revalorisation. Kazarecycle est reconnu comme point de collecte éco-organismes, où les particuliers viennent directement déposer leurs articles auprès de nos réceptionnistes. Nous leur offrons aussi la possibilité de prendre rendez-vous par téléphone et nous venons récupérer leurs articles à domicile, grâce à un camion qui sillonne toute la Guadeloupe. Nous récupérons de 6 à 8 tonnes de textile par mois et 4 tonnes d'électroménager par mois environ.

En tant qu'association d'insertion, nous accueillons 10 jeunes par an en contrat d'insertion (emplois aidés CUI-CAE devenus emplois d'avenir). En partenariat avec le Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et le Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (SPIP), nous accueillons également une cinquantaine de jeunes effectuant des Travaux d'Intérêt Général (TIG). Nous sommes également en contact avec plusieurs écoles afin de redynamiser des mineurs en situation de décrochage scolaire.

L'objectif est d'apporter de nouvelles compétences à ces jeunes, voire de faire émerger des talents en tentant de les aiguiller vers différents corps de métier : électrotechnique, tôlerie, ébénisterie, chaudronnerie, vente, mécanique vélo, tri sélectif…

Ils sont encadrés par des tuteurs, salariés en contrats d'adultes-relais dans le cadre de la Politique de la ville, qui ont souvent connu le même parcours que ces jeunes. Une vingtaine de bénévoles viennent également nous donner un coup de main en échange de matériel qu'on leur donne (vêtements ou électroménager).

Nous avons également mis en place un pôle « Kazasocial », d'accompagnement des anciens salariés dans leurs démarches administratives, dans leur recherche d'emploi ou dans leur projets de création d'activités. Kazasocial permet aussi de les mettre en relation avec d'autres institutions telles que Pôle Emploi ou la Mission locale.

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Quelles sont vos perspectives d'avenir ?

La fin des contrats-aidés nous met en grande difficulté financière, mais nous tenons grâce à la diversification de nos activités. Nous développons ainsi plusieurs projets tels que :

• « Kazavélo », un atelier de recyclage de vélos usagers qui sont mis à disposition de jeunes des quartiers prioritaires, en échange du suivi d'un stage de sensibilisation à la sécurité routière.

• Depuis deux ans, nous développons un projet original de création de récifs artificiels en milieu marin à partir d'objets récupérés. Ces récifs artificiels, créés en incorporant des lests en béton de machines à laver, favorisent la reproduction et la protection de post-larves et de poissons juvéniles. Nous travaillons en partenariat avec des scientifiques et nous souhaitons développer cette action sur d'autres lagons de l'archipel.

• Un atelier de détournement d'objets, de fabrication d'objets d'arts, et un chantier d'ébénisterie pour la revalorisation de bois anciens. Nous travaillons également avec le monde du théâtre, du cinéma et de la production de vidéos, qui viennent louer du matériel pour équiper leurs décors.

Quels sont vos liens avec la communauté d'agglomération CAP Excellence ?

Nous sommes installés sur un terrain de 7300 m² mis à disposition, initialement par le Conseil départemental et aujourd'hui par CAP Excellence, sur le site de l'ancien aéroport des Abymes.

CAP Excellence nous apporte également un soutien en ingénierie et de mise en relation. La communauté d'agglomération fait actuellement un gros travail pour mettre en place des outils d'accompagnement et des moyens financiers. Nous sommes installés dans des locaux que nous avons nous même montés à partir de vieux conteneurs et de tôle. CAP Excellence souhaite pérenniser notre activité et nous a notamment aidés à répondre à un appel à projets conjoint de l’État, de la Région et du Département de Guadeloupe « Prévention des déchets – création de recycleries et ressourceries » pour financer la construction d'un nouveau bâtiment mis aux normes et adapté, qui serait accolé à la déchetterie de Grand Camp pour travailler de manière plus efficace dans le cadre d'un pôle de valorisation des déchets. Le projet est en cours, nous travaillons actuellement avec des architectes. Au-delà de la partie recyclerie, nous réfléchissons avec CAP Excellence à la mise à disposition de locaux dans les 3 villes de l'agglomération, qui pourraient servir de magasins de revente en proximité des publics en difficulté.

Kazabrok est également partenaire du Mois du Développement Durable en sensibilisant les riverains au recyclage. Dans le cadre de la Politique de la ville, nous menons également des actions de lutte contre les dépôts sauvages de DEEE, en les récupérant pour qu'ils partent ensuite en usine de traitement.

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