Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 17 janvier 2014

« L’ESS ne doit pas être isolée mais partenaire de tous les projets »

Après un parcours dans l'Éducation Nationale, élue en 2001, Marie Fabre est depuis 2008 vice-présidente en charge de l’économie sociale et solidaire et de l’insertion à la Communauté Urbaine de Dunkerque. S'appuyant sur son engagement de proximité, associatif et politique, et sur sa connaissance des secteurs de la formation et de l'insertion, elle milite pour une plus grande visibilité et transversalité de l’ESS.

Quels ont été vos premiers chantiers à la Communauté Urbaine de Dunkerque ? Quand je suis arrivée, en tant que nouvelle élue de l'ESS, il a fallu que je m'imprègne de tout un vocabulaire et que je me forge ma propre vision de ce monde. Ce qui ne fut pas simple ! Afin que l'ESS soit davantage lisible, il a fallu travailler sur un vocabulaire et des modes de faire adaptés à notre société actuelle. Dans cette optique, nous avons donc créé un site Internet, « Dessine » [104], véritable vitrine de l’ESS sur le territoire avec un annuaire des acteurs de l’ESS qui présente les produits et les services proposés par les structures. L'objectif étant de valoriser, en un même lieu virtuel, des acteurs qui portent les mêmes valeurs, mais qui sont dispersés sur le terrain. Le site propose également des informations utiles aux acteurs et porteurs de projets : appels à projets, formations, actualités notamment liées à la loi ESS ainsi que l’offre d’accompagnement et d’animation que réalise Entreprendre Ensemble [105]. Tous ces éléments sont repris dans une newsletter. Toujours dans l'objectif de favoriser la lisibilité de l'ESS, nous avons cherché un lieu « vitrine » des acteurs, qui complète la promotion faite par le site Internet. Les conclusions d'une étude que la ville de Dunkerque a commanditée nous ont amenés à travailler sur l'idée d'un « quartier de l'ESS ». Nous ne sommes qu'au début du projet, mais l'objectif est de donner une identité et une dynamique « ESS » à un quartier de la communauté urbaine, en favorisant l'implantation de toutes les activités qu'elle peut concerner : économiques, culturelles, environnementales... C'est l'un des grands projets des années à venir, qui doit favoriser le changement d’échelle de l’ESS comme le souligne la loi ESS du gouvernement. Comment organisez-vous le travail en interne et avec les autres collectivités ? L'ESS est tellement transversale que si nous ne cherchons pas, en interne, un mode de travail différent, nous ne développerons rien ! L'économie sociale et solidaire est intégrée au service économique, parce qu'elle en est une composante incontournable et peut amener une réponse innovante au développement territorial, mais l'objectif est également de réussir à injecter sa politique dans les autres politiques de la CUD. Pour favoriser ce fonctionnement, nous mettons en place depuis un an une organisation particulière en interne. Dans chacun des services, une personne « relais » nous alerte sur les potentialités pour l’ESS ou les besoins d'amélioration. Nous organisons des rencontres trimestrielles entre ces personnes « relais » et Entreprendre Ensemble où nous échangeons, débattons, construisons... L'objectif étant que l'ESS ne soit pas isolée mais partenaire de tous les projets. Notre objectif est également de renforcer le partenariat avec les communes de l’agglomération autour de la promotion de l’ESS. Avec la Région, nous travaillons de longue date dans le cadre du Plan Local de Développement Économique (PLDE) [106] notamment. Nous avons été les premiers à monter au créneau pour intégrer l’ESS dans les PLDE: aujourd’hui, l’ESS est l'un des axes de notre PLDE. Le nouveau contrat de territoire signé avec le Conseil général en 2013 intègre également des points importants pour nous, comme les circuits courts, les services à la personne … Et puis, avec les collectivités voisines, nous avons une grande tradition de partenariat sur le territoire. Les clivages politiques existent, évidemment, mais ils peuvent être dépassés quand on travaille pour le territoire. Vous avez adhéré au RTES en 2013. Qu'êtes-vous venue chercher dans le réseau ? L’intérêt pour nous est d’aller puiser dans la richesse du réseau, de voir ce qui a été créé ailleurs, s’inspirer ce qui se fait, pour mieux répondre aux besoins de la population de notre territoire. En tant qu'élus, nous devons avoir les pieds sur le terrain, en accompagnant les bénévoles et associatifs - de plus en plus en difficultés aujourd’hui - tout en ayant une vision à long terme. Ce n'est pas évident quand on est au quotidien sur le terrain ! Le RTES me permet d'avoir des éléments et des espaces d'échanges, de participer à une réflexion commune. De prendre du temps, pour donner toujours plus de sens à mon action. Retrouvez les grands axes de la politique ESS de la CUD