« L’ESS, un projet politique humaniste qui a vocation à inspirer le monde économique »
Maire de Forcalquier depuis 2001, Christophe Castaner a rejoint l'exécutif de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur en 2004 comme Vice-président à l'aménagement du territoire. Depuis 2010, il est en charge de l'économie, de l'emploi et de l'enseignement supérieur. Cette vaste délégation permet un pilotage transversal centré sur l'emploi où l'ESS joue un rôle d'exemplarité.
Quelle place occupe l'ESS en région PACA ?
L'ESS régionale connaît une forte croissance, c'est un secteur économique dynamique qui compte 50 000 entreprises et 155 000 salariés. Elle représente plus de 13 % de l'emploi privé alors que l'emploi industriel n'en représente plus que 8 %. Plus largement, l'ESS porte, selon moi, un projet politique humaniste d'une économie différente et innovante qui a vocation à inspirer le monde économique. Les politiques régionales de développement économique visent d'ailleurs à favoriser la diffusion des bonnes pratiques de l'ESS. Il ne s'agit pas pour les entreprises de changer de statut juridique mais de mieux prendre en compte les aspects sociaux et environnementaux dans leur développement.
Comment se traduit cette diffusion de bonnes pratiques ?
Nous avons notamment mis en place les Pôles régionaux d’innovation et de développement économique solidaire (Prides) que nous pourrions définir comme des clusters de proximité. Ces pôles regroupent des PME et TPE, dont certaines du secteur ESS, avec pour objectif de développer la coopération et la mutualisation par secteur pour renforcer leur compétitivité et leur capacité d'innovation technologique mais aussi sociale. En outre, le soutien financier de la Région de certains projets dans le cadre des Prides est conditionné par la prise en compte de critères de développement durable dans leurs projets.
Quels sont les programmes destinés plus spécifiquement aux acteurs de l'ESS ?
Nous avons voulu sortir d'une approche uniquement statutaire en travaillant à la notion d'utilité sociale, qui trouve appui sur la définition d'indicateurs par les acteurs eux-mêmes. Cette orientation initiée lors de la précédente mandature avec PROGRESS (Programme régional de développement de l'économie sociale et solidaire), va être renforcée et ouverte à tous les types d'entreprises par la mise en place des Contrats d’Expérimentation pour le Développement Responsable de l’Emploi (Cedre). Ce dispositif d'aide est doté d'un budget de cinq millions d'euros. Ces programmes nous permettent d'agir de l'amorçage d'un projet à son développement, et d'accompagner une entreprise ayant un projet de développement intégrant les principes de la RSE. J'insiste sur le fait que les indicateurs élaborés ne sont pas seulement un filtre pour sélectionner les projets mais aussi des outils d'accompagnement au service d'une démarche de progrès.
La finalité et l'utilité sociale des projets ont donc plus d'importance que le statut de l'entreprise ?
Les statuts de l'ESS correspondent à un état d'esprit collectif des porteurs de projet. Ce choix constitue donc un indicateur important. Mais si nous souhaitons aller vers un changement de modèle économique nous devons aussi accompagner d'autres types d'entreprises pour qu'elles améliorent leurs pratiques en matière d'environnement ou de répartition des richesses produites. Nous voulons un changement de culture et pour cela nous devons montrer que toute entreprise, si elle est accompagnée, est capable de participer à un développement plus harmonieux de son territoire. Nous devons donner envie aux acteurs économiques d'aller vers une économie responsable. La preuve par l'exemple est le meilleur moyen d'y parvenir.
Pour en savoir plus sur l'ESS en PACA.
Pour en savoir plus sur PROGRESS.
Pour les adhérents au RTES, vous pourrez en savoir plus sur CEDRE et PROGRESS en consultant, une fois connecté, le compte-rendu consacrée à l'utilité sociale : http://www.rtes.fr/Documents-de-la-journee-du-26
Photo cc : kevindooley et theknowlesgallery