Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 11 avril 2016

L’essor d’une monnaie indigène au Mexique

Un article du Courrier, quotidien suisse d'information, présente le túmin, une monnaie locale complémentaire créée en 2010 en milieu rural pour sortir des familles de l’extrême pauvreté, et qui se développe aujourd'hui dans les milieux urbains mexicains branchés.

Né en 2010 dans la municipalité d’Espinal, au nord de la région de Veracruz, le túmin s'inspire du modèle zapatiste qui prône l’autonomie des peuples ainsi que des pratiques ancestrales de troc de la communauté. A l'origine monnaie solidaire articulée à un marché alternatif d’économie solidaire crée par un groupe d’étudiants et d’universitaires, en concertation avec des habitants d’Espinal et le Réseau unis pour les droits humains, le túmin fleurit aujourd'hui dans les milieux alternatifs.

Il a permis à de nombreuses familles de sortir de l’extrême pauvreté en ayant accès aux produits de première nécessité sans être dépendants du système monétaire dominant. En effet,la valeur du túmin se base sur ce que l’on produit, et non sur ce que l’on détient, c'est une monnaie de producteurs/consommateurs. Contrairement à d’autres monnaies complémentaires, le túmin ne peut pas s’acheter. Chaque nouvel adhérent se voit remettre gratuitement 500 túmines en une seule fois. A lui de faire circuler ce capital au sein du réseau.

En 2012, la Banque du Mexique a lancé une procédure en justice contre les utilisateurs du túmin pour fabrication et émission illégale de monnaie, et concurrence déloyale au peso mexicain. Malgré plusieurs expertises anthropologiques et économiques démontrant que ces accusations étaient infondées, le cas n’a pas été classé, et la procédure est toujours en cours.

Cela n'a pas empêché le túmin de se développer dans d'autres Etats tels que l'Oaxaca, au Chiapas, à Puebla, à Ciudad de Mexico et même dans l’Etat du Tabasco, situé à plus de 800 kilomètres d’Espinal, dans les milieux urbains branchés. Face à cette extension fulgurante, la pérennité du projet, dans ses objectifs initiaux, réside dans la régionalisation, comme au Chiapas, où un groupe de tuministes s’est par exemple organisé pour créer son propre réseau.

Retrouvez l'article du Courrier.