Le Périscope, une vision à 360° de l’ESS et de l’innovation sociale
Prochainement, le Périscope inaugurera ses nouveaux locaux à Ramonville, à une dizaine de kilomètres de Toulouse. Se définissant comme Pôle Territorial de Coopération Économique, cette association midi-pyrénéenne héberge au cœur de son bâtiment 12 structures de l'ESS locale [22]. Ce pôle poursuit deux vocations : créer et consolider des activités économiques responsables et solidaires, et faire émerger, générer, et accompagner innovations sociales et expérimentations économiques. Rencontre avec Monique Dufresne, présidente de l'association Périscope et dirigeante de la Scop La Maison de l'Initiative.
Le Périscope, en quelques mots, qu'est-ce que c'est ?
Le Périscope est un réseau d'acteurs de l'ESS, d'entreprises responsables, d'associations de citoyen-es et de collectivités territoriales qui renforcent leur dynamique de coopération et de mutualisation.
C'est aussi l'hébergement de structures de l'ESS dans un nouveau bâtiment, lieu emblématique de la création et du développement d'entreprises et d'activités solidaires sur le territoire.
Juridiquement, c'est une association gestionnaire actant d'une gouvernance collective entre collectivités territoriales, acteurs de l’ESS et entreprises, usagers et bénéficiaires au service du développement économique équilibré de l'aire toulousaine.
Livré à la fin de l'année 2015, le bâtiment accueille, au cœur du Parc Technologique du Canal [23], à Ramonville, 12 structures locataires qui œuvrent à la création d'activités dans l'ESS, la formation et la recherche, la solidarité internationale et l'innovation sociale. Le Périscope a pour objectif de favoriser la synergie et le développement de partenariats économiques entre l'ESS et les entreprises du territoire.
Pouvez-vous nous parler de la genèse de la structure ?
Le projet Périscope n'est pas l'effet du hasard sur ce territoire, il est le produit d'une histoire ancienne et dense entre des réseaux, acteurs et entreprises solidaires réunis depuis longue date au sein de la Maison de l'Economie Solidaire.
Cette expérience de collaboration et de mutualisation de moyens et de locaux a été éprouvée avec l'appui de collectivités territoriales, notamment de la Communauté d'Agglomération du Sicoval et de la Région Midi-Pyrénées, qui ont contribué par leur politique aux regroupements et collaborations des acteurs de l'ESS sur ce territoire.
C'est grâce à la détermination de ces acteurs historiques que Le Périscope a pu voir le jour.
En 2012, un groupement d'acteurs de l'ESS du territoire s'était constitué de manière informelle, à travers un groupement de préfiguration baptisé Genies. L'objectif de ce regroupement était d'accompagner la phase de mise en œuvre du PTCE déjà reconnu pôle témoin. Il s'agissait également d'identifier un lieu dans lequel les structures ESS pourraient être hébergées dans de bonnes conditions favorables à la coopération. Le partenariat avec la Communauté d'Agglomération Sicoval a permis de lancer le projet de manière concrète. La collectivité, appuyée par le Conseil Régional a ainsi investi et remis à neuf le bâtiment dans lequel nous sommes aujourd'hui et dont elle est le bailleur. De notre côté, Genies s'est doté d'un statut officiel le 17 décembre 2013, en devenant l'association Le Périscope.
Qui sont les membres du Périscope ?
Aujourd'hui, l'association compte 37 adhérents (dont 12 sont locataires du bâtiment). Cela représente 310 ETP, plus de 800 coopérateurs en SCOP ou SCIC, 500 bénévoles et 8700 usagers, un poids économique de plus de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Trois collectivités font également partie du Périscope en étant membres du Conseil d'administration. Il s'agit du la communauté d'agglomération du Sicoval, de la Région Midi-Pyrénées et de la commune de Ramonville. Nous bénéficions également de l'appui d'un doctorant chercheur, facilitateur de la démarche de coopération au sein du pôle.
Quels liens entretenez-vous avec les collectivités ?
S'agissant d'un projet en phase de démarrage, nos liens sont évidemment très forts. Les premières années du Périscope reposent en effet sur l'investissement financier des collectivités dans le projet. Mais de manière opérationnelle, nous travaillons en relation avec leurs services pour créer du lien avec les entreprises de la zone.
Justement, quels exemples pouvez-vous nous donner sur la rencontre entre structures ESS et non ESS ?
Nous avons plusieurs outils qui permettent cette rencontre.
D'une part, les locaux que nous occupons comportent des espaces locatifs intéressants pour des entreprises, salles de réunion équipées, services de restauration pour réunions et séminaires.
Nous avons un espace de coworking dédié à des entrepreneurs indépendants comme à des salariés nomades.
Nous proposons également différents formats de rencontres, de formations, ateliers, conférences sur des sujets concernant les acteurs économiques mais aussi les citoyens.
Comment envisagez-vous de pérenniser le développement d'affaires entre les structures ESS locataires et les entreprises voisines ?
Nous venons de créer une conciergerie solidaire dont l'objectif est de rendre des services de qualité aux entreprises du territoire et à leurs salariés. Elle met en relation ces besoins avec les structures adhérentes du Périscope ou avec des partenaires sélectionnés selon des critères environnementaux, sociaux, de proximité répondant à la charte.
Le but est de donner du sens aux services rendus, tout en renforçant le développement économique des structures ESS.
Le Périscope n'a pas été retenu parmi les PTCE lauréats [24] lors du deuxième appel national. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
Tout d'abord une certaine incompréhension et des regrets même si nous pouvons comprendre que nous n'étions pas seuls à candidater. C'est un manque à gagner certain, qui n'est pas sans conséquence sur la fragilité de projets tels que Le Périscope ou tout autre PTCE en phase de démarrage. A mon sens, c'est très bien que les PTCE soient inscrits dans la loi, mais c'est encore mieux d'avoir les moyens financiers pour les développer. Les collectivités jouent le jeu, mais au niveau de l’État, il faut définitivement plus de force.
Quelles sont vos relations avec les autres PTCE de votre territoire, les labellisés et non-labellisés ?
Tout cela est relativement récent et les relations se mettent progressivement en place.
Prochainement les PTCE de la région doivent se rencontrer et travailler ensemble sur des besoins et des problématiques communs.
Sans attendre ces rencontres formelles, nous avons l'habitude de travailler avec le PTCE toulousain retenu lors du premier appel à projet, les Imaginations Fertiles, anciennement La Serre. Nous avons fait appel à leurs compétences et à leur expérience lorsque nous avons dû concevoir notre espace de co-working. De même nous intégrons le Pass co-working commun afin de faire une offre de service concertée pour les co-workers toulousains.
Quelles sont les prochaines étapes du Périscope ?
En interne, nous allons avoir besoin de renforcer notre organisation, consolider l'animation et pérenniser notre modèle économique. Aujourd'hui l'association compte un salarié, en charge du développement. Nous prévoyons l'embauche d'un régisseur en cours d'année, qui sera en charge des aspects techniques locatifs. Nous aimerions pouvoir nous doter de ressources en animation, que ce soit par un ou une salarié ou par l'implication des adhérents au projet collectif du Périscope.
Mais ce ne sont que les moyens nécessaires à la mise en œuvre des projets, la prochaine étape, après notre installation toute récente, est de faire vivre ces projets.