Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 31 août 2009

Le statut Scic redynamise le centre d’abattage de Chalais - Charente

Comment assurer la mise aux normes d’un équipement indispensable aux acteurs de la filière agro-alimentaire ? Jean-Yves Le Turdu, conseiller régional Poitou Charentes nous rappelle les circonstances et les apports de la création d’une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) permettant la prise en compte d’intérêt croisés.

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Un statut Scic pour sortir d’une impasse

Le centre d'abattage de la ville de Chalais dans le Sud Charente rencontrait de sérieuses difficultés économiques avec un déficit chronique depuis trois ans et des investissements importants à réaliser pour effectuer la mise aux normes demandée par la Direction des services vétérinaires. La mairie ne souhaitait pas poursuivre la gestion de cet équipement. « Face à une situation bloquée, nous avons souhaité que soit convoquée une réunion de l'ensemble des parties concernées par le dossier. Il est apparu que les investissements à réaliser n’étaient pas insurmontables et qu'une partie des bouchers et éleveurs était très attachée à cet outil de proximité », explique Jean-Yves Le Turdu. En effet, historiquement l'abattoir est une vieille institution de la ville de Chalais. Il ne représente pas un volume d'abattage important mais il occupe une place déterminante sur le département du fait de la fermeture progressive des autres centres d'abattage. « Nous avons alors proposé de créer une Société coopérative d’intérêt collectif. Ce montage de Scic n’a pas suscité d'enthousiasme immédiat. Tout était à construire faute d’exemple équivalent en France. Mais l'intérêt pour le territoire, et le dynamisme du président national du Syndicat des bouchers en coopérative ont fini par emporter l'adhésion des acteurs concernés. L'Urscop, financée largement par le Conseil régional, et Charente Développement ont été chargé de l’accompagnement et réalisation administrative du projet ». L'étape suivante a été de convaincre le préfet de l'intérêt collectif du centre d'abattage et de montrer qu'il ne dérogeait pas aux règles de la concurrence. L'ensemble des élus du territoire a soutenu le projet auprès de la préfecture et obtenu un agrément pour la Scic.

Une gouvernance en 5 collèges

La Scic s’est constituée autour de 5 collèges regroupant chacun les éleveurs, les grossistes, les salariés, les bouchers et les collectivités locales (ville de Chalais et communautés de communes). Jean-Yves Le Turdu souligne le rôle essentiel des bouchers qui ont accepté d'apporter jusqu’à 50 % du capital pour ne conserver qu'une minorité de blocage avec un tiers des voix. La présidence de la Scic est assurée par le Président du Pays Sud Charente, par choix des grossistes et bouchers pressentis dans un premiers temps.

La région Poitou Charentes a joué un rôle d'impulsion et de soutien au projet. Elle n'est pas entrée au capital de la SCIC mais s’est engagée à apporter les subventions nécessaires pour atteindre le plafond légal de 40% pour les travaux de modernisation et de développement. « Soutenir une initiative de ce type s’inscrit complètement dans la politique régionale qui vise à favoriser un développement économique endogène et à promouvoir une politique agricole basée sur les circuits courts et une agriculture extensive de qualité et biologique. »

Des intérêts mutualisés

Pour Jean-Yves Le Turdu, ce statut Scic a permis de faire se rencontrer les intérêts des acteurs concernés par cet outil. La démarche permet notamment de fidéliser les clients de l'abattoir. « En les faisant rentrer au capital de la Scic, le centre devient leur outil. Ils s’engagent sur un volume minimum d'abattage assurant déjà l'équilibre économique de l'activité. Pour les collectivités locales, devenir actionnaire de la Scic, c'est prendre part à un outil structurant pour leur territoire. Enfin, la constitution de la Scic a permis un vaste travail partenarial et a amené des acteurs a priori loin de l'ESS, comme des bouchers ou des grossistes, à s'intéresser à ces fonctionnements sortant du champ économique classique. » Aujourd'hui cette idée de transformer des abattoirs municipaux en SCIC commence à faire son chemin. Un projet est en cours en Ariège pour sauver un petit centre d'abattage rural répondant aussi à des besoins de proximité.

Scic Centre d'abattage Sud Charente rue Jean Rémon 16210 CHALAIS 05 45 98 11 83