Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 15 septembre 2014

Mieux soutenir les initiatives économiques solidaires des jeunes : retours de la rencontre organisée le 3 juillet par Développements et Humanisme

Le 3 juillet 2014 avait lieu une riche journée de dialogue entre acteurs et partenaires de l’étude menée depuis 3 ans par Développements et Humanisme, suite à l’étude "Jeunes et initiatives économiques solidaires" réalisée en 2010 pour le RTES. Porteurs de projets, chercheurs, élus, institutionnels, ont débattu des principaux résultats de cette étude de suivi de 14 entreprises d’ESS fondées par des jeunes, dans cinq territoires différents : Franche-Comté, Rhône-Alpes, Limousin, Midi-Pyrénées, Meurthe-et-Moselle.

Isabelle Laudier et Géraldine Welter, pour la Caisse des dépôts, ont souligné l’intérêt d’un travail de terrain, mené dans la durée, qui permet de mieux comprendre les dynamiques émergentes et les impacts, notamment territoriaux, de ces projets. Henri Arévalo, vice-président du RTES, a également salué la qualité du travail mené dans la durée, permettant l’approfondissement d’une question que le RTES a eu à cœur de poser il y a quelques années: "parce que l’ESS peut/doit être l’économie pour les générations futures, nous avons plus que jamais besoin d’initiateurs dans les territoires". Au travers de la présentation de l’étude et des témoignages de porteurs de projet (Olivier Cagnon et Constance Launay pour Court-circuit, une ressourcerie associative dans la Creuse, et Ghazi Frini, pour un bar restaurant en scop à Lyon), les dimensions d’innovation et d’utilité sociétale de ces initiatives ont été mises en relief : innovations dans le produit ou service, dans le mode de production et de gouvernance, et dans les relations avec l’environnement. L’importance du collectif, collectif qui permet une mutualisation du risque mais qui relève aussi d’un choix positif, a été soulignée. Ce collectif entraîne des besoins d’accompagnement peu couverts, notamment sur les questions de gouvernance. La motivation à toute épreuve des porteurs, leur désir d’entreprendre collectivement, l’ancrage territorial de leurs réalisations, leur dynamisme pour aller à la rencontre de multiples partenaires, leur capacité d’élargir ou réorienter leurs activités, sont les principaux ressorts qui permettent à ces entreprises de résister dans la durée. Danièle Demoustier a souligné que ces projets s’inscrivent dans des mutations, économiques, sociales et culturelles : avec notamment une redéfinition des relations entre l’individuel et le collectif (des individus autonomes qui ne se fondent pas dans le collectif), et une référence forte au développement durable et à l’utilité sociétale. Six rapports spécifiques peuvent être identifiés: rapport au temps (pas linéaire) ; à l’espace (ancrage territorial et réseau relationnel élargi) ; à l’autonomie ; au travail (distinction salarié-bénévole n'a pas forcément de sens) ; au pouvoir; et au savoir et compagnonnage. Sarah Boukaala, conseillère déléguée de la région Rhône-Alpes en charge de la jeunesse, et Ghislaine Jeannot-Pagès, vice-présidente ESS de la région Limousin, deux des collectivités partenaires de l’étude et de projets étudiés, ont témoigné des enjeux des croisements des politiques jeunes et ESS, et présenté quelques actions spécifiques pour les jeunes mises en place ou à l’étude : -En Rhône Alpes, accompagnement à la création d’entreprises dans les lycées par des acteurs ESS (et pas seulement par la CGPME et le Medef) et aide financière pour des projets ayant bénéficié d’une 1ère aide à l’émergence de 1000 € et ayant des besoins en terme de développement ne pouvant tout de suite être soutenus par d’autres dispositifs de la région. -En Limousin, soutien au réseau de compagnonnage Repas, actions de sensibilisation auprès des étudiants et non étudiants, … Ces actions sont menées en complément des stratégies régionales de développement de l’ESS. Plusieurs préconisations ont été présentées : -renforcer les actions auprès des "oubliés de la création", les moins qualifiés ; -développer des espaces d’expérimentation sur les territoires ; -proposer des accompagnements plus souples et réactifs, avec par exemple des « droits de tirage », et combinant appui technique et financier aux appuis en matière de gestion collective et gouvernance (avec intérêt de développer phases d’immersion dans les entreprises d’ESS) ; -s’appuyer sur des jeunes porteurs en action depuis quelques années pour appuyer ceux qui se lancent ; -faciliter l’inscription dans des réseaux ; -aider au rebond en cas d’échec. L’étude et la journée confirment en tout cas l’importance de considérer les jeunes créateurs d’entreprises de profil ESS avant tout comme des partenaires actifs du chantier permanent de renouvellement de l’ESS. Réalistes mais modestes, restant fragiles, ces entreprises peuvent être vues comme des tentatives de faire de la solidarité le référentiel d’une activité économique.

Le rapport final de l’étude pluriannuelle est disponible auprès de Développements et Humanisme. Il fait suite à un certain nombre de documents antérieurs également accessibles en ligne : les lettres aux partenaires n°1 et n°2, le rapport annuel de novembre 2012 et le rapport thématique de novembre 2013.

Retrouvez : -l'étude "Économie sociale et solidaire : des jeunes créent et développement des activités économiques", publiée en septembre 2014 -la synthèse de cette étude -l’étude "jeunes et initiatives solidaires", publiée en 2010 -l’historique de la démarche