Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 6 juillet 2015

Monnaies locales en débats à Boulogne sur Mer, Nantes et en Champagne Ardenne

Deux rencontres étaient organisées autour des monnaies locales complémentaires en ce début du mois de juin, la première à l’initiative de la communauté d’agglomération de Boulogne sur Mer et la seconde au Conseil régional des Pays de la Loire. Deux territoires précurseurs dans le domaine, puisque le Bou’sol fête ses 2 ans, et que SoNantes a été lancée en avril. Le CESER Champagne Ardenne vient pour sa part d'adopter à l'unanimité un avis sur les monnaies locales complémentaires

Boulogne sur mer : le point sur Bou'sol et série de mini-films

La rencontre de Boulogne sur Mer était coorganisée par l’APES Nord Pas de Calais. À l’ordre du jour : partage des premiers retours de Bou’sol, point d’étape sur les autres projets de Monnaies locales complémentaires en région, et réflexion sur leur articulation possible. Bou’sol, s’il n’est encore aujourd’hui utilisé que par 200 solistes, est un important champ d’expérimentation : c’est la première monnaie à être acceptée pour le paiement par exemple du service urbain de transport, un partenariat vient d’être initié avec la Poste pour pouvoir s’approvisionner en Bou’sol, et un travail est engagé avec les CCAS pour qu’une partie des aides puisse être versée en Bou’sol. Une série de courts films, "La monnaie locale, un outil de développement local", avec le témoignage de plusieurs élus du Nord pas de Calais, a été présentée en avant-première. Cinq films de 5 minutes autour de : Pourquoi mettre en place une monnaie locale ? Avec qui et pour qui mettre en place la monnaie ? Comment mettre en place une monnaie locale ? Une monnaie locale, sur quel territoire ? Une monnaie locale, dans 10 ans ? « Cap vers des échanges qui ont du sens », ce slogan du Bou’sol illustre bien l’enjeu de la monnaie rappelé par Patrick Viveret à Boulogne sur Mer et à Nantes. La question première est moins celle de la monnaie, que celle de la richesse : qu’est-ce qui fait la richesse d’un territoire, quelles sont les activités nuisibles ou bénéfiques ? Comment rendre visibles les richesses des activités aujourd’hui invisibles ou dévalorisées ?

Nantes : présentation de la mission nationale d'étude sur les MLC

A Nantes, la rencontre s’est ouverte par un hommage à Hélène Combe, décédée récemment et qui a porté avec force la question des richesses et de la citoyenneté, en Pays de Loire et ailleurs. Autour de la présentation de la mission d’étude de Jean-Philippe Magnen et de Christophe Fourel « D’autres monnaies pour une nouvelle prospérité », l’intervention de Bernard Liétar, la table ronde et les échanges avec les participants, ont souligné les enjeux économiques et politiques des MLC. Parmi les propositions de la mission qui ont été retenues par le gouvernement, permettre une meilleure connaissance des initiatives, de leurs enjeux et impacts, le renforcement de l’appui méthodologique aux acteurs, et le principe d’un débat au niveau européen. À noter également que la SCIC France Barter va travailler avec les PTCE, et qu’une réflexion sur une monnaie sur la transition énergétique est portée par Michel Aglietta et Jérôme Blanc.

Champagne-Ardenne : accentuer le rôle des collectivités dans les MLC au service des territoires

Autre signe de la dynamique sur les territoires autour de ces questions, le CESER de Champagne-Ardenne a adopté en juin à l’unanimité un avis qui demande une meilleure prise en compte des MLC et soulignant le rôle d’accompagnement que peuvent avoir les collectivités en la matière, évoquant ces intérêts en matière de développement local, de relocalisation d’emploi, de responsabilisation territoriale. Ces rencontres et le rapport soulignent que ces monnaies ne peuvent plus être considérées comme marginales et anecdotiques aujourd’hui, et qu’elles sont de nature à développer une économie de proximité, complémentaire de l’économie mondialisée. Elles peuvent être un élément d’identité du territoire, être un « outil de fierté commune » (Damien Carême, maire de Grande Synthe). Les MLC peuvent être des outils au service de projets de territoire permettant : -De relocaliser échanges et activités économiques, de favoriser une consommation responsable, de pérenniser des commerces locaux de proximité -De créer ou recréer des liens au sein d’un réseau d’utilisateurs, particuliers ou professionnels, de faciliter des mécanismes de solidarité et de coopération. -D’associer les monnaies à des objectifs sociaux et/ou environnementaux. Enfin, les liens des dynamiques de MLC avec les nouveaux modèles économiques, que l’on parle d’économie de la fonctionnalité, d’économie circulaire ou collaborative, ou bien entendu d’économie sociale et solidaire, ont été pointés. Comme l’a souligné Bernard Liétar, il n’est pas possible de penser que tout va changer, sauf la monnaie. Devant la perspective de voir se développer une floraison de monnaies complémentaires, Patrick Viveret a rappelé la nécessité de penser le lien avec la citoyenneté. À cette condition, les MLC permettent de se lancer dans aventure passionnante, aussi bien politique qu’économique.

À noter : • Le numéro 11 de Social Alter de juin-juillet 2015 consacre son dossier à « La fin d’une monnaie unique ». • Et rendez-vous le jeudi 15 octobre pour la rencontre coorganisée par le RTES, Nantes Métropole , le crédit municipal de Nantes avec le soutien du mouvement SOL, « Collectivités et monnaies locales complémentaires ».