Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Zéro chomeur de longue durée
Publié le 6 février 2018 - mis à jour le 20 février 2019

Point d’étape dans les territoires expérimentaux "zéro chômeur de longue durée"

Un an après le début de l'expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée », découvrez les dernières nouvelles de l'expérimentation et en particulier les activités des entreprises à but d'emploi (EBE) d'autres territoires engagés dans la démarche aux côtés de la MEL, Villeurbanne, Colombey les belles et Colombelles.

A la fin décembre 2017, 419 personnes étaient embauchées dans les EBE des 10 territoires qui comptent chacun entre 5 000 et 10 000 habitants.

Au-delà de l'actualité de l'EBE La Fabrique de l'Emploi de la Métropole Européenne de Lille, à retrouver dans l'interview "Parole d'élu" de Marc Godefroy, quelques nouvelles des territoires:

L'EBE Emerjean - quartier Saint-Jean à Villeurbanne

L'EBE du quartier Saint-Jean à Villeurbanne « Emerjean » emploie actuellement 40 salariés (et 50 prévus début mars) développant des offres de services aux particuliers et aux entreprises (vente de produits bios en collaboration avec VRAC, soutien scolaire, lavage de voiture, retouche-couture, travaux d'intérieur, entretiens d'espaces d'entreprises, blanchisserie…).

Le Comptoir Emerjean, ouvert en partenariat avec La Conciergerie Solidaire, constitue à la fois une conciergerie de quartier pour rendre accessibles aux habitants tous les services proposés par EmerJean et un espace de co-développement des futures activités de l'EBE.

Ainsi, 3 projets d'activités liées à la transition écologique devraient voir le jour en 2018, avec un système de collecte et de compostage des biodéchets alimentaires, des diagnostics de logements en précarité énergétique et un service d’écomobilité.

L'activité de collecte et de compostage va ainsi démarrer cette année avec 6 salariés sur la collecte d'huiles alimentaires, avant d'embaucher 20 à 30 salariés en 2019-2020. Soutenue financièrement par la métropole de Lyon et l'ANRU, cette activité s'appuie sur un partenariat d'ingénierie avec l'entreprise sociale « les Détritivores » pour sensibiliser les restaurateurs collectifs sur l’obligation de valoriser les biodéchets alimentaires. Les collectivités territoriales sont associées au projet d'Emerjean dans le cadre de la collecte mais aussi pour le compostage, car deux composteurs vont être installés sur des espaces urbains en friche du territoire. L'installation d'une ferme urbaine sur un foncier métropolitain est également en projet pour 2018.

Dans les locaux d’EmerJean.jpg

La Ville de Villeurbanne assure également le portage politique de cette expérimentation. Agnès Thouvenot, adjointe au maire de Villeurbanne en charge de l'ESS, détaille le rôle de la collectivité :

« -la ville a eu un rôle d'impulseur du projet, en ayant co-élaboré la candidature avec la MRIE.

-Aujourd'hui notre collectivité a également un rôle de garant de la philosophie initiale du projet, à savoir la co-construction avec l'ensemble des parties prenantes du développement de l'EBE. Il s'agit aussi de rassurer, de créer des passerelles entre une dynamique entrepreneuriale rapide (croissance de 12 à 50 salariés en un an) et le temps long de l'action publique. Plus spécifiquement, le rôle majeur de l'élu est d'entretenir la coopération et le consensus en continu entre les parties prenantes.

-La collectivité est aussi garante que ce projet, innovant et expérimental, qui a tendance à contourner certaines règles des politiques d'insertion, reste bien intégré à l'écosystème métropolitain des politiques d'insertion. Au départ, une des craintes exprimées avait été celle d'une concurrence avec le secteur de l'IAE, du coup l'ensemble des entreprises d'IAE du territoire sont actionnaires de l'EBE Emerjean et siègent au conseil de surveillance.

-La ville a enfin un rôle de pilotage de l'évaluation de cette expérimentation, en se demandant dans quelles mesures les bonnes pratiques développées dans le cadre de l'expérimentation peuvent faire bouger les lignes de l'accompagnement socio-professionnel, et comment ces pratiques inspirantes peuvent être essaimées dans d'autres quartiers, mais sans passer par la création d'une nouvelle EBE.»

L'EBE La Fabrique - Colombey-les-belles

Soutenu notamment par le Conseil départemental de Meurthe et Moselle (retrouvez notre interview concernant ce territoire (décembre 2015)).

Dans cette communauté de communes de 11 500 habitants, 42 personnes ont déjà été recrutées en CDI par l'EBE « La Fabrique » depuis janvier 2017. À terme, le projet vise à recruter 350 à 400 demandeurs d’emploi des 38 communes de Colombey-les-Belles.

La Fabrique développe plusieurs activités :

Ainsi, une ressourcerie et boutique emploie 8 employés qui trient, nettoient et revendent des objets offerts ou récupérés. Prochainement, l’équipe pourra aussi sabler les meubles, les peindre et les vernir. L’aménagement d’un espace dédié est en cours dans une partie des 1.000 m² de locaux. Les particuliers pourront aussi profiter de cette installation.

L’activité maraîchage emploie six personnes qui cultivent en bio sur 3 hectares mis à disposition par des communes ou des particuliers. La récolte de cette année a produit 12 tonnes de pommes de terre, mais aussi des butternuts, courges, potimarrons, carottes… La vente aux particuliers se fait sur place, l’idée étant à terme de créer une conserverie. D’ici à 2020, une SCIC devrait germer pour gérer la structure.

Par ailleurs, une équipe de cinq bûcherons effectue des travaux forestiers et d'entretien des cours d’eau. Un chantier est en cours pour le compte de la communauté de communes.

Travaux forestiers de La Fabrique.jpg

Concernant l'activité de rénovation de bâtiments, les ex-demandeurs d'emplois se forment en rénovant les locaux de La Fabrique grâce à des matériaux offerts par la fondation Saint-Gobain. La prochaine étape sera d’intervenir chez des particuliers ayant de faibles moyens pour leur proposer des solutions d’isolation thermique.

D’ici le printemps 2018, une autre SCIC devrait se constituer autour de la fabrication de matelas en laine. Des producteurs ont déjà répondu présent. Une miellerie collective est aussi en projet pour 2019.

Le Conseil départemental de la Meurthe et Moselle apporte un soutien à la mise en œuvre de cette expérimentation à plusieurs niveaux :

-une participation politique et technique au comité local de pilotage et à certaines commissions de travail ;

-une contribution, aux côtés d’autres financeurs ( Etat, Région…), au financement de l’ingénierie mise en œuvre par la communauté de communes du Pays de Colombey les Belles et du Sud Toulois ;

-une contribution financière au fonds national d’expérimentation territoriale (financé principalement par l’Etat) sur la base d’une estimation des dépenses évitées observables à ce jour, à savoir le montant des allocations RSA non versées.

Contact:

Aurélie Mathelin, cheffe de projet à la communauté de communes du Pays de Colombey les Belles et du Sud Toulois - a-mathelin@pays-colombey-sudtoulois.fr

Eric Marion, chargé territorial d’Economie Solidaire au CD 54 - emarion@departement54.fr .

L'EBE Atipic - Colombelles

A Colombelles, commune de 6 200 habitants de l’agglomération caennaise connaissant un fort taux de chômage, l'EBE Atipic a embauché 35 personnes en CDI au 31 décembre 2017. 43 autres personnes, qui étaient chômeurs de longue durée à Colombelles et qui étaient inscrites dans le dispositif, ont également retrouvé un emploi, mais hors EBE. Atipic dispose d'un budget d'un million d'euros.

L'EBE a recensé les envies de chaque demandeur d'emploi en lien avec les travaux utiles à effectuer dans la commune pouvant correspondre. Plusieurs projets ont vu le jour : garde nature chargé de s’occuper du bois de Colombelles de 7 ha, animation de jardins partagés au pied des immeubles d’habitat social, conseils en bricolage ou en économie d’énergie, aides administratives ou accompagnement des résidents de maisons de retraite.

De plus, une activité de production maraîchère a débuté en décembre 2017, employant 7 personnes qui ont suivi des stages d'immersion auprès de professionnels bio locaux. Les fruits et légumes produits pourraient être mis en vente directement ou auprès de commerces locaux et de la légumerie pour la restauration scolaire. Cette activité de maraîchage devrait voir ses effectifs doubler courant 2018.

Salariés d’Atipic lors de l’inauguration de l’EBE .jpg

Le 15 mai prochain, l’association TZCLD organise la 2e édition de la Fabrique du consensus.

Ce grand événement national organisé à Paris aura pour objectif la demande d’une deuxième phase d’expérimentation. Car si le rapport de Jean-Marc Borello remis en janvier souligne que cette « expérimentation a permis d’enclencher une forte dynamique de progrès et de coopération entre les acteurs locaux, qui en elle-même mérite une montée en puissance de la démarche, par exemple de 10 à 30 territoires parmi les nombreux territoires volontaires », rien n'est encore acquis.