Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 20 avril 2018

Retour sur la conférence internationale sur l’économie sociale - Sofia, 16/17 avril

Dans le cadre de la présidence bulgare du Conseil de l’Union Européenne, une conférence internationale de haut niveau sur l’économie sociale se tenait à Sofia les 16 et 17 avril 2018. Patricia Andriot, vice-présidente du RTES, est intervenue sur les "politiques territoriales et l’économie sociale". Elle nous présente les points clés de ces journées.

Les conférences de ce type au niveau européen se multiplient dans les différents pays, de même que les rapports, autour de la question "Europe et Économie sociale" (rapport du GECES, du conseil économique et social européen, de l’OCDE, comité de monitoring de Luxembourg,...). C’est un bon indicateur du progrès de la prise en compte de ce sujet au niveau européen et de la compréhension réciproque de l’importance du cadre européen pour ce sujet.

Au-delà de cet enjeu de lisibilité, les différents témoignages au cours de ces deux journées montrent à la fois que l’idée d’écosystème de l'économie sociale progresse (avec de nombreux exemples de développements législatifs en Slovaquie, Espagne, ou Slovénie), mais aussi des mesures de financement (comme en Slovénie), des échanges et projets partenariaux entre acteurs…

A travers les différents témoignages, on note aussi que certaines questions deviennent de plus en plus prégnantes pour l'économie sociale et solidaire, telles que :

-l’impact du développement numérique, qui percute les modèles économiques (un aspect structurant pour l'ESS de demain).

-la question de la pénétration de l'ESS dans de nouveaux secteurs ou territoires (territoires ruraux, secteur agricole, ...).

-la question du "Genre & de l'ESS" qui a aussi été évoquée plusieurs fois.

-la question de la formation des acteurs, du développement des compétences spécifiques et d’une culture de l'ESS dans la formation des travailleurs.

Pour autant, et malgré une culture européenne de l'ESS qui progresse, de nombreux défis et enjeux pour l’avenir sont apparus de manière récurrente dans les différentes interventions. Pour résumer les principaux enjeux, on peut citer : la confrontation et l'adaptation de la Social Economy à la Digital Economy ; la question du modèle économique et de la taille critique ; le décloisonnement et la diffusion à l’ensemble des politiques publiques ; la poursuite des échanges européens et de la mise en réseau des acteurs ; la connexion entre l'économie sociale et les piliers des droits sociaux ; le changement d’échelle qui passe par des connexions avec les autres secteurs ; le risque de dissolution de l'économie sociale dans l’économie de marché, sous une vitrine "sociale".

La table-ronde "Economie sociale et développement territorial", où Patricia Andriot représentait le RTES, a permis de rappeler que l'économie sociale est d’abord une économie apportant des biens et services là où le marché est moins présent (marchés moins solvables ou plus difficiles notamment dans les zones défavorisées : quartiers, communautés rurales) et là où les services sont nouveaux (avant solvabilité).

Il a aussi été rappelé que l'économie sociale est un enjeu pour ces territoires en apportant des emplois moins délocalisables, une économie plus transparente et qu'elle participe de la dynamisation des territoires.

Il a été redit que cet enjeu territorial, souligné par le GECES [2] , est pris en compte par la Commission européenne. Les collectivités locales, au-delà de leur rôle de financeur, ont une responsabilité majeure à favoriser la coopération des acteurs.

La discussion a ensuite porté sur la question des modèles économiques : subventions VS outils économiques, social impact bonds (SIB), la différence des cultures européennes sur le sujet étant manifeste.

En conclusion de ce panel, Denis Stokkink (président du think&do tank européen Pour la Solidarité) a insisté sur le fait que ce qui rassemblait d’abord les acteurs de l'économie sociale, ce sont les valeurs (justice sociale, égalité, liberté). Il a repéré des mots récurrents lors des deux journées de conférence comme autant d’enjeux clefs : l'accès à l'emploi, la digitalisation, le défi de la mesure d'impact de la Social Economy (entrer dans une culture de mesure et prouver ses impacts), la logique de cluster, l'articulation entre les différents niveaux : européen, national et local et l'enjeu d'un développement européen ancré dans des racines locales. Il a également pointé que le développement durable n'avait sans doute pas été assez mis en avant lors de cette conférence.