Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 3 avril 2017

Retour sur la journée de sensibilisation du CNFPT « l’ESS, outil de développement territorial » à Lille (9 mars)

Le 9 mars dernier avait lieu à Lille une nouvelle journée de sensibilisation à l'ESS du CNFPT intitulée « L'ESS, un outil de développement territorial ». Inscrite dans le cycle de journées de sensibilisation organisé par le CNFPT en partenariat avec l’État, cette journée a permis de rassembler une soixantaine d'acteurs locaux.

Cette journée, faisant suite aux journées du 29 novembre à Nancy et du 24 janvier à Lyon, était organisée en lien avec le Conseil régional, le CNCRESS et le RTES.

Animée par Pierre Wolf, cette journée a permis de faire connaître la présence de l’ESS dans de nombreux secteurs économiques du quotidien dans la Région Hauts de France.

Didier Castille, de l'INSEE Hauts-de-France, a tout d'abord présenté un panorama statistique de l'ESS dans la région, en rappelant notamment que l'ESS a résisté à la dernière crise économique, avec une croissance de 4 % entre 2008 et 2014 tandis que l'ensemble de l'économie régionale se rétractait de 2,7 %. Mathieu Debeire, de la CRESS Hauts-de-France a présenté les grands principes de l'ESS et est revenu sur la présence de l'ESS en région, au travers de son histoire riche avec par exemple le familistère de Guise, ses acteurs tels que Vitamine T ou le Relais et ses pépites telles que Pain et Partage Calaisis ou Gecco ; ses ressources universitaires de pointe telles que la Chair'ESS et l'Institut Godin ou encore les 5 PTCE présents ou en émergence sur le territoire régional.

Deux initiatives régionales ont ensuite été présentées, le tiers-lieu amiénois La Machinerie et le réseau de cinémas itinérants CinéLigue NPdC. Yann Paulmier pour La Machinerie et Anne Lidove pour CinéLigue ont montré comment répondre à des besoins sociaux par une forme innovante d'entreprise et en coconstruction avec les acteurs publics. Ils ont notamment insisté sur la souplesse de l'accompagnement des collectivités, permis par l'engagement des techniciens à trouver les cadres institutionnels dans lesquels peuvent s'exercer un accompagnement.

Une autre table-ronde a permis de mieux cerner la nature du portage que peut assurer une collectivité au niveau de son territoire à travers les témoignages de Christiane Bouchart, présidente du RTES et conseillère municipale déléguée à l'ESS à la ville de Lille ; Valérie Morel, directrice création d'activités et emplois de la communauté d'agglomération Artois Comm ; et Claire Obré, chargée de mission ESS Insertion à Valenciennes Métropole. Christiane Bouchart est notamment revenue sur l'idée de coconstruction des politiques publiques locales de soutien à l'ESS, par le biais de plans de développement. Valérie Morel a rappelé que pour Artois Comm, le projet de territoire intégrait le développement d'une économie plurielle dans un cadre transversal et coopératif. Sur ce territoire, un club des entrepreneurs de l'ESS est en cours de structuration tandis qu'une friche immobilière est en train d'être investie par les acteurs locaux de l'ESS pour en faire une vitrine de l'innovation sociale.

Christiane Bouchart intervenant pour le RTES.jpg

En fin de matinée, Anne-Laure Federici, déléguée générale du RTES et Julien Cordet, de la CRESS Hauts-de-France ont présenté les dispositifs d’accompagnement, les centres de ressources et les acteurs structurants de l’ESS dans la région. (voir le diaporama).

L'après-midi, Laurent Gardin, Maître de conférences à l'université de Valenciennes, est revenu sur la pluralité de modèles économiques de l'ESS. Selon lui, les coopératives s'inscrivent ainsi dans le marché mais avec des solidarités entre les membres ; les mutuelles sont dans les faits très proches des pratiques d'entreprises capitalistes mais actuellement en recherche de renouveau militant ; les associations poursuivent des buts d'intérêt général et sont des partenaires privilégiés des pouvoirs publics, même si elles se financent aussi par les dons et l'autofinancement ; l'économie solidaire et l'entrepreneuriat social formant une sorte d'hybridation de ces différents modèles économiques. Laurent Gardin a également fait remarquer que l'ESS était surtout présente dans le secteur des services. Pour le chercheur, la régulation des pouvoirs publics avec les acteurs de l'ESS se divise en trois catégories : une régulation tutélaire (rapport traditionnel de l’État avec les acteurs de l'ESS) ; une régulation quasi-marchande (via la commande publique responsable) ; une régulation conventionnée (par la coconstruction des politiques publiques reconnaissant dès lors une démocratie économique).

Puis deux ateliers étaient proposés aux participants de cette journée. Leur objectif était de répondre à une commande politique fictive en mobilisant les connaissances des participants et l’expertise d'acteurs.

Le premier atelier était intitulé « Développer l’entreprenariat dans une agglomération de 200 000 habitants en secteur urbain » et le second « Repenser l’offre de service petite enfance – jeunesse pour une Communauté de communes de 25 000 habitants, regroupant 15 communes, en secteur rural ».

Ces ateliers ont permis beaucoup d'interactions entre les participants qui ont cerné l'intérêt de la coconstruction en intégrant à leurs réponses l'idée de diagnostic local participatif associant une diversité d'acteurs pour répondre aux besoins repérés sur un territoire. Les actions qu'ils ont imaginées dans le cadre de ces ateliers offraient toutes des dimensions participatives et s'appuyaient sur les valeurs de l'ESS.