Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 31 mars 2017

Retour sur la rencontre sur "l’écosystème financier solidaire" du Labo de l’ESS le 27 mars

Une soirée du Labo de l’ESS se tenait mardi 27 mars à la Banque de France pour présenter les travaux du groupe de travail Banques & Territoires et une publication qui porte sur « l'alchimie de l’écosystème financier solidaire ».

Qui dit ESS, dit économie et dit donc besoin de financement ; c’est le propre de toute activité économique que de devoir trouver des moyens d’investissement pour produire des biens et services. Contrairement à une idée parfois reçue, l’ESS n’échappe pas à la règle, et ne peut ni de doit reposer sur les seuls financements publics. C’est même un des enjeux clefs du développement de ce type d’économie.

L'enjeu pour le groupe de travail Banques & Territoires du Labo de l'ESS a été de dresser un état des lieux du financement des TPE et des acteurs de l’ESS et d’identifier le rôle que joue ou que ne joue pas les banques – à qui on reproche souvent de mal financer l’ESS et de ne pas assumer la prise de risque pour ce secteur - ainsi que de l’ensemble des autres acteurs qui interviennent en complément pour financer les besoins de l’ESS.

Après une introduction par le gouverneur de la Banque de France – et cette seule introduction comme le choix du lieu de la présentation de ces travaux disent déjà quelque chose de l’évolution de la prise en compte de l’ESS dans l’économie française -, et la déclamation d’un slam autour de ces questions par un jeune artiste -Nen-, la présentation des travaux a été complétée par deux tables rondes : -l’une a mis en évidence "les trous dans la raquette du financement" – à travers des exemples, -quand la seconde a fait intervenir des acteurs qui ont débattu de la pertinence des propositions des publications.

On trouve tous les résultats de ces travaux dans les deux cahiers qui sont en ligne sur le site du Labo de l'ESS : "L'alchimie de l’écosystème financier solidaire"  et un Cahier de pratiques et d’initiatives inspirantes (et que les collectivités adhérentes du RTES doivent recevoir en version papier).

On peut retenir de ces débats que les constats confirment que le système bancaire ne répond pas entièrement au financement de l’ESS, et qu’il existe une vraie difficulté de financement de ces projets atypiques - le travail qualifie de « zones grises » ces projets pour les banques, car ils n’entrent pas facilement dans leurs critères de financement. Cependant, ces travaux mettent aussi en évidence qu’il existe une vraie diversité de solutions complémentaires de financement et surtout d’accompagnement pour faciliter l’accès de l’ESS à des financements. Mais ces solutions sont souvent peu lisibles, diversifiées selon les territoires et liées à des écosystèmes locaux. Les recommandations portent donc plus sur des mesures de lisibilité, de consolidation de l’accompagnement, d’élargissement des pratiques actuelles que sur des besoins structurants d’invention de nouveaux dispositifs.

Christiane Bouchart est intervenue pour le RTES en rappelant que les collectivités locales pourraient être davantage forces d'organisation et d'évaluation qualitative de ces écosystèmes financiers solidaires locaux. L'enjeu serait aussi de permettre l'implication de l'épargne citoyenne pour soutenir des projets d'ESS dans les territoires. On retrouve l'implication des collectivités locales dans quatre mesures de ce cahier "L'alchimie de l’écosystème financier solidaire" : -proposition n°6 : impliquer les collectivités publiques dans la mesure d’impact social; -proposition n°9 : fluidifier le circuit d’octroi de financements par le partage optimisé des dossiers; -Mais aussi le soutien aux entreprises du territoire (soutien financier, garantie, nouveaux partenariats publics-privés) et l'importance de la transparence de l’épargne collectée sur le territoire et son réinvestissement local.

En conclusion, Christian Sautter, président de France Active et Odile Kirchner, déléguée interministérielle à l’ESS, ont insisté pour dire que le financement de l’ESS est au cœur même de son développement. Il y a quelque chose de fondamental à consolider la reconnaissance institutionnelle de l’ESS pour y parvenir ; mais aussi à reconnaître la diversité des formes d’entreprendre, tout comme à dire que le changement d’échelle, veut dire grandir plutôt que grossir, et donc autant multiplier et accompagner, créer un écosystème qui reconnaisse la place des petites structures qui sont souvent la réalité du développement économique sur les territoires que de simplement vouloir les faire grossir. C’est là aussi un enjeu clef pour le secteur de l’ESS dans lequel le RTES ne peut que se retrouver.

Plus d'informations sur le site du Labo de l'ESS.