Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 7 février 2017

Retour sur la rencontre « transformer l’emploi, redonner du sens au travail » du Labo de l’ESS

Le labo de l’ESS organisait ce jeudi 2 février une soirée sur la question « transformer l’emploi, redonner du sens au travail »  pour présenter les résultats d'un groupe de travail « Nouvelles formes d'emploi » qui ont donné lieu à une publication.

Nouvelles formes d’emploi, nouvelles organisations, nouveaux lieux étaient au cœur de l’analyse de ce temps de débat. La numérisation, la financiarisation de l’économie et la globalisation touchent profondément les organisations de travail et remettent en cause l’unicité du lieu de travail comme le collectif de travail.

Face à ces constats qui peuvent se synthétiser par un besoin de ré–organisation collective, la précarisation et l’autonomisation structurelle du travail créent une sorte de paradoxe avec les attentes et clefs évoquées ci-dessus.

Les profondes transformations d’emploi mettent en évidence qu’entre salariat subordonné et travail précaire, l’enjeu est bien d’inventer un nouveau modèle qui peut concilier autonomie, accompagnement de l’évolution d’un parcours et protection (sociale, formation).

Les témoignages et débats qui mettent en évidence ces profondes transformations induisent le besoin d’inventer, d’innover de nouveaux cadres d’exercice de l’emploi mais aussi la nécessité de repenser les formes de protection du travail tout en préservant l’autonomie.

C’est d’ailleurs bien ce qu’on observe au travers des témoignages : de nouvelles formes d’organisation s’inventent, se mettent en place.

Retour détaillé sur la soirée « transformer l’emploi, redonner du sens au travail » :

A partir du constat avéré de la transformation de l’emploi et du travail qui s'opère depuis 30 ans, il s’agit de voir les grandes orientations qui se dégagent quand aux nouvelles formes d’emplois et d’organisation du travail. Entre précariat généralisé où « chacun deviendrait son propre employeur » et nouvelles formes qui innovent pour concilier autonomie et protection comme par exemples les coopératives d'activité et d'emploi.

La publication est organisée autour de 4 parties : -La première partie dégage les principaux constats des mutations de l’emploi, -la seconde analyse les nouvelles formes d’emploi, -la troisième étudie les contributions de l’ESS à ces évolutions et enfin -une dernière partie se veut plus prospective.

Deux tables rondes sont venues illustrer les travaux de cette publication :

-La première animée par Philippe Bertrand autour de la question du sens au travail.

On voit aussi au travers des débats de la soirée que le consommateur devient de plus en plus consom’acteur et s’intéresse au process et à l’environnement du produit ou service acheté. Au point que la transformation des pratiques, les démarches RSE, le fait d’être en SCOP deviennent autant d’arguments marketing (tous les témoignages autour de la table plaidaient en ce sens). Numérique, financiarisation, globalisation sont les 3 vecteurs de transformation forte de la notion de travail. Le numérique fait bouger profondément l’organisation du travail en faisant perdre l’unicité du lieu de travail mais aussi potentiellement la notion de collectif de travail.

-La seconde table ronde portait sur la transformation de l’emploi.

Les évolutions du travail induisent un réel besoin de repenser la protection sociale incluant la formation mais aussi la responsabilité de l’employeur qui se trouve redéfinie aussi : employeur ou donneur d’ordre ?

La discussion a davantage porté sur le sens du travail, l’évolution de la notion des activités. La nécessité d’attacher des droits aux individus plutôt qu’à la situation ou au contrat ; la question du statut de l’actif ; l’intérêt de penser le revenu universel pour anticiper sur une société qui voit une telle mutation de l’emploi.

Le principe des coopératives d’activité et d’emploi est présenté comme une de ces nouvelles voies qui tentent de concilier autonomie et groupement d’employeurs, alors que le travail autonome, vendu comme une source de liberté, est souvent davantage une source d’aliénation.