Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 13 juin 2016

Retour sur le forum "Entreprendre dans la culture"

Le vendredi 26 mai dernier, le RTES était invité à participer au 2eme forum « entreprendre dans la culture » organisé par le Ministère de la culture et de la communication. Patricia Andriot, vice-présidente du RTES a pu témoigner dans deux tables rondes qui portaient sur la question des relations entres acteurs culturels et collectivités territoriales, notamment autour du rôle économique de la culture.

A travers ces deux tables rondes, il s’agissait de voir comment les évolutions du contexte actuel marquent les relations entre acteurs culturels et pouvoirs publics.

Le témoignage des différents acteurs culturels présents reflétait assez bien les paradoxes en cours : des signaux en direction d’une meilleure reconnaissance de la culture et de la prise en compte des associations (circulaire Valls, charte d’engagement,..), mais aussi une sorte d’injonction qui ne dit pas son nom a faire jouer à la culture un rôle économique et de pourvoyeur d’emplois … le tout sur une exhortation à contribuer à l’effort national de redressement des comptes publics. Paradoxe aussi à parler de plus en plus d’industries culturelles tout en valorisant sans cesse la vitalité des territoires, des initiatives locales , etc.. Des témoignages qui montrent aussi que les relations avec les collectivités sont diverses, liées aux situations politiques locales tout autant qu’aux femmes et hommes en présence. Expériences qui montrent enfin, que dans tous les cas, la reconnaissance se gagne pas à pas. Un paysage qui exprime finalement que si la reconnaissance culturelle des initiatives locales a beaucoup progressé avec la décentralisation, le registre mobilisé aujourd’hui pour la soutenir relève plus de l’argument économique que de son rôle sociétal fondamental, dans une société pourtant guettée par des regains d’obscurantisme manifeste…

Patrica Andriot est intervenue en rappelant le rôle du RTES. Elle a indiqué le positionnement du RTES sur ces sujets, rassemblant des élus convaincus qu’économie et social sont indissociables et que l’économie sociale et solidaire n’est pas un secteur économique, mais bien un processus , une façon d’imaginer la place des relations économiques dans la société. Plusieurs points ont été soulignés: -ne pas tomber dans le piège de la culture qui se revendique de l’ESS juste pour montrer que la culture est aussi économique comme le veut l’injonction du moment. Certes c’est une réalité qu’il faut affirmer, mais il faut aussi se battre pour dire que la culture ne peut justifier sa raison d’être d’abord pour sa valeur ajoutée économique, mais d’abord pour ce qu’elle donne à une société en termes de lien social, d’imaginaire, de créativité ; autant que d’emplois, c’est de cela dont notre société a besoin. -distinguer les démarches de valorisation des acteurs locaux, qui ne se confondent pas tout à fait avec l’idée d’industrie culturelle qui peut aussi être une vision qui se développe au sein des collectivités, avec parfois des approches très budgétivores. -affirmer l’importance du dialogue installé ou à installer entre collectivités et acteurs : nous défendons la vision d’une politique publique co-construite , qui se discute, qui associe les acteurs et pas seulement au moment des promesses électorales, mais aussi dans la mise en œuvre des politiques et ce jusqu’à la décision. A ce titre, Patricia Andriot a évoqué la notion d’appels à initiatives qui progresse, qui commence à apparaître dans certains textes mais ne franchit pas encore le seuil du droit. -Le besoin de transversalité entre les politiques publiques, la place au croisement des chemins dans laquelle la culture se trouve souvent, la bonne compréhension du rôle de chacun entre élus et services dans une collectivité, l’importance de ne pas perdre de vue que les affectations budgétaires sont toujours des choix politiques et enfin les opportunités souvent manquées d’aller capter des fonds européens pour la culture- mais pas seulement- du fait que les relations entre collectivités et Europe n’en sont encore qu’à leur balbutiement, ont également été évoqués.

L’évolution de la relation entre acteurs culturels et pouvoirs publics locaux est incontestable ; la décentralisation est passée par là ; et souvent sous couvert d’économie, l’action culturelle est reconnue. L'enjeu actuel est non seulement de consolider cette place, même dans un temps de réduction des marges budgétaires, mais plus encore de faire de la culture comme de l’ESS, des vecteurs de transformation sociétale locale pour asseoir de nouvelles modalités de dialogue entre acteurs et collectivités.

Retrouvez la dernière lettre papier du RTES, rédigée en collaboration avec l'UFISC, sur "ESS et culture".