Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 17 juin 2015

Retours des 15èmes rencontres du RIUESS à Reims

Organisées par l'Université de Reims - Champagne Ardenne et Neoma Business School, les XVèmes Rencontres du Réseau Inter-Universitaire de l'Économie Sociale et Solidaire (RIUESS) se sont tenues du 27 au 29 mai 2015. Elles avaient pour fil conducteur "La créativité de l'ESS est-elle soluble dans l'entrepreneuriat ?". Patricia Andriot, vice-présidente du conseil régional Champagne-Ardenne et vice-présidente du RTES, y participait.

"La question "la créativité de l'ESS est-elle soluble dans l'entrepreneuriat ?" peut paraître une question propre au domaine de la recherche, mais elle résonne pourtant de manière très concrète pour tous", résume Patricia Andriot. "Notamment pour moi, élue en charge de l'ESS. Loi ESS, financements, initiatives territoriales, conflits , renouveau des pratiques coopératives, nouvelles frontières de l'ESS,... La question sous-jacente est finalement : la période actuelle et les mutations en cours sont-elles une menace ou une opportunité pour l'ESS ?" Patricia Andriot a participé à la cérémonie d’introduction et de clôture, représentant le président de la Région Champagne-Ardenne, ainsi qu’à une table ronde. Voici ses retours. "Voulant contribuer à de nouvelles façons de créer des biens et services et redistribuer cette richesse pour sortir de la dualité enfermante Etat- marché, l’ESS oscille entre les différents pôles de l’insertion, de l’économie sociale pure, de l’entrepreneuriat social... En tant que représentante d'une collectivité qui a dès 2005, sous l’égide de Jean-Paul Bachy, considéré l’ESS comme une voie de construction d'un nouveau modèle économique, je retiens notamment des débats la question de l'accompagnement des mutations en cours. Comment concilier les préoccupations des court et long terme? On voit bien que la question qui traverse les tables rondes et les ateliers, tourne autour de « mutations en cours, menaces ou chances pour l’ESS ? « et que les mutations sont abordées souvent avec un mélange d’opportunisme, de frilosité, de crainte .. c’est l’histoire de la poule devant un couteau ; je ne dis pas cela de manière critique, car c’est aussi exactement l’attitude des politiques publiques devant ces mutations. Et c’est là où les débats de ces journées extrêmement utiles pour la connaissance et pour le décideur public : en mettant en lumière la complexité des choses et le non manichéisme, dans lequel l’élu aimerait souvent se réfugier car on a besoin de choses simples et que le message de la complexité est toujours difficile à faire passer. Je crois en la vertu de la socio-économie pour proposer ce décryptage sociétal et cette mise en lumière de la réalité des situations : les choses sont rarement noires ou blanches, l’économie ne peut fonctionner seule, l’économisme et la modélisation dans laquelle on a voulu se réfugier a montré ses limites et l'imbrication économie-lien social est évidente. En effet, une des préoccupations clefs du décideur politique est celle de l’allocation des ressources, surtout en période de raréfaction de celles-ci. Nous avons besoin de critères, d’objectivation et c’est bien la recherche qui peut nous amener cela. Mais au delà de ces constats, les pouvoirs publics ont aussi besoin de la recherche pour légitimer l’ESS, pour contribuer à son ancrage sociétal ; une loi, un décret, une subvention ne suffit pas à légitimer un secteur même si cela y contribue. La question posée "la créativité de l’ESS est elle soluble dans l’entrepreneuriat?" renvoi à celle de répondre à quels besoins et à quelles catégories de population ? Cela renvoie à la dialectique proximité / efficacité et taille / efficacité. Et cela induit des questions très concrètes à la recherche. Les exemples et le débat entendu, par exemple sur l’alimentation, montrent bien que l'on a du mal à sortir du dogme économique de l’économie d’échelle qui reste le paradigme gage d’efficacité et de source d’économie … Cela vaut pour l’alimentation -le débat sur les prix en témoigne-, cela vaut pour la réforme des régions, cela vaut aussi pour l’ESS. Nous avons besoin de la recherche notamment pour aider à formaliser et faire entrer dans le paysage socio-économique de nouveaux indicateurs de richesse ; nous avons aussi besoin de contributions à la réflexion pour montrer les limites de la notion d'économies d’échelle ; et pour faire entrer l'idée que l'investissement peut et doit aussi être avant tout social."

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