Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 13 avril 2014

Rythmes scolaires : quand interco et éduc pop s’en mêlent

En France, 4000 communes ont décidé d'appliquer la réforme des rythmes scolaires dès la rentrée 2013. Les autres devraient leur emboiter le pas cette année. Et si elles s'appuyaient sur les acteurs de l'ESS pour mettre en place ce changement ? En Drôme, la communauté de communes du Diois a choisi de s'appuyer sur la double expertise de son centre social (enfance/jeunesse et animation territoriale), pour préparer la réforme qui s'appliquera à la rentrée 2014. Grâce à des temps de rencontres mobilisant parents, personnels de l’Éducation Nationale et élus, le Pays Diois dispose aujourd'hui d'une charte éducative qui fixe les principes de cette réforme en mettant les besoins de l'enfant au centre du projet éducatif du territoire. Rencontre avec Tristan Rechid, directeur et agent de développement territorial de l'Espace Socioculturel Du Diois (ESCDD).

Pourquoi et comment une communauté de communes et un centre social se trouvent impliqués dans la réforme des rythmes scolaires qui relève des communes ? Si la communauté de communes s'est saisie de cette question, c'était avant tout pour construire une réforme des rythmes scolaires prenant en compte les spécificités de notre vaste territoire rural et garantissant un traitement égalitaire pour tous les enfants, quel que soit leur lieu de scolarisation. L'idée centrale était d'élaborer une forme de charte construite autour des besoins de l'enfant, c'était là l'essentiel. Très rapidement la communauté de communes a sollicité notre centre social pour organiser et animer des débats sur l'ensemble du territoire. Nous avions en effet une double expertise : la connaissance du public le plus concerné par la réforme à savoir les enfants, mais aussi une expérience reconnue dans l'animation du territoire sur les questions liées à son développement [83].

Activités périscolaires.pngComment avez vous pris en charge cette mission d'animation ? Lors d'une première réunion plénière organisée en février 2013 pour présenter le cadre de travail, nous avons d'emblée adopté une posture neutre ; il ne s'agissait pas de prendre partie pour ou contre la réforme mais bien de se positionner en tant qu'animateur. La réforme n'entrant en vigueur qu'à la rentrée 2014, nous avions donc du temps pour travailler de concert avec la Communauté de communes et l’Éducation Nationale, puis avec les parents d'élèves, le personnel scolaire et les élus. Au total, 21 réunions locales se sont organisées et le soutien d'un groupe d'animateurs bénévoles - préalablement formés par nos soins aux techniques d'animations participatives - nous a également permis d'enrichir nos temps de rencontres. Notre action est ainsi restée centrée sur notre cœur de métier : l'animation et la formation d'animateurs pour ces réunions. A la communauté de communes revenait la mission de coordination générale et de rédaction des synthèses des différentes rencontres.

Activités périscolaires.pngOù en est aujourd'hui la mise œuvre de la réforme dans le Pays Diois ? A l'issue des 21 rencontres [84] une nouvelle réunion plénière a eu lieu en novembre. Elle a permis de valider collectivement une forme de charte synthétisant les travaux réalisés dans les 7 bassins de vie [85], de présenter les différents emplois du temps, parfois très différents, construits dans les groupes de travail des sous-territoires, de traiter par un « «mur des questions » des sujets concrets - budget, salles disponibles, personnel... - qui n'étaient pas à l'ordre du jour des 21 réunions locales. L'ensemble, compilé et mis en forme, constitue le Projet Educatif de Territoire à l'échelle de l'intercommunalité dioise. Toute cette production collective a été transmise aux élus du territoire qui l'ont présentée à leur tour à l'Éducation nationale sans y apporter de modifications majeures. A ce jour, à l'exception de la commune de Die, le processus est en pause puisque la mise en œuvre de la réforme reviendra aux nouvelles équipes municipales élues fin mars. L'idée est bien de laisser les communes responsables de la mise en place de la réforme. Cependant, la communauté de communes continuera sa mission de coordination générale notamment pour veiller à une traitement égalitaire entre les différentes écoles. Elle pourra par exemple travailler à la mutualisation de certaines interventions périscolaires ou assurer l'achat de matériel pédagogique.

Activités périscolaires.pngQuelle place pourrait occuper l'Espace Socioculturel du Diois dans les mois à venir ? Nous allons bien sûr participer à la mise en œuvre de la réforme et des animations périscolaires. Cela pourrait se traduire par le déploiement de notre centre social itinérant avec des mallettes pédagogiques, mais aussi par la formation des 80 personnes qui seront en charge des enfants, par l'organisation et l'animation de nouveaux temps de concertation. Pour notre centre social c'est l'occasion de renforcer les liens, déjà existants, avec l’Éducation Nationale. Au niveau national, c'est une belle opportunité pour les mondes cloisonnés de l'éducation populaire et de l' Éducation Nationale de se retrouver pour mieux travailler ensemble.

Activités périscolaires.pngSelon vous, quel est l'intérêt pour une collectivité rurale de s'appuyer sur un centre social dans la mise en œuvre d'une réforme de ce type ? Je ne pense pas qu'il y ait une spécificité pour les territoires ruraux. N'importe quelle collectivité, rurale ou urbaine, pourrait faire appel à un centre social pour mener ce type de concertation. C'est dans la mise en œuvre concrète de la concertation que les spécificités du territoire doivent être prises en compte. Je suis également persuadé que les centres sociaux devraient se ressaisir des questions d'animation des territoires et de leur développement. Redonner le pouvoir d'agir aux habitants, relève de leur mission principale. De plus, rares sont les salariés des collectivités maîtrisant les techniques d'animation participative et il n'est pas très confortable pour eux d'animer des temps de travail avec la population quand leur institution est impliquée dans les projets discutés. Le centre social peut prendre une posture neutre, se positionner non pas comme un expert de la question traitée mais comme un spécialiste de l'organisation du débat.

Pour en savoir plus vous pouvez consulter : -Le Projet Educatif Diois -Compte-rendu de la soirée de restitution des travaux relatifs à la réforme des rythmes scolaires dans le Diois

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Le processus d'accompagnement en chiffres

| | 2013 : Lancement de la phase de travail sur la réforme des rythmes scolaires 18 écoles | | 52 communes réparties en 7 bassins de vie | | 3 réunions organisées par bassins de vie, soit 21 rencontres locales | | 2 réunions en plénière |