Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 28 juin 2012

« Transposer à l’ESS certains dispositifs de l’économie classique »

Quatre orientations générales ont été adoptées par le Conseil général des Côtes d'Armor lors du vote du budget primitif début mars 2012, dont une intitulée "encourager une économie sociale et solidaire, porteuse d'innovation et de développement". Rencontre avec Sylvie Bourbigot, vice-présidente en charge de l'ESS du Conseil général.

Comment promouvoir et dynamiser l'ESS ? Sa promotion grand public passe par exemple par des événements comme le mois de l'ESS : un succès, qui a permis aux uns de découvrir l'ESS, aux autres de s'affranchir de leurs craintes et d'oser se lancer. Et pour accompagner les porteurs de projets, répondre aux interrogations, les aider à trouver des financements, nous soutenons la mise en place, par le Conseil régional et la CRES, de 3 pôles locaux de développement de l'ESS. Il s'agit de structures associatives couvrant les 3 pays Saint-Brieuc, Dinan et Trégor-Goëlo. Leur objectif est aussi de favoriser la dynamisation du réseau. Ce sont des lieux ressources et d'accompagnement au plus près des porteurs de projets, et qui recensent tous les acteurs ESS de leur territoire. Quelles sont les actions concrètes menées par ces pôles ESS ? En dehors de l'accompagnement individuel, les pôles organisent par exemple des petits déjeuners, ouverts à tous, consacrés à l'ESS. Occasion d'aborder des thèmes comme la délégation de pouvoir, les financements, les dispositifs ESS, etc. et de mobiliser le réseau ! Par ailleurs, nous avons en Côte d'Armor un DUCA (diplôme universitaire de créateur d'activité) mention ESS. Une spécialité que nous devons entre autres au pôle ESS de Saint Brieuc. Et l'idée est d'aller plus loin, de toucher plus de jeunes, dans les formations universitaires comme au lycée. Actuellement, les 3 pôles travaillent sur une méthodologie d'intervention en milieu scolaire. document.jpgQuelles difficultés identifiez-vous ? Quels peuvent être les freins à la réalisation de projets ESS ? Le premier des freins est lié à la méconnaissance du secteur, de ce qu'il recouvre. C'est pourquoi nous travaillons avec les associations pour lever les a priori. En effet, sur notre territoire, le mot « coopérative » renvoie immédiatement aux grosses coopératives agricoles, et qui ne relèvent plus des valeurs de l'ESS à certains égards. Et soyons francs, ce rapprochement sert parfois d'excuse pour ne pas aller dans l'ESS. Autre retour : une lenteur et une complexité administrative, avec de multiples interlocuteurs dès lors qu'il s'agit de créer une scop, une scic ou une structure associative. Les obstacles administratifs sont parfois très bêtes, comme l'absence de numéro de siret pour que des associations puissent bénéficier de subventions du monde économique... Selon vous, quelles pourraient être les solutions pour lever ces points de blocage ? Transposer à l'ESS certains dispositifs de l'économie classique. Ou trouver des formules équivalentes. Par exemple, le fonds de garantie Oseo facilite l'accès au financement bancaire ou aux autres aides financières, et permet aux entreprises « classiques » de se lancer rapidement ! Nous réfléchissons actuellement à la façon d'étendre ce type de dispositifs à l'ESS, qu'il s'agisse de l'installation, de l'amélioration des conditions de travail, ou simplement de l'accès à des salons professionnels. Ou encore de la pleine reconnaissance de l'ESS par les chambres consulaires... Tout cela implique une réflexion de fond dont nous faisons une priorité. Ainsi, le Conseil général subventionne la CRES en sa qualité d'observatoire régional de l'ESS. L'objectif est de dresser le panorama détaillé de l'ESS dans notre département, de disposer de données fiables et pertinentes pour alimenter la réflexion propective, et conseiller au mieux les acteurs de l'ESS. En outre, nos 3 pôles ESS constituent aussi des relais pour mieux comprendre le secteur, ses forces et ses problématiques. Vous venez d'adhérer au RTES. Pourquoi ? Qu'en attendez-vous ? Nous avons des idées mais le réseau est indispensable pour les mettre en place ! Nous n'avons pas la science infuse, et le RTES nous conduit à nous poser les bonnes questions, à prendre de la hauteur sur le local. Il répond aussi à notre volonté d'étendre notre démarche d'échange pour promouvoir notamment l'essaimage indispensable au développement du secteur ESS.

-Voir le documentaire consacré à l'ESS, diffusé sur Armor TV, la chaine du Conseil général des Côtes d'Armor