Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 28 mai 2012

« Un ministère peut dynamiser le secteur, encourager son déploiement »

Questions à Catherine Trautmann, vice-présidente de la CUS (Communauté urbaine de Strasbourg), en charge du développement économique. L'ancien ministre, qui se réjouit de la création d'un ministère délégué à l'économie sociale et solidaire, revient ici sur les actions de la CUS en faveur de l'ESS. Elle insiste entre autres sur l’encouragement des initiatives des habitants pour les habitants.

Quels sont les grands axes d'intervention de la Communauté urbaine de Strasbourg en matière de développement de l'économie sociale et solidaire?

Pour nous, l'ESS se décline en trois priorités : le développement de l'entrepreunariat social et solidaire, la promotion du secteur, et l'encouragement de l'initiative collective des habitants.

Trois axes de travail que porte notre feuille de route stratégique « Économie 2020 », adoptée en 2009 par la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS), la ville, et la Cres. Il s'agit d'appuyer davantage le secteur et sa structuration, c'est-à-dire de mieux identifier les acteurs, les accompagner, les former, les financer... Aussi nous soutenons fortement Alsace Active, plateforme d'aide financière pour la création et la reprise d'activité, première porte d'entrée de l'appui à l'ESS de notre territoire.

Dans nos pratiques, nous encourageons le secteur en intégrant des clauses d'insertion dans les marchés publics. Ces derniers ont représenté en 2011 plus de 209 000 heures d'insertion professionnelle pour un budget de 400 millions d’euros.

document.jpgNous sommes allés plus loin en créant un club des acheteurs publics intégrant des clauses d'insertion dans leur appel d'offre. Une structure propice au partage d'expériences et qui « labellise » ces acheteurs engagés.

En ce qui concerne le volet promotion de l'ESS, secteur en mal de visibilité, le Mois de l’ESS est un temps de mobilisation importante ainsi qu'une occasion de mettre à l’honneur des structures particulièrement porteuses. Citons en l’occurrence Artenréel, coopérative d'activités et d'emploi pour les métiers artistiques et culturels, saluée par la commission européenne.

Enfin, un mot sur les initiatives collectives portées par les habitants à l'exemple d'une des premières Régie de quartier créée à la Meinau il y a 20 ans. La CUS souhaite favoriser l’émergence de projets initiés par les habitants et pour les habitants, par la mise en place d’un dispositif de soutien qui pourra constituer un outil au service du développement local et du lien social.

Il y a un peu plus d'un an, Strasbourg et la Communauté urbaine ont mis en place un conseil de l'ESS pour « favoriser le dialogue entre les acteurs de terrain et les collectivités ville et Communauté urbaine et co-construire la politique de l'ESS par l'enrichissement mutuel en termes de connaissances pratiques ». Quel bilan en dressez-vous ?

Tout d'abord, rappelons que le conseil rassemble acteurs de l'ESS, techniciens des collectivités et représentants de la Cres et que ses positions se prennent collégialement. Depuis sa mise en place, le conseil de l’ESS réunit pas moins d’une centaine de participants à chaque rencontre.

A ce jour, il a élaboré une vingtaine de propositions dans une démarche de co-construction. Exemples : l'inventaire via les têtes de réseaux de l’offre de services disponible en termes de métiers, de compétences et de positionnement pour faciliter les réponses à plusieurs aux appels d'offres. Ou encore la mise en place de rencontres thématiques (santé, déchets, technologie de l'information et communication) entre les directions de la CUS et les acteurs de l’ESS.

Des idées qui participent à la structuration de l’ESS, bien loin de la « liste de course » que nous redoutions au départ. Ce que les acteurs souhaitent, c'est d'abord promouvoir ensemble l'innovation entrepreneuriale !

Comment concevez-vous la mission de Benoît Hamon, ministre délégué à l'ESS ? Qu'attendez-vous de ce ministère ?

document.jpgJ'applaudis ce nouveau ministère. L'appui à l'ESS est important et se pose plus particulièrement encore en période de crise. L'ESS apporte des modes de gouvernance, de choix partagés ainsi que des innovations entrepreneuriales qu’on ne peut résolument plus considérer à la marge de l’économie !

Les enjeux d'un appui national au secteur concernent aussi bien le financement que l'extension des clauses de développement durable ou de proximité. Un ministère peut dynamiser le secteur, encourager son déploiement, favoriser son intégration dans les stratégies de développement économique des territoires et faciliter les articulations entre acteurs économiques, acteurs sociaux, et collectivités.

Il peut également peser au niveau européen en faveur d'une conception de service d'intérêt général davantage ouverte à l'ESS.

Crédit photo : Communauté urbaine de Strasbourg