Analyse comparative des performances socio-économiques de l’économie sociale de l’Union européenne
L'Institut Européen de Recherche sur les Entreprises Coopératives et Sociales - EURICSE, le CIRIEC International (Centre International de Recherches et d’Information sur l’Economie Publique, Sociale et Coopérative) et Spatial Foresight publient le rapport Analyse comparative des performances socio-économiques de l’économie sociale de l’Union européenne qui poursuit le double objectif de présenter l'économie sociale d'aujourd'hui sur la base de données récentes et d'identifier des outils méthodologiques et opérationnels pour améliorer la qualité des données.
Selon ce rapport publié par la Commission européenne dans le cadre de l’Axe 5 « Améliorer la reconnaissance de l’économie sociale et de son potentiel » du Plan d’action européen pour l’économie sociale, l'ESS en Europe représente 4,3 millions d’entreprises et d’organisations, 11,5 millions d’employés rémunérés et plus de 912 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
L’étude, publiée en anglais sous le titre « Benchmarking the socio-economic performance of the EU Social Economy: Improving the socio-economic knowledge of the proximity and social economy ecosystem« , fournit des données quantitatives actualisées sur l’économie sociale dans les 27 pays de l’UE ; elle présente également des données qualitatives documentant l’importance de l’économie sociale dans six écosystèmes clés de la stratégie industrielle européenne ( le secteur agroalimentaire, les énergies renouvelables, la santé, les industries culturelles et créatives, le tourisme et le commerce de détail), et souligne la capacité de résilience de l’économie sociale face à la crise du Covid-19.
Le rapport rappelle que la façon dont on appréhende le concept d'économie sociale est très variable d'un Etat membre à l'autre en raison de la diversité des traditions et des racines historiques : "Le concept est pertinent dans les pays ayant une tradition d'interaction fructueuse entre ses composantes, comme la France, la Belgique, le Portugal et l'Espagne. Il n'est pas couramment utilisé dans les pays où les coopératives (en tant qu'organisations promouvant uniquement les intérêts de leurs membres) sont clairement distinguées des associations (Autriche, Finlande, Allemagne, Italie). L'économie sociale gagne en importance dans les pays où elle a fait l’objet d’actions politiques récentes (Croatie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Slovénie et Tchéquie). La faible reconnaissance de l'économie sociale dans les pays d'Europe centrale et orientale est en partie due au fait que les coopératives sont mal perçues, contrairement aux organisations traditionnelles à but non lucratif. Enfin, dans des pays comme Chypre, l'Estonie, les Pays-Bas et la Suède, l'économie sociale peine à trouver sa voie en raison de la prédominance d'autres concepts et approches, notamment l'innovation sociale, l'entrepreneuriat social et la responsabilité sociale des entreprises."
Au moins 11,5 millions de personnes - 6,3 % de la population active - travaillent dans l'économie sociale. Plus de 6,2 millions de personnes (54 %) sont employées dans des associations et 3,3 millions (29 %) dans des coopératives. Parmi elles, au moins 3,3 millions de personnes sont employées dans le secteur de la santé et de l'aide sociale, 702 000 dans l'éducation et 622 000 dans le secteur des arts, de la culture et du divertissement.
Le rapport conclut que l’économie sociale est présente dans tous les États membres de l’UE, mais le degré de reconnaissance des entités de l’économie sociale par les décideurs politiques, le grand public et les organisations elles-mêmes, est très variable d'un Etat à l'autre. La faible visibilité et la sous-estimation du rôle des structures de l’économie sociale s'expliquent en partie par le manque de données et d’analyses statistiques comparables de haute qualité. Actuellement, seuls six pays européens (Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Pologne et Portugal) disposent de statistiques nationales mesurant spécifiquement l’économie sociale.