Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

« Associations et territoires : partenaires particuliers ? » - Tribune du Mouvement associatif
Publié le 29 janvier 2025

« Associations et territoires : partenaires particuliers ? » - Tribune du Mouvement associatif

Tribune publiée le 27 janvier 2025 dans la Gazette des Communes

Face aux coupes budgétaires du projet de loi de finances 2025, les associations, tout comme les collectivités locales, redoutent une année sous haute tension. Le mouvement associatif alerte dans une opinion dans La Gazette des communes sur l'impact d'une baisse des financements, menaçant directement la solidarité et le dynamisme des territoires. "Il est urgent de rétablir un dialogue sincère entre les associations et les pouvoirs publics", martèle Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif.

Alors qu’un nouveau projet de loi de finances pour l’année 2025 est en cours d’examen au Parlement, les associations, à l’instar des collectivités territoriales, se préparent à affronter une année particulièrement difficile. Si les premières versions du budget prévoyaient des coupes drastiques dans presque tous les secteurs où les associations interviennent, la version actuelle s’inscrit dans une logique de continuité, laissant l’austérité s’ancrer durablement dans le tissu associatif.

Au-delà des réductions budgétaires décidées par l’État, les premières annonces de coupes provenant des collectivités territoriales, notamment en région Pays de la Loire, risquent d’avoir des conséquences particulièrement préjudiciables, non seulement pour les associations elles-mêmes, mais aussi pour les territoires qu’elles desservent. En effet, lorsque les associations voient leurs ressources diminuer, ce sont avant tout les bénéficiaires de leurs actions qui en subissent directement les répercussions. Le partenariat solide construit au fil du temps entre associations et collectivités territoriales témoigne pourtant de leur rôle essentiel au niveau local : qu’il s’agisse de compenser les insuffisances de l’action publique ou de contribuer à la redynamisation des territoires. Malgré cela, les choix budgétaires récemment adoptés par certaines collectivités semblent ignorer l’importance cruciale des associations dans la cohésion sociale et le développement local.

Répondre à l’urgence et se retrouver

Lorsqu’une association comme le Secours populaire du Val-de-Marne perd les trois quarts de sa subvention, alors même qu’elle doit faire face à une augmentation de 50 % des demandes, ce sont avant tout ses bénéficiaires qui en paient le prix, empêchant des dizaines de familles de partir en vacances. Quand les Restos du Cœur, qui sont passés de 8,5 millions à 171 millions de repas distribués en près de 40 ans, tirent la sonnette d’alarme sur leurs difficultés, ce sont des familles entières qui risquent de ne plus pouvoir compter sur cette aide essentielle. Lorsque les associations d’aide à domicile alertent sur leurs difficultés, qu’il s’agisse du manque de personnel ou de la concurrence croissante du secteur privé lucratif, cela signifie que les personnes les plus vulnérables se retrouvent en première ligne des conséquences.

Mais les associations ne se limitent pas à répondre aux urgences sociales. Elles sont également des lieux de rencontre et de convivialité, jouant un rôle clé dans l’animation des territoires. Pourtant, alors que le monde entier a salué le succès des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, rendu possible grâce à l’engagement de 45 000 bénévoles, les clubs sportifs doivent aujourd’hui faire face à un engouement inédit des Français tout en voyant leurs budgets diminuer. Plus largement, lorsque les associations ne peuvent plus organiser un festival de musique, animer un centre de loisirs ou créer un espace de vie sociale, c’est toute la vitalité d’un territoire qui est remise en question.

Dans un contexte où les citoyennes et citoyens dénoncent le recul des services publics dans de nombreux territoires, ce sont souvent les associations qui prennent le relais en complément des pouvoirs publics, en mettant l’intérêt général et la non-lucrativité au centre de leurs actions. Lorsque nous tirons la sonnette d’alarme sur cette situation, ce n’est pas par corporatisme, mais parce qu’il s’agit d’un problème grave, avec des conséquences concrètes : des conséquences sociales, économiques et démocratiques.

Une responsabilité collective

Dans une société qui compte 1,5 million d’associations, 20 millions de bénévoles et 2 millions de salarié⸱e⸱s dans le secteur associatif ; dans une société qui ne pourrait fonctionner sans l’engagement et l’action associative – qu’il s’agisse du club de football local ou des interventions internationales des ONG ; dans une société qui a connu des avancées sociales majeures grâce à l’action collective des associations, comme la recherche sur le sida, les politiques en faveur des personnes en situation de handicap, le service civique, la défense de l’environnement, ou encore la défense des droits ; dans une société qui s’appuie sur les associations pour répondre à des besoins sociaux peu ou mal pris en charge ; dans cette société, nous ne pouvons pas nous contenter de dresser des constats accablants et alarmants sur l’état des financements et des libertés associatives sans nous mobiliser massivement.

Les collectivités territoriales sont des partenaires essentiels du monde associatif. Pourtant, la question du financement illustre une tendance préoccupante : les associations sont trop souvent considérées comme de simples opérateurs. La baisse des financements, le recours croissant à la commande publique au détriment des subventions, ainsi que les restrictions croissantes des libertés associatives témoignent de cette dérive. Il est urgent de rétablir un dialogue sincère entre les associations et les pouvoirs publics afin de relever ensemble les défis actuels.

Il est de notre responsabilité collective de garantir aux associations les moyens d’agir efficacement et durablement. Ce qui touche les associations nous concerne toutes et tous !

- Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif et sociologue