Citiz Idf Ouest, l’autopartage qui associe ESS & économie collaborative
Citiz IdF Ouest est un service d'autopartage crée en 2011 à Cergy-Pontoise. Si la marque commerciale Citiz est connue des habitants, la société coopérative qui la porte l'est moins. Auto2, société coopérative d'intérêt collectif, compte aujourd'hui deux salariés. Entretien avec Julien Besnard, son directeur.
_ Quelle est l’origine de la société Auto2 ?
Fin 2009, une association de préfiguration avait permis de rassembler les personnes intéressées par la création d'un service d'autopartage à Cergy-Pontoise. En 2011, dès que l'activité a débuté, nous avons souhaité passer sous statut de société commerciale, mais en conservant le principe « une personne égale une voix» : le statut SCIC s'est donc imposé naturellement. Auto2 est membre du réseau national Citiz 16" target="_blank">] qui regroupe quinze opérateurs locaux indépendants, dont la majorité est sous statut coopératif.
Qui sont les sociétaires de la SCIC ?
Nous avons démarré avec une petite trentaine de sociétaires, uniquement des particuliers. Aujourd'hui nous comptons 87 sociétaires dont environ 40% d'utilisateurs du service [17], 40% de membres de soutien. Certains de nos partenaires sont également sociétaires : le réseau Citiz, quatre CIGALES [18] et neuf collectivités [19]. Ce multi-sociétariat permet la mise en réseau des acteurs et des rencontres entre habitants et élus.
Comment est organisée la gouvernance ? Quelle est la place occupée par les collectivités ?
Nous sommes organisés en 6 collèges : utilisateurs, salariés, membres de soutien, collectivités, partenaires CITIZ et partenaires ESS.
Les collectivités locales sont généralement représentées par les élus au Développement Durable. Un tiers est vraiment actif dans la coopérative et fait bien plus que venir à l'assemblée générale. Un tiers vient régulièrement aux réunions, et le dernier tiers ne vient pas du tout. C'est une question de personne, de convictions, mais aussi de temps disponible... Il faut souligner que pour une collectivité, l'achat de parts sociales donne davantage de droits qu'une subvention : accès aux comptes, droit de vote à l'assemblée générale... Et à terme, la collectivité a la possibilité de récupérer son capital, ce qui n'est pas le cas pour une subvention !
Après cinq années d'existence, quel est votre modèle économique ?
En ce qui concerne notre cœur d'activité, l'autopartage pour les particuliers, on facture à l'heure et au kilomètre, et il faut que la voiture sorte tous les jours pour être rentabilisée. Concrètement, il nous faudrait le double d'utilisateurs pour que l'activité soit rentable. Mais dès 2013 nous avons fait le constat que les habitudes sont longues à changer et que l’augmentation du nombre d'utilisateurs serait plus lente que prévu...
C'est pour cette raison que nous nous sommes positionnés sur des marchés publics : la marge effectuée dans ce cadre permet de financer les pertes de l'autopartage grand public. En outre la mise à disposition de véhicules électriques pour des demandeurs d'emploi est une activité qui a une véritable plus-value sociale. Cela nous intéresse vraiment et nous commençons à réfléchir à comment prolonger le partenariat au-delà du marché.
Êtes-vous en concurrence avec des opérateurs commerciaux d'autopartage ?
Pas réellement car ces sociétés s'installent prioritairement sur les zones à forte densité que sont les grosses agglomérations. Nous, Auto2, sommes attachés à notre territoire, et souhaitons défendre l'intérêt collectif : nous pouvons nous positionner lors de réunions publiques, pour parler de la réduction du nombre de places de parking, par exemple face à des demandes de promoteurs immobiliers, ou sur les zones 30…
Quel soutien attendez-vous des collectivités locales ?
De manière générale, la meilleure façon de nous soutenir c'est d'utiliser nos véhicules !
L'achat de part sociales est un geste politique important, il marque le soutien de la collectivité, mais il reste insuffisant. Les collectivités sociétaires ont chacune une part sociale, soit neuf parts sur les 225 que compte la Scic. Cela représente 2 700 € de capital.
Nous souhaiterions que les collectivités s'engagent sur une garantie d'exploitation, qui nous assure un niveau d'activité suffisant et permette de créer de nouvelles stations.
En effet notre expérience nous montre que lorsqu'on installe une nouvelle station, il faut de 6 à 18 mois pour qu'il y ait suffisamment d'abonnés.
Comment envisagez-vous l'avenir de votre scic ?
On a démarré il y a cinq ans, c'est jeune dans le réseau CITIZ ! L'expérience cumulée du réseau nous apprend que ce sont les coopératives les plus anciennes qui travaillent le mieux avec les collectivités… Construire des partenariats prend du temps.
Nous sommes actuellement en questionnement sur le changement d'échelle. Comment passer de 15 véhicules à 50 ou 60 ?
N'oublions pas que la population de l'Île-de-France est supérieure à celle de la Suisse ! Il y a un vrai travail à faire sur la sensibilisation aux enjeux de la mobilité durable !
Pour en savoir plus : idf-ouest.citiz.coop/