Faire que les sommes dépensées localement servent à faire vivre le territoire
Les 16, 17 et 18 fév 2011 à Lyon se sont rassemblés scientifiques et praticiens des monnaies sociales et complémentaires du monde entier. Rencontre avec une participante, Françoise Lenoble, coprésidente de l'association Agir pour le vivant, à l'initiative de la monnaie complémentaire Abeille à Villeneuve-sur-Lot (Lot et Garonne).
30 ans d’expérimentations sur tous les continents, il était temps de faire émerger plus franchement les intérêts multiples de ces outils de valorisation des échanges.
Avec d’un côté des projets locaux aux vertus éducatives mais qui peinent à trouver leur pérennité, et de l’autre, des approches technologiques à la recherche d’utilisateurs motivés, le rapprochement est amorcé.
Quels sont les principes de la monnaie abeille ?
La monnaie abeille a vu le jour en janvier 2010. Cette monnaie veut dynamiser les échanges commerciaux locaux et renforcer le lien social tout en réduisant l’empreinte écologique. Pour payer ses courses en abeille, il faut adhérer à l'association puis changer ses euros en abeille dans l'un des comptoirs de change selon un taux de 1 abeille = 1 euro. Les consommateurs peuvent ensuite utiliser l'abeille dans les structures membres du réseau. Les abeilles reçues en paiement seront à leur tour utilisées localement auprès d'autres commerçants du réseau et même de fournisseurs locaux.
A quels questionnements veut répondre la mise en place de l'abeille ?
Dans le cadre des réflexions de l'association, nous nous interrogions sur le thème de l'argent. Nous nous sommes aperçus que les sommes dépensées localement ne servaient pas à faire vivre la communauté mais quittaient le territoire. Nous souhaitions donc mettre en place une action qui puisse redynamiser le commerce local, limiter le transport et l'impact environnemental de nos achats. L'objectif de cette monnaie est de permettre aux habitants de prendre conscience du rôle de la monnaie et de leur donner un levier d'action.
Quelles retombées avez-vous observées ?
En une seule année, le travail effectué est considérable. Une cinquantaine d'entreprises très diverses jouent le jeu : alimentation, coiffure, médecine douce, hôtellerie, restaurants... Certaines proposent même des réductions sur les paiements en abeille. Soixante à cent personnes utilisent l'abeille. Elles ont échangé jusqu'à 300 euros en abeille en début de mois. Créer ce réseau a permis à des structures locales de se connaître mieux et de développer des partenariats commerciaux. Par exemple, une entreprise qui fabrique du pain d'épice bio se fournit aujourd'hui localement, auprès d'un producteur de céréales biologiques.
Quels sont les soutiens des collectivités locales ?
Nous avons reçu le soutien des élus locaux, notamment de la municipalité mais aussi du conseil régional et général. Nous ne bénéficions pas de subvention pour le moment mais la municipalité met un local à notre disposition et nous fonctionnons intégralement grâce à une équipe de bénévoles. Nous réfléchissons à des partenariats avec le CCAS et le centre culturel de Villeneuve-sur-Lot pour développer l'utilisation de cette monnaie.
Comment imaginez-vous la suite de votre projet ?
Il est très important de continuer à travailler les liens de proximité que génère la monnaie entre les entreprises entre elles, et entre ces entreprises et les utilisateurs. Cela implique d'être fortement présent pour maintenir une dynamique et la développer. Le projet repose donc sur une motivation et une détermination forte de l'équipe. Après une année de pratique, nous avons plein de projets pour développer les utilisations de ce dispositif et organiser des évènements autour de cette monnaie.
Pour plus d'informations :
agirpourlevivant.org
monnaiesendebat.wordpress.com