L’ESS : un patrimoine toujours vivant à Pessac
Si Pessac est surtout connu par ses vignes et châteaux (Haut Brion, Pape-Clément) et le campus universitaire, cette ville (58.000 habitants) de l'agglomération bordelaise a vu se développer de nombreuses et anciennes initiatives dans le champ de l'ESS.
Ainsi, au sortir de la seconde guerre mondiale 150 jeunes ménages y ont bâti la plus importante cité Castors de France. Emblématique initiative citoyenne, les « Castors » se paient encore aujourd'hui le luxe de produire leur propre eau potable. En tant qu'élu, j'accompagne l'association syndicale dans la réhabilitation de la Maison des Castors afin d'en faire un lieu de la mémoire ouvrière et des valeurs solidaires qui ont fondé la Cité.
Les acteurs de l'IAE sont également très présents à Pessac. Au sein de la Maison de l'Emploi et de l'Insertion, une dizaine de structures dont le GARIE (coordination régionale des SIAE) se battent au quotidien pour faire émerger des possibilités d'insertion professionnelle. En s'appuyant sur ces opérateurs, le PLIE des Sources et la clause sociale des marchés publics, la ville a généré en 2008 10.500 heures de travail en faveur de ses chercheurs d'emploi.
La commune compte également cinq crèches et jardins d'enfants à gestion parentale. Pas loin d'un record au regard du nombre d'habitants !
Lors du précédent mandat, Jean-Michel Monmège, mon prédécesseur a créé « les Rencontres de l'Economie Solidaire ». Lieu d'échanges entre experts, acteurs de terrain et citoyens engagés, ces Rencontres co-animées par le SEL Gabare ont été à l'origine de nouvelles initiatives : Terre d'ADELES et CATA 33.
CATA 33 est un collectif d'achat de terres agricoles. Ce réseau est parvenu à acquérir 10 hectares d'une excellente terre. CATA 33 loue ses terres à un jeune paysan qui les exploite en bio et livre le réseau local des AMAP.
A l'origine Terre d'ADELES devait être une AMAP. Mais, l'histoire en a voulu plus ! Les promoteurs de cette Association pour le Développement d'Echanges Locaux Equitables et Solidaires ont favorisé l'installation d'une maraichère sur la commune. Mieux, ils l'ont salariée. Ainsi est né le Jardin d'ADELES. En 2007, la ville a mis à disposition de Terre d'ADELES 2,5 hectares et une subvention de 135.000 € en investissement pour constituer l'un des plus grands jardins partagés de France. Ce jardin est à la fois lieu de production maraîchère (près de 6 tonnes de légumes produits en 2009), vitrine du jardinage au naturel (pas de chimie, pas de motorisation sauf pour la pompe à eau !), espace de convivialité, support d'actions d'insertion et pépinière d'initiatives solidaires. Ainsi, l'association rassemble 200 familles autour de 8 AMAP et un SEL. Le mariage du Jardin et du SEL d'ADELES a donné d'heureux Jardiniers SELidaires qui partagent les cultures à raison de deux par semaine et bénéficient des paniers de légumes au quart du prix. Le CCAS de Pessac co-finance cette opération. Outre une dizaine de Jardiniers SELidaires et désormais cinq salariés, sont associés aux cultures les familles bénéficiaires des paniers de légumes dans le cadre de chantiers collectifs, des Jeunes en service civil volontaire via le réseau Uniscité et d'autres via des chantiers éducatifs co-pilotés par la ville et Action Jeunesse, son club de prévention. Fort de cette expérience, Terre d'ADELES participe à l'animation de quatre autres jardins partagés pessacais et vient de se voir confier la mission de lancement d'un jardin communautaire sur une autre commune.
En épaulant fortement cette association, la commune a concrétisé son engagement en faveur de l'économie solidaire et d'une agriculture de proximité tout en confortant un remarquable outil de pédagogie en faveur du développement durable. Elle a également permis à l'un des initiateurs de l'aventure de confronter ses valeurs à l'expérimentation. C'est ainsi que je peux aujourd'hui signer cet article en tant qu'Adjoint au Maire chargé des Espaces Verts, des Modes de vie durable et de l'Economie solidaire.
Thierry Hofer