« L’ESS , une économie du quotidien et de l’innovation sociale »
Député Nouveau Centre depuis 2002, Francis Vercamer est l'auteur d'un rapport sur l'Economie Sociale et Solidaire, remis au Premier Ministre le 28 avril 2010. Investi sur les sujets à caractère social, il a choisi de rejoindre le Réseau des Territoires pour l'Economie Solidaire (RTES) à travers la ville de Hem (Nord), dont il est le Maire depuis 1998.
_ Quelles sont les raisons de votre adhésion au RTES ?
Au delà de l'adhésion aux valeurs du secteur, rejoindre le RTES c'est intégrer un lieu d'échanges d'informations et d'expériences au moment où notre ville développe une politique de soutien au secteur.
Quelles sont les actions entreprises par votre commune ?
Hem se caractérisait déjà par un réseau associatif très dense et des initiatives collectives, comme l'ouverture d'une épicerie solidaire, il y a quelques mois. Nous sommes sur le point de mettre en place une action d'ampleur autour de la création d'activité et du micro-crédit en partenariat avec le programme Parcours Confiance porté par la Caisse d'Epargne. Il s'agit de construire un parcours d'accompagnement pour tous les porteurs de projets en leur proposant accompagnement, parrainage et micro-crédits. Je souhaiterais que ce projet aille plus loin encore avec la création d'un hôtel d'activités pour ces nouveaux créateurs. Cette initiative s'inscrit dans un programme plus vaste de rénovation urbaine où l'ESS a un rôle essentiel à jouer, par sa capacité à innover et à créer de la richesse, des emplois et du sens.
Un an après la remise de votre rapport, quel premier bilan faîtes-vous?
Mon rapport n'est pas une fin en soit, ce n'est qu'une étape. Il recense les initiatives susceptibles de valoriser cette économie encore méconnue et peu comprise du grand public. Je me suis également attaché à ne pas opposer l'ESS et l'économie classique. Je souhaite une diffusion des valeurs de l'ESS à l'ensemble du monde économique. A ce titre mon rapport pourrait être le point de départ d'un processus d'élaboration d'une grande politique de développement de l'ESS.
Quelles sont les premières mesures qui s'en inspirent ?
Une des premières mesures techniques a été la réforme du Conseil supérieur de l'ESS qui accueille maintenant des élus et des administrations de l'État. Les nombreuses commissions qui se sont réunies depuis cette réforme ont déjà commencé à élaborer des propositions. L'une d'entre elles, présidée par Claude Alphandéry, travaille notamment sur la construction d'un référentiel de ce qui caractérise l'ESS, c'est la première étape vers l'éventuelle création d'un label. Plusieurs mesures devraient également être inscrites dans le cadre de la prochaine loi sur la simplification administrative : simplifier la création des SCIC, faciliter la reprise des entreprises par les salariés, avant la mise en liquidation et en utilisant leurs indemnités de licenciement. Enfin, en vue de l'élaboration d'une loi cadre sur l'ESS, une communication sur l'économie sociale et solidaire devrait être faite en conseil des ministres dans les semaines à venir.
Quel serait l'objectif d'une loi cadre ?
Nous aimerions que le texte se rapproche de la loi sur l'économie sociale récemment adoptée en Espagne. Elle permettrait de donner une plus grande visibilité au secteur pour le public et éviterait l'émiettement des mesures ESS dans un ensemble de lois sans lien cohérent entre elles. Elle pourrait également permettre de mieux travailler avec les administrations, notamment Bercy, en facilitant la création d'une direction dédiée à l'ESS. Aujourd'hui le développement de l'ESS est porté principalement par les collectivités locales, notamment les régions. Mais l'ESS, est un secteur économique à part entière, qui mérite l'engagement de tous, et notamment celui de l'État, moins présent sur cette thématique depuis quelques années.
Que pensez-vous d'initiatives comme celle des Etats généraux de l'ESS ?
Tout ce qui peut concourir à une meilleure visibilité de l'ESS et à la diffusion de ses valeurs me semble positif. Nous avons besoin de dépasser une tendance à la multiplication d'évènements locaux de taille moyenne pour aller vers de grands évènements, visibles pour le grand public à travers les médias nationaux. L'ESS doit sortir de cette image d'une économie de la réparation et montrer ce qu'elle est : une économie du quotidien et de l'innovation.