Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

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Publié le 15 décembre 2021 - mis à jour le 16 décembre 2021

Le modèle coopératif, une solution pour dépasser le rapport de subordination exercé sur les VTC et livreurs à domicile

Dimanche 28 novembre, un collectif de plus de 500 chauffeurs Uber se sont réunis à l’hôtel de ville de Saint-Denis pour entériner leur projet de création d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) pour contrer le modèle de la plateforme Uber et le rapport de subordination qu’ils subissent. Les statuts de la coopérative devraient être déposés début 2022.

Alors même que ses statuts ne sont pas encore déposés, la future coopérative est d'ores et déjà soutenue par la ville de Saint-Denis, où se situera le siège social, par l'Ademe et par le département de Seine Saint-Denis, qui a officialisé une prise de participation à l'actionnariat de l'entreprise à hauteur de 25 000 euros. Ces soutiens sont rendus possible par le statut SCIC (collectivité qui peut intégrer un collège d'actionnaires qui aura autant de voix au conseil d'administration que le collège des salariés).

Les chauffeurs reprochent au géant américain de ne pas leur permettre de vivre convenablement, en leur imposant le prix des courses, et surtout d'exercer un rapport de subordination en déconnectant de la plateforme les chauffeurs qui refusent un certain nombre de courses par exemple.

521 chauffeur.euse.s (dont environ 30 % habitent en Seine-Saint-Denis) ont déjà payé les 300 euros nécessaires pour entrer au capital de la future société. Selon Brahim Ben Ali, secrétaire général de l'Intersyndicale nationale VTC (INV), à l'origine du projet de SCIC, plus de 1 000 autres ont déjà manifesté leur intérêt. 

La future entreprise, qui n'a pas encore de nom, n'a pas vocation à concurrencer Uber directement. Elle compte sur des courses commandées à l'avance par des entreprises et collectivités, notamment à l'occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024. Brahim Ben Ali précise chercher activement le soutien d'autres collectivités françaises, et assure notamment être en discussions avec la Ville de Paris.

Cette actualité est à relier avec la création de la première Maison des Coursiers de Paris, qui a ouvert ses portes à Barbès dans le 18e arrondissement. Pensé comme un "lieu de repos" pour les livreur.euse.s et coursiers, l'établissement propose un local pour se poser, manger, idéalement se doucher, mais aussi des ateliers associatifs pour aider les travailleurs dans leurs démarches quotidiennes.

Cette initiative est portée par Barbara Gomes, adjointe du Maire du 18ème arrondissement, chargée des innovations numériques socialement responsables, partant du constat que les livreurs de nourriture à domicile étaient souvent des personnes précaires et qu'ils se voient de plus en plus refuser les toilettes des restaurants qu'ils livrent.

La Maison des Coursiers est gérée au quotidien par CoopCycle, une fédération de coopératives de livraison à vélo, et n'aura donc aucun lien avec les plateformes Uber Eats, Deliveroo ou Just Eat. Elle sera financée temporairement par la Mairie de Paris, le temps que "les plateformes numériques de travail assurent d'endosser leur rôle d'employeur avec toutes les obligations sociales et sanitaires que cela implique" signale Barbara Gomes, avec l'espoir que la Maison des Coursiers disparaisse, ou qu'elle soit gérée par les plateformes au titre d'employeur. L'initiative en est à ses débuts, mais pourrait servir d’expérimentation pour d’autres maisons à Paris et dans d’autres villes intéressées.

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