Le RTES à Dakar au GSEF, forum mondial de l'économie sociale et solidaire
Le RTES était présent à Dakar pour le forum mondial de l’économie sociale. Après Séoul, Montréal, Bilbao, Mexico, c’est l’Afrique qui accueille cette année le GSEF, un évènement pour le continent, pour la capitale et pour l’économie sociale.
A l’heure des bouleversements majeurs de notre monde, de l’essoufflement de la planète face aux abus du système capitaliste, l'idée de penser un autre modèle est de plus en plus partagée et des milliers d’acteurs associatifs, économiques, gouvernements locaux et nationaux s’y emploient. En faisant du passage des économies informelles à une économie sociale, solidaire et collective le fil rouge du forum, il s’agit de s’intéresser à l’économie pour tous.
Plus de 6000 personnes ont participé à cette 6ème édition du GSEF ouverte par le président de la République sénégalaise Macki Sall, le Maire de Dakar, Barthélémy Dias, le Maire de Bordeaux et président du GSEF Pierre Hurmic et le coordonnateur du Forum dakarGSEF2023 et directeur du RACTES Malick Diop.
Une délégation d’une vingtaine d’élu.e.s française s'est rendue à Dakar, représentant de grandes métropoles comme Bordeaux, Toulouse, Rennes, de territoires ultra marins avec des représentants de Mayotte mais aussi des territoires ruraux comme le PETR du Pays de Langres, la Région Nouvelle-Aquitaine, le département de la Gironde.
Les défis d’un monde plus durable sont internationaux. Il faut penser les transformations et faire sens ensemble, de l’échelle mondiale au plus petits territoires. C’est le sens de ce forum et la présence du RTES à celui-ci. Quelques jours après l'adoption de la Résolution de l'ONU sur « La promotion de l’économie sociale et solidaire au service du développement durable », le GSEF de Dakar était l'occasion de penser concrètement la mise en oeuvre de cette recommandation, signe d'une reconnaissance internationale de l'ESS au plus haut niveau.
6000 participants venus de 70 pays et 270 villes ont participé au forum mondial de l'ESS DakarGSEF2023 où 10 plénières et 90 ateliers étaient organisés.
Les Actes du Forum Mondial de l'ESS DakarGSEF2023 sont à retrouver en cliquant ici
Retour sur la journée du jeudi 4 mai :
Le seul fait d’avoir une matinée complète consacrée aux discours et interventions de Ministres et la présence du Président de la République sénégalaise, dit quelque chose des enjeux en cours pour la reconnaissance de l’ESS et de ses avancées. Sans naïveté sur le chemin qui reste à parcourir et sur les risques de récupération, ni sur la capacité caméléon du capitalisme dominant, il faut aussi savoir chausser des lunettes roses parfois pour voir que les choses bougent un peu. L’accélération du changement climatique, la crise sanitaire, les guerres et surtout la guerre en Europe nous aident et bousculent le sentiment d’un ordre établi. Ce fonds de décor était très présent dans les interventions des uns et des autres et dans les ateliers. Que les maires de grandes villes comme celle de Dakar et encore Bordeaux affirment que l’ESS est une voie de développement, et qu’un président de la République souligne l’enjeu de contraindre les institutions financières, ce n’est pas si anecdotique.
Les ateliers auxquels le RTES a participé ont confirmé ce questionnement, cette ligne de crête.
Que ce soit autour de l’agriculture durable pour tous, autour des économies informelles (occasion pour le RTES de présenter ses travaux : Economie informelle & ESS, enjeux et leviers d'action pour les collectivités locales), autour de l’enjeu de la mise en réseaux des acteurs, de l’économie numérique, des enjeux transversaux mais aussi et surtout des exemples locaux ou plus globaux, une question ressort de manière récurrente : Comment bousculer les cadres juridiques, les conventions, modifier les cadres officiels pour que l'ESS devienne une économie mainstream? Le forum de Dakar est l'occasion de constater que peu à peu, les rapports de force évoluent.
Retour sur la journée du vendredi 5 mai :
Suite à la plénière des Maires et gouvernements locaux ayant rassemblé 17 maires et élu.es locaux, le RTES animait l'atelier Comment développer les réseaux nationaux de collectivités engagées pour le développement de l'ESS ? Avec les témoignages de Monique AYI, maire de Dzeng et présidente du REMCESS, le réseau des maires camerounais pour l'ESS, Soonhee Lee, maire de Gangbuk-gu et administratrice du SSEGOV, le réseau coréen des gouvernements locaux pour l'ESS et Patricia Andriot, conseillère communautaire pays de Langres et vice-présidente du RTES, le réseau français des collectivités territoriales pour l'ESS.
La diversité des expériences montre à la fois une diversité de pratiques selon le niveau de structuration de l’ESS dans chaque pays, une diversité de configuration selon le niveau de décentralisation notamment, mais aussi des fonctions communes qui peuvent prendre une importance différente selon les configurations nationales : échanges de pratiques et interconnaissance, défense du rôle des collectivités auprès des Etats et gouvernementaux nationaux, services aux collectivités et acteurs, …l’importance de la contextualisation de chaque pays est vraiment à prendre en compte. L’histoire des différents réseaux montrent que ceux-ci sont souvent partis de petits noyaux qui ont essaimés.
Les leviers évoqués pour développer les réseaux de collectivités sont la formation :
- Formation des fonctionnaires et formation des élus /Corée, France
- Production de services – mise en place de coopératives /Cameroun
- Appui et conseils aux collectivités /France
- Production de ressources , de documents, faire savoir, partager de l’information /Cameroun, Corée, France
- Co-construction des politiques avec l’Etat, Playdoyer/ Corée et France
Suites aux retours d'expériences des réseaux de collectivités engagées pour l'ESS du Cameroun, de Corée et de France, des échanges avec les participants se sont engagés autour des questions suivantes : Pourquoi et comment développer des réseaux nationaux de collectivités locales pour l’ESS ? Y a-t-il des dynamiques à l’œuvre dans votre pays pour la structuration d’un réseau de collectivités locales pour l’ESS ? Quels seraient vos besoins pour engager la structuration de tels réseaux ? Quelles articulations entre les échelles nationales, continentales et internationale ?
Les échanges riches avec les participants, et notamment avec la faitière des Communes du Togo (FCT), des représentants de collectivités territoriales béninoises et tunisiennes et canadiennes, témoignent de dynamiques et d'intérêts pour la constitution de réseaux nationaux de collectivités pour l'ESS, de la volonté de développer les échanges entre ceux-ci et de la volonté de s'inscrire dans le cadre du GSEF pour ce faire.
Le RTES participait ensuite à l'Assemblée générale du GSEF qui se tenait à l'hôtel de ville de Dakar. Occasion de faire le bilan de l'année écoulée et de présenter les -nombreux- chantiers et groupes de travail à venir au sein de ce réseau international. Enthousiasmant ! Occasion aussi de voter, à l'unanimité, pour la tenue du prochain forum mondial de l'ESS à Bordeaux en 2025 !
Retour sur la journée du samedi 6 mai :
La journée du samedi s'est ouverte par la plénière des organisations internationales et stratégies pour l'ESS, avec Antonella Noya, OCDE - Directrice de l'Unité sur l'Economie Sociale et l'Innovation au Centre pour l'entrepreneuriat, les PME, les régions et les villes, Sabelo Mbokazi, Union Africaine - Directeur de la Division, Travail, Emploi et Migration, Sifa Chiyoge, Directrice Générale Afrique de l'Association Internationale des Coopératives, Chantal Line Carpentier, présidente de l'UNTFSSE, cheffe du bureau du Secrétaire Général CNUCED New-York, Guy Tchami, Spécialiste Politique et Recherche Coopératives à l'OIT, Alain Coheur, Membre du CESE animée par Denis Stokkink, Think Thank Pour la Solidarité et Thierry Jeantet, Président d'Honneur d'ESS Forum International. Occasion de rappeler les dernières étapes d'un momentum international en faveur de l'ESS avec notamment les adoptions des recommandations de l'OCDE, de l'OIT et l'adoption de la résolution de l'ONU. Les différentes organisations ont également présentées les feuilles de route à venir afin de concrètement mettre en application ces résolutions de haut-niveau.
Suite à plusieurs séances d'ateliers, riches en partage d'expériences de collectivités et structures de l'ESS internationales, la journée s'est clôturée par la présentation des déclarations du pré-forum jeun'ESS, du pré-forum Femm'ESS et du forum principal. Déclarations que nous partagerons dès que celles-ci seront en ligne. Pr. Sambou Ndiaye, enseignant-chercheur à l'Université de saint-Louis, Barthélémy Dias, maire de Dakar, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux et président du GSEF et Victorine A. Ndeye, Ministre de la Microfinance et de l'Economie sociale et solidaire du Sénégal ont ensuite appeler l'ensemble des participants à poursuivre la dynamique engagée durant ces 6 jours de forum, à se mettre au travail et à oser porter de grandes ambitions pour l'ESS. Le rendez-vous est pris pour le futur forum du GSEF : il aura lieu à Bordeaux en 2025.