Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Publié le 11 avril 2016

PTCE EcoPAL, d’une démarche entrepreneuriale vers un projet de territoire

Sur l'île de la Réunion ce sont 20 000 tonnes de palettes non consignées qui sont importées tous les ans. Leur destinée : être broyées puis enfouies. Mais depuis quelques mois des acteurs privés réunionnais se sont rassemblés au sein du PTCE EcoPAL pour transformer la « palette déchet » en « palette minerai ». La palette, futur symbole de l'économie circulaire réunionnaise ? Peut-être si les acteurs publics et privés de l'île s'autorisent à expérimenter de nouveaux modèles économiques.
Rencontre avec Franck Da Silva, l'un des fondateurs d'EcoPAL.

Une démarche de mutualisation entrepreneuriale et économique...
A l'origine du projet se trouve Initiative OI, une association de consultants [20] qui compte parmi ses clients des structures pour qui la palette est un enjeu économique. Pour l'entreprise AC2V, spécialiste de la gestion des déchets, les palettes non consignées représentent une charge financière conséquente : elles sont stockées avant d'être détruites puis enfouies. Pour les Palettes de Marguerite, association d'insertion, elles sont la matière première - rare et précieuse – pour créer meubles et objets du quotidien. Nous avons donc travaillé au rapprochement de ces deux structures en proposant aux Palettes de Marguerite de s'installer chez AC2V et ainsi bénéficier d'une ressource abondante mais aussi du savoir-faire et de l'outillage professionnel d'AC2V.

… qui se structure et accélère en devenant PTCE
Après cette première démarche de mutualisation, et alors que nous travaillions à la formalisation de nos coopérations, nous avons eu connaissance de l'appel à projets PTCE. Les délais étaient courts mais nous avons saisi l'occasion pour faire avancer notre propre démarche de structuration.
PTCE, ESS… ces termes ne faisaient pas partie de notre culture mais nous nous sommes alors aperçus que notre démarche reposant sur une problématique d'entreprises rencontrait les enjeux du territoire concernant la gestion des déchets et l'emploi. La Dieccte [21] et la Cress nous ont accompagnés sur l'ingénierie et le montage du projet et en janvier 2016 notre candidature est retenue. EcoPAL devient officiellement un PTCE.

Portage singulier et soutien public limitédocument.png
Aujourd'hui c'est Initiative OI qui porte juridiquement le PTCE et lui alloue des moyens humains notamment pour le démarchage commercial. La subvention de 80 000 € pour 3 ans obtenue de l'appel à projets PTCE va nous permettre de financer partiellement l'animation et le développement du PTCE et ainsi alléger le temps de travail bénévole des membres du groupement. Nous allons devoir trouver d'autres soutiens publics pour compléter ce financement car pour le moment, à la différence de la plupart des autres pôles en France, nous ne comptons aucune collectivité locale parmi nos partenaires. Néanmoins, la labellisation a suscité leur intérêt et elles commencent à nous solliciter.
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Un besoin de collectivités prêtes à expérimenter...
Nous espérons que de nouveaux partenariats émergeront de ces contacts. Nous voulons poursuivre notre développement dans l'esprit entrepreneurial qui a présidé à notre création. Nous aimerions que notre PTCE soit le cadre d'expérimentations de ce que pourrait être une économie circulaire réunionnaise. Plutôt que par des subventions, nous souhaiterions que les collectivités locales nous soutiennent via des contractualisations expérimentales offrant des débouchés aux produits proposés par EcoPAL.
Par exemple il est compliqué pour nous de répondre à des appels d'offres sur du mobilier urbain en bois : dans un souci a priori louable de durabilité, la durée de vie du matériel acheté par la collectivité doit en général dépasser 5 à 6 ans. L'essentiel est donc importé depuis la métropole avec un coût élevé pour la collectivité et peu d'impact local sur l'emploi.
Le mobilier urbain que nous proposons - en bois de palettes non traité - a une durée de vie de 2 à 3 ans, mais nous assurons l'entretien et le remplacement des biens dégradés. Le coût direct pour la collectivité est identique voire moins élevé, et l'impact sur l'emploi local et l'environnement est incomparable. Nos propositions sont au cœur des nouvelles formes d'entrepreneuriat : économies circulaire et de la fonctionnalité.

… mais aussi de partenaires privés
Cette capacité à expérimenter que nous demandons aux collectivités, nous la demandons également aux acteurs privés. Nous démarchons de grandes entreprises qui vendent des meubles pour les convaincre de la nécessité d'innover et de proposer en complément à leur offre classique – importée – une offre de mobilier produite localement. Ces entreprises ont souvent des cahiers des charges très contraignants dont elles ont parfois du mal à s'extraire. Pour démarrer, des espaces de dépôt-vente sauraient nous satisfaire : ils nous permettraient déjà de sensibiliser les entreprises et leurs clients !

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