SET : Reprise en Scop, et après ?
En 2012, les projets de reprise d'entreprise en Scop ont souvent fait la Une des médias. En Haute-Savoie, c'est l'entreprise Smart Equipment Technology (SET), spécialisée dans les équipements d’assemblage de composants microélectroniques de haute précision, qui a connu les feux de l'actualité. Au terme d'une bataille judiciaire et médiatique de plusieurs mois, la Cour d'Appel de Chambéry a validé le projet de reprise en Scop par les salariés face au projet du groupe international Kulicke & Soffa (KnS). Dix mois après que devient SET ? Entretien avec Pascal Metzger son nouveau PDG.
_ Comment se porte SET 10 mois après la reprise en Scop ?
Tout va bien ! 2013 sera une bonne année, avec un chiffre d'affaires qui devrait avoisiner les 8,5 millions d'euros. Toutefois, nous restons prudents compte tenu du contexte international : SET est très exposée aux éventuels soubresauts de l'économie mondiale en général et de l’industrie du semi-conducteur en particulier, puisque 90 % de notre chiffre d'affaires se fait à l'export. Il faut savoir que notre entreprise était déjà rentable les années précédentes, mais que nous avions subi les difficultés économiques et les choix de gestion plus qu’hasardeux de notre maison mère de l’époque.
Comment est née l'idée de reprendre votre entreprise en Scop?
L'idée de la Scop est venue très vite, le sujet était alors à la mode dans les médias avec notamment l'exemple de Sea France. Mais lorsque nous évoquions cette hypothèse avec nos interlocuteurs d'alors, les réactions étaient plutôt négatives : la capitalisation serait insuffisante, le statut Scop rendrait plus difficile le développement de nos activités... Nous avons alors exploré d'autres montages financiers, avec investisseurs extérieurs, notamment industriels, mais en gardant l'idée de faire entrer au capital les salariés volontaires. C'était pour nous un gage donné aux investisseurs sur la motivation des équipes en place et une source d’émulation supplémentaire des salariés. Il s'agissait également d'avoir un droit de regard sur les décisions prises par un futur repreneur. Mais les différentes pistes explorées n'ont pas abouti. Nous sommes donc revenus à l'idée de départ : reprendre en Scop et nous nous sommes alors tournés vers l'Urscop Rhône-Alpes.
Comment avez-vous été accompagnés dans votre projet ?
Le rôle des équipes de l'Urscop a été essentiel. Après avoir procédé à un audit poussé de la situation de SET, elles ont pris en charge l'ensemble du montage juridique et financier. Cela nous a laissé la liberté de rester centrés sur nos compétences et notre savoir-faire : activité et stratégie de l'entreprise mais aussi maintien de relations commerciales avec nos clients. En deux mois et demi, le tour de table financier était bouclé [113] et le dossier de reprise complet déposé auprès de l'administrateur judiciaire en temps et en heure. Notre projet permettait de reprendre l’essentiel des actifs de SET, sans reprendre les dettes, et assurait le maintien de 37 emplois sur les 42 existants. Le rôle de l'Urscop a été décisif et son accompagnement se poursuit encore aujourd'hui.
Quel a été le rôle des collectivités locales dans ce processus ?
Il n'y pas eu d'interventions directes des collectivités locales, mais l'Urscop a mobilisé des outils financiers, comme Transméa [114], qu'elles soutiennent. Le soutien moral et politique des élus, également sollicités par l'Urscop, a accentué notre exposition médiatique, qui nous a sans doute aidés à gagner devant la Cour d'Appel de Chambéry.
Comment est organisée votre coopérative ?
Sur les 37 salariés, 31 ont pris des parts sociales dans la Scop, ce qui nous permet de détenir plus de 99 % du capital [115]. Le Conseil d'administration de notre SA Scop compte 10 membres élus parmi les 31 associés. Le CA est élu pour 6 ans, renouvelable par moitié tous les 3 ans. C'est le CA qui élit le PDG, également pour un mandat de 6 ans. Lors au passage en Scop, nous avons diminué le nombre d'échelons hiérarchiques et réduit l'échelle des salaires. L'une des premières mesures de la nouvelle équipe dirigeante a par exemple été de revaloriser les salaires les plus bas de l'entreprise.
Comment vous sentez-vous dans votre nouvelle famille ESS ?
Certains d'entre nous connaissaient l'économie sociale et solidaire mais cela semblait loin de nos préoccupations. Maintenant, nous nous y intéressons d'un peu plus près, même si ce n'est pas un sujet que nous évoquons au quotidien... Quoiqu'il en soit, il me semble que les principes que s'appliquent les acteurs de l'ESS relèvent simplement du bon sens économique. Ils permettent une gestion plus saine et apaisée d'une entreprise en respectant les intérêts des salariés tout autant que celui de l'entreprise en tant que telle.
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