« Notre priorité : la reprise en scop des entreprises en difficultés »
Geneviève Gaillard occupe la vice-présidence du groupe d'étude sur l'Economie sociale et solidaire à l'Assemblée nationale. Vétérinaire de formation, elle a été élue députée en 1997 et maire de Niort en 2008. Elle nous apporte son double regard d'élue locale et nationale sur l'ESS. Entretien.
La présence de l'ESS sur le territoire est forte et ancienne. Aujourd'hui quels sont les enjeux du soutien public à ce secteur ?
Niort est en effet une place historique de l'ESS en France. Elle accueille aujourd'hui les sièges de grandes mutuelles d'assurance et compte également plus de 500 associations et de nombreuses coopératives. Le secteur ESS est donc exceptionnel par sa densité et son poids économique sur le territoire. C'est un secteur qui se confronte aussi au contexte économique global : une concurrence forte des groupes financiers internationaux en matière d'assurance, une baisse des financements publics et un manque de reconnaissance de la spécificité du secteur dans le développement économique local. La ville de Niort soutient l'ESS en encourageant la structuration du secteur et la création d'entreprises et d'emplois.
Quelles sont vos actions de soutien à l'ESS ?
Une des priorités de notre politique actuelle est la reprise d'entreprises en difficulté par les salariés sous statut coopératif. Après la faillite de la Camif, nous avons appuyé la création de l'Elan Coopératif Niortais, une association d'anciens salariés, qui a pour objet d'appuyer la création ou la reprise d'entreprises en Scop ou Scic. Elle a, par exemple, aidé des salariés de la Camif à relancer le restaurant de l'entreprise. Nous travaillons aussi au développement d'entreprises créatives et l'ESS niortaise, par la place qu'elle occupe déjà dans le monde de la culture, a un rôle essentiel à tenir dans cette aventure. Nous avons par exemple soutenu la Scop Les Matapeste qui est chargée de la gestion et de l'animation du Patronage Laïque, des locaux municipaux mis à la disposition des acteurs niortais du spectacle vivant. En partenariat avec la Cres Poitou-Charentes et la communauté d'agglomération, nous cherchons également à renforcer les réseaux par la création d'une maison de l'ESS couplant l'hébergement de structures et l'accompagnement de projets émergents.
A une échelle nationale, pouvez-vous nous éclairer sur le rôle du groupe d'étude ESS à l'Assemblée nationale ?
Ce groupe d'étude a une mission de veille sur les textes législatifs en préparation pour s'assurer qu'ils prennent en compte les particularités de l'ESS. Nous avons également pour mission de faire connaître et de valoriser ce secteur économique auprès de nos collègues députés. Notre groupe explore certains sujets ou thématiques en lien avec l'actualité du secteur. Ces derniers mois, nous avons par exemple travaillé sur le rapport de Francis Vercamer.
Pensez-vous que l'ESS parvienne progressivement à se faire mieux connaître ?
Des initiatives nationales comme les Etats Généraux de l'ESS n'ont que peu de retombées en termes de notoriété auprès du grand public. Faire connaître et reconnaître le secteur repose pour beaucoup sur le travail des acteurs au quotidien, dans leur mobilisation en proximité, dans la gestion et l'animation des projets et des équipes. Les élus, à leurs places, peuvent avoir un rôle démultiplicateur par les politiques mises en oeuvre. S'inscrire dans un réseau comme le RTES prend ainsi tout son sens, c'est un accélérateur pour nos projets. Il permet de s'assurer, de confronter nos idées, de s'inspirer des expériences d'autres collectivités, bref d'innover collectivement.
Visitez ici le site de la ville de Niort : http://www.vivre-a-niort.com/