Marie-Christine Guillemin, Vice-présidente de la région Picardie en charge de l’ESS, des circuits-courts et du commerce équitable
Marie-Christine Guillemin vient d'être élue pour la première fois sur la liste régionale d'Europe Ecologie. Assistante commissaire au compte, elle est impliquée depuis de nombreuses années dans la vie associative de l'Oise. Elle souhaite que son mandat soit l'occasion de faire avancer les politiques régionales en faveur du développement durable.
Quelle image avez-vous de l'économie sociale et solidaire ?
Ma vision de l'ESS s'inspire d'une expression de Claude Alphandéry du Labo-ESS, une économie ancrée sur un territoire et attachée aux quatre piliers du développement durable. Les débats sur les frontières de l'ESS qui agitent à nouveau le secteur depuis le début de l'année sont importants. Nous devons nous mettre d'accord sur un socle de valeurs communes. Certaines sont déjà largement partagées : le fonctionnement démocratique, le sens de l'intérêt général, le partage des excédents, le développement local. La notion de statut n'est pas essentielle pour moi même si le statut Scop offre des garanties intéressantes. Pourquoi ne pas réfléchir à la création d'un label ? Pour autant il ne faut pas que nous passions toute notre énergie dans ces débats et ces travaux théoriques. Il est essentiel d'agir et de proposer du concret. Le mot d'ordre de notre mandat sera l'expérimentation.
Quelle place occupe l'ESS en Picardie ?
Notre région a été fortement touchée par la crise de ces derniers mois, la situation sociale est très préoccupante. Le secteur de l'ESS a pour le moment été moins touché, probablement grâce à l'utilisation différente qui est faite des bénéfices. Aujourd'hui la branche du secteur la plus visible est l'insertion par l'activité économique. Nous voulons montrer que l'ESS ne se résume pas à l'insertion, elle doit être un facteur de développement économique. Il existe par exemple une Scic en plein essor qui travaille au développement de la filière bois énergie. La région appuie le développement des circuits-courts avec les Amaps et la vente directe. Nous sommes pour le moment confrontés à des problèmes d'accès au foncier pour les jeunes qui souhaitent s'installer en maraîchage. Nous travaillons également à étendre le principe des circuits-courts à l'artisanat notamment dans le cadre des actions visant à développer le tourisme régional.
Un an après l'adoption d'un Plan régional de développement de l'ESS (PRDESS), où en est sa mise en oeuvre ?
La région a non seulement adopté le PRDESS mais aussi permis aux acteurs de l'ESS d'accéder à tous les outils du développement économique régional. La réforme en cours des collectivités territoriales, par la menace qu'elle fait peser sur nos finances, nous a contraint à revoir à la baisse les ambitions budgétaires du PRDESS. Nous allons néanmoins poursuivre sa mise en œuvre par des politiques ciblées dont nous évaluerons régulièrement l'impact. Nous voulons changer l'image du secteur en communiquant par des exemples concrets en direction du grand public mais aussi des professionnels. Par exemple pour accroître le nombre de Scop, nous travaillons avec l'Urscop, Pôle Emploi et les chambres consulaires pour favoriser les reprises d'entreprises par les salariés et nous communiquons en direction des jeunes pour leur faire connaître cette forme d'organisation. Dans le cadre de l'agenda 21, nous essayons de donner l'exemple en développant le recours aux clauses sociales et environnementales dans les marchés publics.
Dans votre région, le département de l'Oise est également très impliqué dans le développement de l'ESS, quelles sont vos relations avec les autres collectivités locales ?
Nous devons renforcer notre travail partenarial. Des relations existent déjà et nous avons des outils comme le Fond Régional d'Aide au Pays (FRAP) qui sur ses lignes développement durable peut être utilisé pour développer l'ESS. Nous réfléchissons aussi à la mise en place d'une centrale d'achats avec les autres collectivités pour développer nos achats locaux. Le travail en réseau est dans les gènes de l'économie sociale et solidaire. Des réseaux comme le RTES permettent de mutualiser les expériences. Je serais par exemple très intéressée par des analyses comparées d'expériences similaires menées sur plusieurs territoires. On gagnerait sûrement en temps et en efficacité.
Pour en savoir plus sur l'ESS en Picardie.
Retrouvez ici le Plan régional de développement de l'ESS.