L’appui à la reprise en coopérative : l’exemple de la Région Bretagne et de la SDAB Mareyage à Morlaix
En novembre 2008, l’entreprise de mareyage haut de gamme la SDAB est mise en liquidation judiciaire. Confiant dans le potentiel de leur entreprise, une partie des salariés entame un processus de reprise / redémarrage sous un statut Scop. Gaël Guegan et Christine Mercier de la Direction de l'entreprise, des filières et de l'innovation sociale de la Région Bretagne reviennent sur les soutiens de la Région à ce projet.
Quelle était la situation de la SDAB avant sa renaissance en Scop ?
La Société de distribution et d'approvisionnement de Bretagne (SDAB) était spécialisée depuis 1977 dans la préparation et la vente de poissons nobles et de crustacés haut de gamme auprès d’une clientèle principalement composée de restaurateurs et de traiteurs. Elle a compté jusqu'à 70 salariés, mais en 2006, l'entreprise connaît des difficultés en raison d'un investissement immobilier important coïncidant avec un ralentissement de l'activité. En novembre 2008, le Tribunal de commerce de Morlaix prononce la liquidation judiciaire de l'entreprise. Un premier projet de reprise en Scop portée par plusieurs salariés n'aboutit pas car une partie des créanciers n’est pas prête à effacer ou à restructurer leurs créances. Les repreneurs sont renvoyés d'un interlocuteur à l'autre et quand une difficulté s’aplanit, une autre surgit.
A quel moment et comment la Région Bretagne est intervenue ?
Les quinze salariés engagés dans la reprise en Scop ayant rencontré à plusieurs reprises des élus et les acteurs de la création et de la reprise d'entreprises, et notamment l'Union régionale des scop, les services de la Région ont été informés de la situation et se sont saisis du dossier. Nous avons alors mené un travail de sensibilisation en direction des banques et des acteurs de la création qui craignaient que, le temps passant, les clients se soient tournés vers d’autres fournisseurs. A l’issue d’un tour de table, plusieurs réseaux se sont engagés à soutenir la future Scop. France Initiative, à travers son relais local Triangle Initiatives, a octroyé un prêt d'honneur aux associés pour conforter leurs apports personnels. France Active, par l'intermédiaire de Bretagne Développement Initiatives, a apporté sa garantie sur les prêts bancaires. Bretagne Capital Solidaire, une société de capital risque dont la Région détient 48 % des parts et qui intervient sur des projets à vocation sociale et environnementale et créateurs d'emploi, s'est engagé à prendre des parts dans la future Scop. D'autres acteurs comme la Socoden ou le Crédit coopératif se sont aussi mobilisés. Enfin, la Région a voté une aide directe de 30 000. Cette intervention régionale était déterminante pour lever les dernières réticences et la SDAB Mareyage a redémarré en août 2009 sous le statut de Scop SA au capital de 165 000 €.
Quelles premières conclusions tirez-vous de cette intervention d’accompagnement de reprise en Scop ?
Cette action de la Région n’est pas une première ! En 2005, la Région Bretagne était déjà intervenue avec des aides directes pour faciliter la reprise en Scop des Aciéries de Ploërmel. Aujourd’hui, il nous parait nécessaire de constituer un cadre pérenne de concertation et de coordination entre acteurs pour faciliter l’émergence de projet de même nature. Le cas de la SDAB nous a confirmé l'importance cruciale du travail partenarial entre acteurs de l'ESS et de l'économie classique pour réussir ce type d'opération. Cela a bien fonctionné parce que l'ensemble des acteurs s’est fortement mobilisé sur ce projet. Nous devons créer les conditions rendant cette implication quasi automatique. Nous réfléchissons à la structuration des réseaux au plus près des territoires. Cela passe par la poursuite de notre soutien à l'Urscop. Une première convention de partenariat pluriannuelle a permis la mise en place d'un délégué dans chaque département ouvrant un travail en proximité avec les réseaux de création et de reprise d'entreprises. D’autres pistes se dessinent. Comme celle d’un outil qui associerait étroitement le financement et l’accompagnement, et qui pourrait par exemple, aider la constitution d’apports au capital de futurs coopérateurs confrontés à des difficultés financières, ou celle concernant la sensibilisation du Conseil économique et social de la région Bretagne ou encore des acteurs syndicaux aux opportunités de la reprise en Scop.
Vous pouvez retrouver ici le reportage de France 2 diffusé le 31 octobre 2009.