« Notre projet de création d'un Fablab fibres et textile symbolise un autre modèle économique » - Entretien avec Florence Presson
Florence Presson est adjointe au maire de Sceaux, en charge des Transitions, de l’économie circulaire et solidaire. Elle revient pour nous sur les grands axes de son action à Sceaux et notamment sur le projet emblématique de Fablab fibres et textile.
Quels sont les grands axes de votre action pour le développement de l’ESS à Sceaux ? Quels liens développez-vous avec l’économie circulaire et plus largement avec la transition écologique et solidaire ?
Lors du précédent mandat, nous avions un conseiller municipal délégué à l’ESS, Othmane Khaoua, qui avait permis d’inscrire officiellement l’ESS et d’experimenter des actions, dans une logique de défricheur, avec :
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la création d’un partenariat avec le groupe SOS pour la plateforme « Up Sceaux », réseau social des acteurs positifs et engagés,
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l’organisation de forums de l’ESS annuels,
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plusieurs conventions signées avec des structures de l’ESS, principalement des starts-ups,
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un fort lien développé avec les universités (près de 10 000 étudiants étant présents à Sceaux),
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et la création d’un tiers-lieu d’innovation et d’émulation «Sceaux Smart ».
La délégation à l’économie circulaire est apparue également lors du précédent mandat. À l’aune de ce nouveau mandat, nous avons souhaité promouvoir une démarche globale autour de modèles économiques alternatifs.
Nous développons un projet emblématique, qui rejoint notre définition d’une économie circulaire et solidaire, symbole d’un autre modèle économique, avec la création d’un Fablab fibres et textile. Ce beau lieu, propriété de la Ville et situé en plein coeur de ville, sera ouvert à partir d’octobre 2021. Son aménagement sera réalisé à partir de matériaux de récupération ou de mobilier récupéré auprès d’entreprises. L’inauguration sera intégrée dans le programme d’évènements de l’éco-organisme EcoTLC Refashion. La réflexion sur ce lieu s’est faite dans le cadre d’un groupe de travail rassemblant des associations, des citoyens volontaires et tirés au sort d’âges et de milieu social divers, au sein de notre Comité consultatif des Transitions.
Ce sera un lieu ouvert au grand public, qui aura accès à des machines performantes, trois demi-journées par semaine, dont l’animation sera effectuée par des acteurs qui, en contrepartie d’une animation d'une demi-journée, bénéficieront d’une mise à disposition exclusive du lieu une demi-journée. Pour d’autres utilisateurs, la contrepartie sera plutôt financière, il s’agit pour eux de simuler des activités professionnelles au sein de ce Fablab. Par exemple, nous avons un groupe de jeunes qui souhaite monter une marque dans le domaine du textile. La ville est également facilitatrice en les mettant en relation avec des structures ou personnes pouvant les accompagner sur leur modèle économique.
Ce Fablab réunira donc un écosystème d’acteurs, il y aura même un accès pour certaines écoles, un accompagnement par des professionnels, la vente possible de produits dans un hall d’exposition. C’est pour nous un projet à visée systémique, qui vient donner une cohérence à l’ensemble de nos actions. Il y a ainsi des actions que nous allons retravailler pour les intégrer dans cet écosystème cohérent : le forum de l’ESS, les conventions signées, le forum des stages à destination des jeunes souhaitant se rapprocher de structures de l’ESS.
La ville a également facilité le partage d’un lieu : la « maison éphémère des transitions », partagée par une AMAP, la Ruche qui dit oui, et une ressourcerie. La cohabitation entre ces trois structures est pilotée par la ville, en essayant de faciliter la mise en réseau.
Nous continuons par ailleurs à mener d’autres actions en interne :
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sur nos achats publics circulaires et solidaires, en développant des critères dans les appels d’offres de la ville. Une quinzaine de techniciens de la ville sont en train d’être formés à la commande publique responsable. Sceaux est également partie prenante depuis 3 ans d’un groupe de travail de l’Institut de l’économie circulaire, avec l’Obsar, les Canaux et la Métropole du Grand Paris.
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la création d’un pôle « transitions » au sein des services, dans lequel est intégrée la chargée de mission ESS, qui auparavant était un peu isolée.
Nous avons également accompagné le vice-président à l’économie circulaire, collaborative, sociale et solidaire de la Métropole du Grand Paris, Xavier Lemoine, afin de rattacher l’économie circulaire et solidaire à la direction du développement économique, avec la volonté de l’inscrire comme une alternative au modèle économique actuel.
Au sein du RTES [NB: Florence Presson est administratrice du RTES depuis 2020], je porte également l'importance du renforcement des liens entre économie solidaire et économie circulaire. La récente signature de la convention entre le RTES et France urbaine, et les travaux engagés avec la commission « Economie circulaire & ESS » de France urbaine, vont sans aucun doute permettre de travailler sur ces liens.
Crédit photo : P. Boren