Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Rapport moral - Mahel Coppey - Assemblée générale 2024 du RTES
Publié le 12 juillet 2024 - mis à jour le 2 septembre 2024

L'ESS et les territoires pour gagner les combats de demain !

Ces dernières semaines ont été intenses et les prochaines semaines sont loin d’être sereines, mais nous pouvons collectivement nous réjouir d’avoir échappé au pire.

Au-delà de la diversité de nos engagements politiques, nous avons su appeler collectivement à la mobilisation contre l'extrême droite. Notre réseau de collectivités est attaché à défendre la vision d'une société basée sur la démocratie, la solidarité, le respect et la place faite à toutes et tous. Je suis convaincue que l'Economie Sociale et Solidaire (ESS) est une des réponses incontournables et qu’elle doit être collectivement renforcer pour porter des solutions du quotidien pour construire une société juste et écologique. L’ESS est politique parce qu’elle redonne espoir en notre capacité de faire société.

Les défis sont immenses, et peuvent même parfois paraître vertigineux. Si la prise de conscience de l'urgence climatique s'accélère, les crises s'enchaînent, nous bousculent et nous bouleversent. Face à la perte de sens, de repères, la méfiance généralisée, le sursaut démocratique de dimanche est un signe rassurant, mais nous savons que le plus dur est devant nous.

Le contexte politique reste inquiétant avec bien sûr une absence de majorité à l’Assemblée nationale mais surtout un pays profondément divisé. Pour la séquence qui s’ouvre, notre mobilisation reste absolument nécessaire, pour faire en sorte que l’économie sociale et solidaire soit notre cap collectif pour une transition juste dans nos territoires. Nous devons continuer à nous mobiliser collectivement avec les acteurs de l’ESS pour faire en sorte que les milliers d’initiatives citoyennes concrètes pour une transition écologique et solidaire soient reconnues à leur juste niveau.

Parce que nous l’expérimentons chaque jour et bientôt plus de 20 ans, nous savons à quel point l’ESS permet de régénérer l’action publique dans nos territoires. Plus participative, plus horizontale, en co-construction avec la société civile, elle donne toute sa puissance à nos politiques publiques au plus proches des habitantes et habitants dans les territoires.

Dans la situation que nous connaissons aujourd’hui, l’ESS doit prendre toute sa place et faire sa part. D’abord parce que le contexte d’une Assemblée nationale sans majorité va obliger cette institution à se réinventer pour sortir de l’impasse et donc sortir des cadres des clivages classiques. L'ESS peut et doit inspirer ce nouveau modèle de travail parlementaire grâce à son expertise à travers la recherche du bien commun et ses pratiques coopératives. Mais au delà de la « mécanique » ou de la forme, l’ESS doit s’imposer aussi pour jouer un rôle majeur et répondre sur le fond aux enjeux d'une crise politique qui est tout autant économique, sociale que démocratique.

Plus essentiellement, c’est en s’appuyant sur la société civile des « engagés », c’est-à-dire de celles et ceux qui dans les collectifs citoyens, les associations, les syndicats, les entreprises sont résolument tournés vers l’autre et l’avenir. Celles et ceux qui ont déjà pris des virages essentiels pour bâtir les transformations nécessaires de notre société. C’est en renforçant notre appui, notre soutien à ces engagé.e.s du quotidien, ancré.es dans la réalité de nos territoires, qu’on pourra conjurer solidement et durablement la catastrophe annoncée. C’est par un maillage de proximité de ces projets portés par les acteurs de l’économie sociale et solidaire que nous pouvons sortir des logiques de digues ou de remparts pour dessiner à l’encre de ces solutions concrètes une nouvelle trajectoire porteuse d’espoir dans les territoires.

Il devient impératif d’emprunter une troisième voie, entre Etat et marché, celle défrichée par l’économie sociale et solidaire, qui s’appuie sur la mobilisation citoyenne, répare les fractures territoriales en faisant le pari de la coopération, répond aux besoins sociaux et prend en charge la transition écologique, tout en impulsant les mutations nécessaires de notre modèle économique.

A nous de saisir ce moment pour réinstaurer un dialogue de confiance entre l’Etat et les collectivités, favoriser l’engagement des collectivités, en partant de la réalité quotidienne des Françaises et des Français et de leurs attentes, pour une transition écologique juste en apportant les moyens à la hauteur des enjeux pour les acteurs de l’ESS.

Enfin, je souhaite vous partager ma fierté de présider ce réseau qui depuis plus de 20 ans agit au quotidien pour accompagner nos collectivités en proposant des ressources, de la mise en lien, de l'expertise juridique, en contribuant à la valorisation des initiatives de nos territoires, et en faisant entendre la voix de collectivités engagées, à l'échelle locale, nationale et européenne. Au-delà de cette conviction et du travail que nous menons chaque jour dans nos territoires, notre engagement au sein du RTES et les actions menées sont fondamentales, pour montrer, expliquer, raconter, pour inspirer et s’engager.

Merci à vous pour votre mobilisation.

Mahel Coppey, présidente du RTES