"Redynamiser les centres-bourgs par la coopération" - table-ronde à Châtellerault le 27 mai 2019
Plus de 90 personnes ont participé à la table-ronde organisée par la Communauté d'Agglomération du Grand Châtellerault en partenariat avec le RTES sur la thématique "redynamiser les centres-bourgs par la coopération". L'occasion de montrer comment les méthodes de l'ESS peuvent favoriser le développement économique local.
Après l'ouverture des travaux par Lucien Jugé et Pascale Moreau, conseillers communautaires du Grand Châtellerault, Michel Bouchaert, gérant de la SCOP ExtraCité, a présenté quelques éléments de méthodes de coopération de l'ESS. En voici quelques points saillants :
Face aux problématiques de vacance commerciale en centres-bourgs (concurrence du e-commerce, des centres commerciaux en périphérie,...), un mouvement de relocalisation de la production et de la consommation notamment alimentaire et une prise de conscience autour des circuits courts s'opèrent actuellement, dans le contexte du plan gouvernemental "action coeur de ville".
La coopération apporte des éléments de réponses aux difficultés rencontrées par les commerces en centres-bourgs :
• Face à la multiplication par dix en 20 ans des coûts d'installation d'une activité économique en centre-ville, la coopération permet de partager les coûts, d'être viable économiquement sans chercher forcément la rentabilité.
• Face aux nombreuses cessations d'activités et absences de reprises lors de départs à la retraite notamment, la coopération des acteurs de l'ESS permet d'assumer les risques à plusieurs, en ne reprenant pas une activité en silo mais en développant plusieurs activités complémentaires, économiques mais aussi sociales, touristiques, culturelles, apportant de l'animation et des flux de personnes en centres-villes. D'autant plus que les acteurs de l'ESS sont marqués par leur fort ancrage territorial.
Comment faire pour développer la coopération et faire face à ses faiblesses ?
• Pour les collectivités territoriales, cela suppose un changement de posture, d'une attitude dirigiste à un rôle de facilitateur dans la co-construction avec les acteurs locaux, en ayant recours davantage aux appels à manifestation d'intérêt qu'aux seuls appels à projets par exemple. À noter également, l'importance de garder une certaine maitrise foncière en centre-ville afin d'avoir des marges de manoeuvre opérationnelles.
• Reconnaître que les projets coopératifs, basés sur une gouvernance démocratique, nécessitent beaucoup de temps pour se mettre en place, mais cela permet ensuite d'aller plus loin et d'assurer la pérennité des projets (taux de pérennité à 1 an supérieur des créations d'activités ESS par rapport aux activités économiques classiques).
• Face à la frilosité des banques classiques à financer des projets coopératifs, les acteurs de l'ESS peuvent faire appel aux banques coopératives, aux fonds de confiance et fonds d'innovation coopérative, au financement participatif, aux CIGALES, mais aussi aux collectivités qui peuvent notamment entrer au capital des SCIC. Faire appel à cet écosystème d'acteurs permet de les mobiliser ainsi que les habitants sur le projet et d'en assurer la pérennité à long terme.
• Mobiliser des statuts juridiques tels que la SCIC et ces différents collèges de sociétaires, qui permettent de marier les intérêts individuels, collectif et général.
• Développer les monnaies locales complémentaires, qui si elles touchent surtout des consommateurs déjà engagés à soutenir les commerces de proximité et n'apportent pas forcément plus de chiffre d'affaire, permettent de renforcer les liens entre les entreprises, entre commerçants et fournisseurs locaux notamment.
Une table-ronde "L'ESS au service du développement économique local et du dynamisme territorial", animée par le RTES, a été l'occasion de présenter plusieurs initiatives (plus d'informations à venir) :
- La boutique éphémère de créateurs portée par la coopérative d'activité et d'emplois ACEASCOP à Loudun,
- La Smalah, café associatif de Saint-Julien en Born,
- La friperie "Frip & froc" basée sur le réemploi portée par la structure d'insertion par l'activité économique AUDACIE à Châtellerault.
En conclusion de cette demi-journée, une restitution visuelle a été réalisée par Isabelle Coirier et Alexandra Som d'Actes & Sens.
En lien avec cette thématique, retrouvez les fiches Déniché pour Vous du RTES sur la SCIC Villages Vivants et le pôle ESS Anima à Calais.
Le RTES consacrera sa prochaine lettre papier à la contribution de l'ESS à la redynamisation des centres villes.