S’initier au collectif et à la coopération par le compagnonnage du réseau Repas
Depuis 15 ans le Réseau d'échanges et de pratiques alternatives et solidaires (Repas) accueille des jeunes souhaitant découvrir une autre manière de créer et travailler ensemble. Démarche originale entre formation et accompagnement de projets, le compagnonnage du Repas est aujourd'hui menacé par le désengagement de collectivités locales. Rencontre avec Yann Sourbier, directeur du Centre de formation le Mat qui porte, pour le Repas, le dispositif de compagnonnage.
Comment est né le réseau Repas ?
Le Repas est né en 1994 de l'envie d'une trentaine d'entreprises alternatives de se rencontrer et d'échanger régulièrement. Ces structures aux activités et statuts différents se retrouvent autour d'une philosophie commune : l'expérimentation de nouveaux rapports au travail et à l'argent et une volonté de participer au développement solidaire d'un territoire. Le Repas est un réseau informel rassemblant aujourd'hui une cinquantaine d'entreprises. Nous nous retrouvons deux fois par an sur le lieu d'activité d'un des membres et autour d'une thématique que ce dernier propose. Par exemple nous avons pu échanger sur la transmission du projet, la propriété collective, l'engagement sur le territoire, l'accueil de nouveaux associés, l'usure des équipes... C'est l'occasion de mieux se connaître, de débattre autour de problématiques concrètes rencontrées par les membres du réseau. Et c'est d'ailleurs à l'occasion d'une de ces rencontres bi-annuelles que l'idée du compagnonnage est née.
Comment fonctionne ce dispositif d'accueil de compagnons ?
Notre idée initiale était de sortir d'une logique de « l'achat de compétences sur le marché du travail » pour aller vers l' « association de partenaires ». Nous étions par ailleurs l'objet de nombreuses sollicitations pour accueillir des stagiaires, effectuer des présentations de nos activités... Nous avons donc choisi de mutualiser ce travail de sensibilisation à nos valeurs en mettant en place un dispositif d'accueil de toutes ces personnes intéressées par nos projets. Aujourd'hui, nous accueillons annuellement une quinzaine de personnes pendant 4 mois. Le compagnonnage du Repas associe des temps collectifs rassemblant les compagnons et leurs formateurs, des immersions individuelles dans les entreprises du réseau et des temps de projets autogérés en petites équipes de 6 ou 7. Cette alternance fait la richesse du compagnonnage et permet aux jeunes accueillis d'avancer dans leurs projets. Plus de 160 compagnons ont été accueillis et un grand nombre d'entre eux ont rejoint des entreprises du réseau ou ont développé leurs propres projets. Le comité de pilotage du dispositif compte maintenant 5 anciens compagnons. Un réseau des anciens compagnons s'est constitué et se réunit régulièrement. Après 15 ans d'existence, le bilan est positif tant pour les compagnons que pour les entreprises accueillantes qui animent une véritable coopérative de formation, d’accompagnement et de réflexions sur les territoires.
Quels sont vos relations avec les collectivités locales ?
Après une première année financée par l'État, nous avons pu bénéficier de financements de la région Rhône-Alpes de 1998 à 2007 dans le cadre de la formation continue.
En 2008 nous avons sauvé la formation par le bénévolat et en 2009 nous avons obtenu le soutien de l'Europe via le Massif Central et les régions Auvergne et Limousin. Mais en 2010 et 2011, seule la région Limousin continue à nous soutenir dans le cadre d'une convention pluriannuelle. Cette situation nous pose de très sérieuses difficultés économiques menaçant la pérennité du dispositif si une solution n'est pas trouvée avec les administrations régionales. En attendant, nous recherchons des financements auprès de fondations privées. Notre dispositif qui s'inscrit à la fois dans l'ESS, le développement durable et la formation professionnelle pâtit peut-être de cette transversalité. Paradoxalement, nous bénéficions d'un soutien politique. Les élus marquent leur intérêt pour ce compagnonnage Repas qui facilite l'installation de jeunes et d'activités économiques dans des territoires ruraux. Et ces activités créent souvent une dynamique forte avec la population.
Pour en savoir plus sur le Réseau Repas et sur son compagnonnage.