« S’unir pour impulser .....des politiques publiques d’économie solidaire
- L’Economie Solidaire, une co-construction entre politiques publiques et mouvement social
Abdou SALAM FALL, Président du RIPESS, a marqué d’emblée sa reconnaissance de l’initiative du Réseau des Territoires de l’Economie Solidaire, de mettre sur orbite Luxembourg 2009 en œuvrant à l’ancrage territorial de l’Economie Solidaire, et en replaçant la perspective de cette économie au cœur des politiques publiques. En s’inscrivant dans le prolongement des résolutions prises à Lima en 1997, puis à Québec en 2001, la Commission Internationale de liaison du RIPESS– avait, au lendemain de Dakar 2005, bien campé les enjeux en indiquant deux éléments majeurs : d’abord, amener les Etats centraux et locaux à nommer l’Economie Sociale et Solidaire comme une priorité de développement. Et deuxièmement, à œuvrer pour influencer positivement les politiques publiques. Pour cela, il est nécessaire d’adresser et d’asseoir les principes des modalités de coproduction des politiques publiques. Il ne nous faudra pas perdre de vue, insistait- t-il , que ce sont les politiques publiques encore plus dans les pays du Sud, qui participent à devenir la fabrique de la précarité...Inversement, l’Economie Sociale et Solidaire vise à donner du sens aux actes de tous les jours, à construire des nouveaux rapports entre consommateurs et producteurs et à montrer que l’entreprenariat coopératif participe autrement à créer des richesses pour le plus grand nombre.
-[Eric LAVILLUNIERE, Chargé de direction à INEES, l’Institut Européen de l’Economie Solidaire – basé au grand duché de Luxembourg, interpellait les participants : » On n’arrête pas de dire que « c’est formidable ce que l’on fait » : mais comment se fait-il que l’on est toujours si petit et si peu reconnu ? Il y a certainement une multiplicité de raisons ». La première à relever, a-t-il expliqué est que l’on a tendance à vouloir « nous mettre dans des cases trop restrictives, par exemple, l’implication qui voudrait que l’Economie Solidaire soit l’inclusion sociale, ce que les Français appellent l’insertion par l’activité économique. Certes, la mission de l’Economie Sociale est bien de créer des emplois pour tous et que chacun trouve sa place dans la société. Cependant, il ne s’agit pas uniquement de travailler sur leur employabilité, mais bien de construire un secteur d’activité à part entière et de ne pas faire de distinction entre des chômeurs qui n’auraient pas les qualités, ou n’auraient pas fait les efforts nécessaires pour s’inclure dans la société traditionnelle ».]
-Anne Ferreira, Député européenne, Présidente de l’intergroupe Economie sociale du Parlement Européen rappellait que l’Intergroupe a pour objet de faire reconnaitre l’Economie Sociale par les institutions européennes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui dans les traités. Un projet de référendum de l’Economie Sociale a été développé qui rappelle les valeurs de cette économie. Le document comporte des propositions et est remis à chaque présidence. Elle a fait remarquer que les acteurs de l’économie Solidaire comptent beaucoup sur la future présidence française à partir de juillet au vu du fort impact de l’Economie Sociale en France pour peser au niveau européen : L’Economie Sociale en Europe représente 10% des emplois et 10% des entreprises.
-Gabriela CALVACANTI CUNHA, représentante de Paul SINGER, Secrétaire d’Etat à L’économie Solidaire au Brésil a indiqué qu’il est important de construire une politique publique spécifiquement adressée à ce secteur de l’économie, et en même temps, une politique publique transversale en tant que stratégie de développement. Au Brésil, la logique de développement n’est pas de se substituer à la logique prédominante mais de créer « un autre espace pour une autre logique, pour ceux qui ont choisi ce chemin de la solidarité, de résultats partagés, de la démocratie dans leurs activités économiques ». Sur 52% du territoire brésilien, 22 000 entreprises solidaires sont dénombrées, ce qui représente 1.8 millions travailleurs dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du commerce. Aujourd’hui, dans ce pays, le défi de l’économie solidaire est de sortir de projets isolés, afin de construire des actions structurelles et une législation spécifique adaptée.
Que devient l’aide au pays du Sud ? Ram OUEDRAOGO, Ancien Ministre et député au Burkina Faso a resitué la problématique réelle des pays du Sud. Au Burkina Faso, les secteurs prioritaires sont l’éducation et la santé, la pauvreté extrême, l’eau, l’emploi… or le pays est petit avec peu de ressources et dépend beaucoup de ses partenaires extérieurs. Pourtant, on constate que les paysans ne reçoivent pas les milliards d’euros qui sont affectés au pays. L’aide solidaire est avant tout d’aider à retrouver toutes ces sommes cachées dans les banques occidentales… Aujourd’hui, le Burkina Faso a 1,5 milliard de dettes extérieures : « Si nous en avons la moitié, nous pourrions résoudre la question du chômage, créer des emplois, moderniser notre agriculture, et favoriser l’accès à l’eau dans ce pays ».
Développer d’autres relations de coopération Nord-Sud
-Jean-Philippe MAGNEN, Vice-président du Réseau des Territoires pour l’Economie Solidaire, Conseiller communautaire de Nantes Métropole a affirmé que l’Economie sociale et solidaire n’est pas un secteur d’activité à chiffrer en comparaison d’un modèle d’économie classique mais un projet de développement sur des modes de gestion. Pour rendre lisible cette approche, on est obligé de parler de nombres d’emplois, de nombres d’entreprises… Pourtant, cette Economie Sociale et Solidaire plus qu’un modèle économique à part entière, est un projet politique. Concernant la coopération internationale, Il va falloir passer une étape: la ville de Récif a 1.5 millions d’habitants ; Nantes représente 280 000 habitants, le budget municipal est identique. Au-delà du financement de projets sur chacun des pays – souvent du Nord vers le Sud – « comment peut-on développer d’autres relations de coopération Nord-Sud, pour quel développement communautaire – quelles logiques politiques mettre en œuvre s’inspirant de la façon dont la société civile s’est organisée ? ».